De Paříž à Nový York : un tour du monde en Tchéquie (2e étape)
Nous allons poursuivre ce que nous avions présenté comme un tour du monde en République tchèque. Comme nous l’avions expliqué dans notre dernière émission, il existe en effet en République tchèque un nombre relativement important de communes, localités, hameaux et autres lieux-dits portant des noms de continents, pays, villes et autres endroits mondialement connus. La première partie de ce « tour du monde » nous avait ainsi emmené à Paříž – Paris, Malý Londýn – au Petit Londres, et à Nový York – soit littéralement le Nouveau York en pensant bien entendu à New York. Cette fois, notre voyage nous emmènera du Grand Londres – Velký Londýn, jusqu’à Venise – Benátky, en passant par Vienne – Vídeň, Gênes – Janov, ou Ostende. Tout cela, précisons-le encore une fois, sans jamais donc quitter la République tchèque et voir la moindre eau de mer…
Commençons par un rappel : Paris, le Petit Londres et New York, les trois hameaux mentionnés dans notre dernière émission, se trouvent en Bohême du Sud, plus précisément dans la toute petite région de Vitorazsko, dont le territoire a été partagé en 1920, au lendemain de la Première Guerre mondiale, entre la Tchécoslovaquie naissante et l’Autriche, dont l’empire venait de s’effondrer. En appelant ainsi ces endroits, il s’agissait donc d’une certaine manière de rendre hommage aux pays de l’Occident dont l’alliance avait permis de remporter la Grande Guerre contre l’Allemagne et l’Autriche-Hongrie.
Parmi les trois hameaux que nous avons cité figure donc le Petit Londres - Malý Londýn. S’il existe un « petit », c’est forcément parce qu’il en existe un « grand » également. Et le Grand Londres en question n’est pas nécessairement celui que l’on pourrait croire, à savoir bien entendu la capitale britannique, mais le Velký Londýn voisin de Malý Londýn. Comme pour le Petit Londres, le nom de Grand Londres tient son origine des années qui ont suivi la fin de la guerre et ont été marquées par un remodelage de l’Europe centrale suite à l’application des traités de paix.
Puisque nous avons évoqué le démantèlement de l’Autriche-Hongrie rendons-nous à Vídeň. Bien entendu, il ne s’agit pas de la Vienne traversée par le Danube, mais de la Vienne tchèque, bien plus modeste et nettement moins imposante, on s’en doute, que la capitale de l’ancien empire. A la différence de celle-ci, la Vídeň tchèque n’est pas non plus traversée par la Vienne, nom de la petite rivière qui se jette dans le Danube à Vienne (ou Wien si vous préférez pour ne pas tout mélanger) et qui a donné son nom à la ville. Petit village d’un peu moins de 400 habitants situé dans la région de Žďár nad Sázavou, dans le centre de la République tchèque, la Vídeň tchèque n’a en fait aucun rapport toponymique avec la Vienne autrichienne. La commune de Vídeň a en effet été créée dans la seconde moitié du XIVe siècle. Toutefois, on en sait très peu sur l’origine de son appellation. Selon les quelques informations que nous avons trouvées, il semble qu’elle provienne du verbe « vidět », qui signifie « voir ». La commune se trouvant à un peu plus de 500 mètres d’altitude, certains supposent qu’elle offrait alors une vue lointaine sur les environs. Toujours pour rester en Europe, on trouve trace également un peu partout en République tchèque d’au moins six Mnichov - Munich, ou de treize communes s’appelant Janov– Gênes. A noter que cette dernière appellation n’a absolument rien à voir avec l’italienne, puisqu’elle provient du prénom Jan– Jean. En tchèque, Janov signifie donc plutôt quelque chose comme « ville de Jean ». Pour ce qui est de l’Italie, au moins une dizaine de communes tchèques s’appellent également Benátky– Venise, dont la plus connue est Benátky nad Jizerou, petite ville de 7 000 habitants en Bohême centrale traversée par la rivière Jizera. Il s’agit là d’une précision importante car pratiquement toutes les communes tchèques appelées « Venise » se trouvent sur les bords d’une rivière, d’un cours d’eau et même parfois autrefois en zone marécageuse. L’appellation Benátky possède donc bien un rapport direct avec l’italien Venezia, qui provient du latin « Vénus », la ville, comme la déesse de la beauté, étant née des eaux. Quant au nom tchèque de Benátky, peut-être un peu curieux tant il est éloigné de la version latine ou italienne, il semble que son origine soit slave puisqu’il proviendrait du slovène « Benetke », la Slovénie se trouvant juste en face de Venise, de l’autre côté de la mer Adriatique. Si pour Benátky l’origine est donc relativement évidente avec toujours un rapport à l’eau, on ne trouve en revanche aucune explication nous permettant de comprendre pourquoi certains lieux tchèques sont, eux, appelés Ostende, du nom de la ville portuaire belge située les bords de la mer du Nord. On peut difficilement imaginer qu’il existe un rapport avec la toponymie néerlandaise selon laquelle Ostende, qui à l’origine se trouvait sur une île devant la côte belge et en était le village le plus oriental, signifie « extrémité est »… Néanmoins, par exemple la plage de l’étang Svět– Le monde, étang bien connu de la région de Třeboň, en Bohême du Sud, s’appelle Ostende… On peut donc supposer que pour les Tchèques, se baigner dans le quatorzième plus grand étang du pays, c’est un peu comme se baigner dans la mer…Depuis cette plage d’Ostende, nous reprendrons notre petit tour du monde en République tchèque dans quinze jours. D’ici-là, portez-vous du mieux possible - mějte se co nejlíp !, portez le soleil en vous - slunce v duši, salut et à bientôt - zatím ahoj !