De plus en plus de Tchèques prématurément à la retraite
Fin 2013, on recensait près d’un demi-million de Tchèques partis à la retraite avant l’âge légal. L’Administration tchèque de sécurité sociale (ČSSZ), qui a publié ces données lundi, remarque qu’en conséquence, ces personnes bénéficient d’une pension de retraite réduite. Ce phénomène de départ prématuré à la retraite, qui a plus que triplé depuis l’année 2000, implique un abaissement du niveau de vie des retraités en République tchèque.
« Il ne s’agit pas seulement de départs volontaires. Ce départ à la retraite est qualifié de volontaire, car, en fait, il ne reste pas d’autre alternative pour la personne. De toute façon, l’expérience montre qu’il est plutôt question d’une stratégie de secours. Souvent, cela concerne un individu qui perd son travail et on sait que dans cette catégorie d’âge, autour de 55 ans, il est très difficile de trouver un nouvel emploi. Cette personne risque donc de tomber dans le chômage de longue durée et elle choisit alors cette stratégie de secours. Pour pouvoir disposer d’un revenu financier minimal, il n’a pas d’autre solution que de partir à la retraite prématurément. »
Ces personnes, qui sont majoritairement des femmes, bien plus touchées par le chômage entre 55 et 59 ans, reçoivent donc une pension réduite, en moyenne de 1 160 couronnes par rapport à celles versées aux individus étant partis à la retraite à l'âge légal. Nikola Šimandlová explique qu’il existe bien sûr de nombreuses situations différentes :
« Le montant de la pension de retraite est évidemment lié à celui du salaire. Il est également variable si la personne part à la retraite six mois avant l’âge légal ou trois ans auparavant. Et si vous êtes dans cette situation de départ en retraite trois ans trop tôt, alors la baisse du montant de la pension est réellement significative. »Avec la catégorie d’âge des 20 à 24 ans, celle des 55 à 59 ans est la plus exposée au chômage selon le Bureau du travail. Aussi, plus de la moitié des personnes âgées de 55 à 64 ans sont inactives. Paradoxalement, alors que ce chômage atteint des niveaux record en République tchèque, avec plus de 600 000 demandeurs d’emploi en janvier, certains organismes internationaux pressent Prague de reculer l’âge du départ à la retraite, au nom de la maîtrise des déficits publics.
C’est le cas de l’OCDE, qui présentait ce mardi ses recommandations au gouvernement tchèque. En accord avec la plupart d’entre elles, le Premier ministre social-démocrate Bohuslav Sobotka a cependant souligné certains désaccords, par exemple avec la proposition de l’OCDE de mettre en place des frais de scolarité pour les grandes écoles, mais également sur le sujet des retraites :
« Au cours des dernières années, nous avons déjà augmenté en République tchèque de façon significative l’âge du départ à la retraite. Je ne pense pas que nous devrions agir sur ce point et accélérer le rythme de la hausse de cet âge de départ. La raison que j’ai évoquée lors de ma rencontre avec le secrétaire général de l’OCDE, José Ángel Gurría, est que toute une série de personnes après 50-55 ans ont des difficultés à retrouver du travail en cas de perte d’emploi. Nous devons également nous poser la question de la situation sur le marché du travail. »Actuellement, l’âge du départ à la retraite augmente chaque année de deux mois en République tchèque (tandis que l’espérance de vie augmente d’un peu moins de trois mois). En 2013, les hommes nés en 1951 et 1952 pouvaient prendre leur retraite, les femmes partant un peu plus tôt, notamment en fonction du nombre de leurs enfants.
Le gouvernement de Bohuslav Sobotka entend toujours revaloriser à partir de janvier 2015le montant des pensions de retraite, en moyenne actuellement de près de 11 000 couronnes (environ 400 euros). Cependant, cela pourrait passer par une diversification des sources de financement et notamment par le développement du troisième pilier des retraites, un système par capitalisation auprès de groupes privés.