Presse : Pourquoi l’équipe nationale tchèque de foot est une excellente métaphore de ce qu’est la Tchéquie

L’équipe nationale tchèque après la victoire de la sélection tchèque sur la Moldavie (3-0) et sa qualification pour la phase finale de l’Euro 2024

Cette nouvelle revue de presse revient d’abord sur une chronique dressant un parallèle entre les déconvenues de l’équipe nationale tchèque de football et celles de la société tchèque dans son ensemble. Autres sujets au sommaire : la grève de la faim menée par l’ancien dissident Jiří Gruntorát pour protester contre les faibles pensions de retraite que perçoivent les ancien opposants au régime communiste, les préoccupations climatiques des étudiants tchèques ou encore le nouvel espoir du tennis masculin tchèque.

« La ‘česká reprezentace’ (l’équipe de Tchéquie de football) est une parfaite métaphore de la Tchéquie dans son ensemble ». Tel était le titre percutant d’une chronique publiée dans le quotidien Hospodářské noviny deux jours après la victoire de la sélection tchèque sur la Moldavie (3-0) et sa qualification pour la phase finale de l’Euro 2024. « Sur la plan du football, nous sommes au mieux dans la moyenne en Europe. Il est à la fois intéressant et amusant de voir à quel point les performances et le rayonnement de notre équipe de football reflètent l’état et les dispositions mentales du pays tout entier », écrit son auteur avant de développer son idée :

« Après que nos footballeurs ont nettement battu la Pologne lors du premier match de qualification, ils sont tombés dans l’euphorie, pensant que cela irait désormais de soi. Ils se sont relâchés et les matches suivants ont été plutôt médiocres. De même, dans les années 1990, toute la Tchéquie est tombée dans l’euphorie à l’idée d’être un moteur des réformes, pour ensuite relâcher ses efforts et laisser ceux qui étaient au départ loin derrière elle rattraper leur retard. Non pas que nous ayons été rattrapés économiquement par l’Albanie, qui a déjà réussi à nous dépasser sur le plan du football (l’Albanie a terminé première du groupe dans lequel figurait aussi la Tchéquie pour les éliminatoires à l’Euro 2024, ndlr.), non. Mais même ici, l’écart se réduit. La ‘faculté’ de se reposer sur ses lauriers et de ne pas mener les choses à bien est visiblement une caractéristique propre à la Tchéquie. »

Mais, en fin de compte, tout finit toujours plus ou moins par s’arranger, comme le constate le chroniqueur du quotidien économique :

« Les footballeurs tchèques ont battu la Moldavie, une sélection composée de joueurs évoluant en deuxième division roumaine, et se sont ‘glorieusement’ qualifiés pour l’Euro. De la même manière, l’économie tchèque finira bien par se relever pour atteindre au moins le troisième chapeau (niveau de performance) européen (comme l’équipe de foot pour le tirage au sort des groupes de l’Euro). Mais cela ne peut pas nous faire oublier l’époque, jusqu’en 2004 environ, où nous étions en route vers les plus hautes sphères européennes, à la fois en football et en tant que pays. Et il est inutile d’ajouter qu’un simple changement ‘d’entraîneur’ ne suffira pas pour changer la donne. »

Une grève de la faim qui bouleverse la Tchéquie

« Une honte sans précédent pour le cabinet de Petr Fiala ». C’est ainsi que l’hebdomadaire Respekt a intitulé un commentaire relatif à la grève de la faim entamée le 17 novembre devant le siège du gouvernement par l’ancien dissident Jiří Gruntorát, 71 ans, auquel s’est joint John Bok, 78 ans, lui aussi ancien dissident. Un jeûne entrepris pour protester contre le fait que les anciens opposants actifs au régime communiste, qui ont atteint l’âge de la retraite, perçoivent des pensions particulièrement faibles. Le journal hlídacípes.org remarque à ce propos :

« Deux hommes âgés, dignes de respect, dont la vie aurait pu faire l’objet d’intéressantes séries télévisés pendant des années, quelques-uns des rares héros encore vivants de la résistance contre le régime communiste, souffrent de faim et de froid devant le siège du gouvernement à Prague depuis le 17 novembre. C’est là une affaire de dignité et de justice. Ni plus ni moins. Plus de trente ans après la chute du régime communiste, nombre de ses victimes et de dissidents qui, plusieurs décennies durant, ont été dans l’impossibilité d’avoir un emploi convenables ou au moins d’être décemment rémunérés, ont subi des dizaines d’interrogatoires, ont été emprisonnés, ont été la cible de provocations ou même ont été contraints à l’exil, vivent au seuil de la pauvreté à la fin de leur vie. Dans le même temps, leurs agresseurs, les gardiens de prison ou ceux qui menaient les interrogatoires,  touchent de leur côté des pensions beaucoup plus élevées. »

L’issue de cette démarche courageuse menée par deux anciens dissidents qui se battent aussi pour leurs camarades plus âgés et plus faibles, demeure incertaine, comme l’indique encore le site. Et ce bien que le gouvernement ait annoncé, mercredi 22 novembre, que les ministres présenteraient prochainement un projet visant à légiférer sur les pensions de retraite et à modifier le traitement des personnes qui se sont opposées au régime communiste.

Baisser les retraites des anciens hauts fonctionnaires du régime communiste

De son côté, le journal Deník N fait part des démarches qui ont été entreprises pour faire baisser, dans les prochaines années, les montants des pensions de retraite dont bénéficient les anciens membres de la nomenklatura communiste :

Le congrès du Parti communiste | Photo: Muzeum dělnického hnutí/e-Sbírky,  Musée national,  CC BY-NC-ND

« Sur la base du projet de loi présenté par plusieurs députés, parmi lesquels Marian Jurečka, ministre du Travail et des Affaires sociales, les montants de ces pensions devraient baisser en fonction du nombre d’années pendant lesquelles les cadres communistes haut placés ont occupé leurs fonctions, soit de 300 couronnes (12 euros) pour chaque année. À ce jour, l’Institut pour l’étude des régimes totalitaires a déjà identifié plusieurs centaines de personnes qui pourraient être concernées par cette mesure, tout en continuant à chercher dans les archives partout dans le pays. L’Institut devrait présenter une liste des noms avant la fin de l’été prochain. »

Deník N explique que l’amendement à la loi adopté définit précisément l’éventail des fonctions concernées. Il s’agit, par exemple, des membres ou des candidats du comité central du Parti communiste, des membres des gouvernements avant la chute du régime, des présidents des comités nationaux et des personnalités de haut rang de l’appareil judiciaire et des forces de répression. Le journal conclut sur ce constat :

« Pour ce qui est du budget de l’État ou du compte de pensions de retraite, les recettes supplémentaires seront négligeables. Mais pour ce qui est de notre faculté à nous acquitter du passé, il s’agira d’une nouvelle manière de diminuer les injustices de l’ancien régime. »

La crise climatique au coeur de l’intérêt des étudiants tchèques

« Un conflit des générations ». Tel est un des traits qui a caracatérisé les célébrations du 17 novembre cette année. C’est du moins ce qu’estime un chroniqueur du site Aktualne.cz :

Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« La crise climatique a été le principal sujet de la grève de trois jours à laquelle des universités de cinq villes tchèques ont participé et qui a culminé le 17 novembre avec une marche de plusieurs centaines d’étudiants à Prague. Ainsi, le mouvement ‘Les universités pour le climat’ a renoué avec l’héritage de novembre 1989, car les revendications formulées par les étudiants étaient très proches de celles de leurs prédécesseurs, il y a 34 ans. Un environnement sain ou encore des logements accessibles pour les jeunes familles étaient déjà des ssources de préoccupation à l’époque et ils le sont encore aujourd’hui. »

Selon l’auteur, l’important est non seulement que les étudiants expriment craintes liées au réchauffement de la planète, mais aussi qu’ils présentent leurs visions de l’État, du système et de la société dans lesquels ils souhaitent vivre. La date du 17 novembre, qui pour eux n’a pas seulement une importance symbolique, s’y prête parfaitement :

« Les étudiants demandent l’adoption d’une loi sur le climat qui garantira la continuité de la politique environnementale du pays. Pour eux, la croissance du PIB ne peut pas constituer le principal indice de la prospérité d’un État. Un indice qui, d’ailleurs, paradoxalement, est aujourd’hui très peu favorable pour la Tchéquie. Or, la grève ‘Universités pour le climat’ avait un sens. Elle a incontestablement renoué avec le message des étudiants et de tous ceux qui, il y a 34 ans, souhaitaient un autre État, un système qui ne serait plus géré par des pseudo-élites. »

Tomáš Macháč, nouvel espoir du tennis masculin tchèque

En quarts de finale de la Coupe Davis, mercredi 22 novembre, l’équipe de Tchéquie de tennis s’est inclinée contre l’Australie (1-2). Une défaite qui n’a pas empêché le chroniqueur du quotidien Lidové noviny de mettre en relief la performance de Tomáš Macháč, 23 ans, qui a offert un point à la Tchéquie. Toute une page est ainsi consacrée au jeune joueur tchèque pour constater son irrésistible progression :

Tomáš Macháč | Photo: Manu Fernandez,  ČTK/AP

« Il attaquera la saison prochaine en tant que 78e mondial, ce qui lui offrira de belles perspectives. Sa participation au premier Grand Chelem, l’Open d’Australie, est ainsi pratiquement garantie et il aura accès aux qualifications des plus grands tournois du circuit ATP. Tomáš Macháč entend bien saisir cette opportunité et devenir une figure marquante du tennis masculin tchèque. Ses performances ces deux derniers mois lui ont permis de faire un bond de 50 places au classement. Une telle percée est d’autant plus admirable qu’il y beaucoup d’autres prédateurs dans les eaux du Top 100 mondial qui entendent eux aussi s’imposer. Une motivation pour lui est aussi le duel tchéco-tchèque avec Jiří Lehečka, qui s’est hissé cette année à une très solide 31e place. »

« Avec ces ambassadeurs prometteurs, parmi lesquels se distingue également Jakub Menšík, 18 ans, le tennis masculin tchèque fait de nouveau parler de lui après des années de vaches maigres », se réjouit encore le chroniqueur de Lidové noviny.