De nouveaux projets d’étude pour les scientifiques tchèques en Antarctique

La station Johann Gregor Mendel

Une équipe de seize scientifiques tchèques de l'Université Masaryk de Brno est arrivée il y a quelques jours sur l’île James Ross, en Antarctique, pour leur 15e mission sur le continent de glace. Avant d’arriver sur place et de reprendre leurs recherches, ils ont dû suivre un protocole sanitaire strict. Longtemps épargné par la pandémie, l’Antarctique n’est toutefois plus « Covid-free » depuis qu’à la mi-décembre un foyer infectieux de 36 personnes a été détecté sur une base militaire chilienne.

La mission scientifique tchèque se rend toujours à la même période dans cette partie de l'hémisphère sud, puisque les conditions climatiques pour séjourner sur place sont réunies : de janvier à mars, c'est l'été en Antarctique, et les températures peuvent monter jusqu'à 5°C en journée, parfois jusqu'à 10°C en cas de journée bien ensoleillée. Le moment idéal, donc, pour effectuer à bien leur travail de recherches sur ce continent aux conditions de vie hostiles une majeure partie de l’année.

L’équipe de seize scientifiques tchèques de l'Université Masaryk de Brno | Photo: Adam Lukůvka,  Université Masaryk de Brno

Cette année, comme l’année passée d’ailleurs, ce départ est toutefois allé de pair avec un protocole sanitaire strict : avant de décoller de Vienne et d’arriver dans la ville de Punta Arenas, tous les scientifiques dûment vaccinés ont dû subir une batterie de tests médicaux à l’hôpital universitaire d’Ostrava, puis, à leur arrivée au Chili, sept jours de quarantaine. Le 30 décembre, un avion les a transportés jusqu’aux îles Shetland du Sud, d’où les seize membres de l’équipe ont été emmenés par bateau jusqu’à l’île James Ross où se trouve la base polaire tchèque Johann Gregor Mendel. C’est là qu’ils passeront les deux prochains mois à mener leurs travaux de recherche.

Photo: Université Masaryk de Brno

Les scientifiques tchèques veulent poursuivre leur travail de surveillance de longue durée du climat en Antarctique, en suivant l'état des glaciers, des sols gelés, des zones déboisées et des systèmes fluviaux et lacustres. Les chercheurs prévoient également d'y étudier cette année la faune locale. Par exemple, ils s'intéresseront à certains oiseaux comme les macareux et les manchots, mais aussi aux phoques, aux otaries et aux requins qui peuplent les eaux environnantes. Filip Hrbáček est le chef de la mission :

« Cette activité va vraiment dépendre de la quantité d'animaux présents sur le territoire. Il se peut que nous ne voyions qu'un seul manchot pendant toute la saison. Alors que les autres années, il y peut y en avoir des dizaines ou des centaines. »

Filip Hrbáček | Photo: Alžběta Švarcová,  ČRo

Un autre projet est développé dans le cadre de la mission 2022 qui poursuit l’étude des changements environnementaux en cours sur le continent glacé de l’hémisphère sud :

« Nous voulons mettre en place un réseau de surveillance de l'humidité du sol dans la région de la péninsule antarctique en collaboration avec des collègues portugais et espagnols. L'humidité du sol est l'un des facteurs clés qui influence la nature physique de l'environnement et a un impact énorme sur l’expansion de la végétation. »

Photo: Université Masaryk de Brno

Chaque année, en plus des travaux habituels qui les attendent, les scientifiques tchèques développent d’autres axes de recherche en plus de leur mission de base sur le climat et les écosystèmes : pour cette 15e mission, les chercheurs vont ainsi s’étudier eux-mêmes, et notamment dans quelle mesure le stress affecte la santé physique des humains en milieu polaire. Parmi les mesures qui seront collectées tout au long de leur séjour, le rythme cardiaque ou le nombre de pas effectués quotidiennement. L’Antarctique étant une sorte de laboratoire permettant d’étudier la réaction du corps aux conditions de l’espace ou à d’hypothétiques vols vers Mars, l’équipe tchèque collabore sur ce projet de mesure avec l’Agence spatiale européenne.

La station polaire sur l'île Nelson | Photo: Université Masaryk de Brno

La base polaire Johann Gregor Mendel fonctionne depuis 2007 : elle sert aux équipes scientifiques de l’Université Masaryk de Brno, mais également à d’autres chercheurs internationaux. A part la station Mendel basée sur l'île James Ross, les chercheurs tchèques gèrent également une autre station polaire sur l'île Nelson, établie dans les années 1980 par le voyageur tchécoslovaque Jaroslav Pavlíček. Elle appartient à la Fondation antarctique tchèque et exploitée par l'Université Masaryk. Grâce à cette implantation en Antarctique, la République tchèque est un des trente Etats du monde à participer aux recherches scientifiques sur le continent blanc.

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