Decadence Now : la décadence, un thème ultra-contemporain
Decadence Now ! est le nom d’une grande exposition, ou plutôt de plusieurs expositions, consacrées comme le titre l’indique à la décadence dans l’art contemporain.
Decadence Now ! est le pendant contemporain de cette exposition, montée par le même commissaire, Otto Urban, comme le rappelle Petr Nedoma, directeur de la Galerie du Rudolfinum qui accueille l’exposition principale :
« Dans le cadre de cette première exposition, il a commencé à travailler sur d’autres thèmes et cela l’a conduit à s’intéresser à l’art contemporain. Cette nouvelle exposition rassemble des œuvres qui datent en gros des 30 dernières années. On y trouve des auteurs qui sont déjà décédés. Il y a des choses qui remontent même aux années 1970. C’est un sujet très large. Et l’on voit grâce à cette exposition que le thème de la décadence n’est pas limité dans le temps, tout comme le romantisme qui n’arrête pas de refaire surface. Il s’agit d’un phénomène dont on ne peut pas dire qu’il a été et qu’il ne sera plus. »
C’est au total cinq volets d’une même exposition qui sont proposés au public : à la Galerie du Rudolfinum, au Musée des Arts Décoratifs, au DOX, dans la capitale mais aussi à Plzen et Brno. Où l’on retrouve des noms tels que Pierre et Gilles, Orlan, Keith Harring, Damien Hirst, Jeff Koons ou Cindy Sherman.
Trash, porno, violence, drogues, hallucinations, perversions le disputent au kitsch non dénué d’humour, et même parfois de beauté. Interrogation sur notre société, ses limites, nos propres limites, l’exposition Decadence Now ! n’est pourtant pas là pour choquer, comme le rappelle Petr Nedoma :« C’est de l’inverse dont il s’agit. Ces œuvres reflètent quelque chose de choquant. C’est pour cela qu’elles peuvent être choquantes. Mais il faut voir cela dans ce sens-là. Bien sûr on peut reprocher à certains artistes de créer des œuvres qui se veulent a priori choquantes. Mais on a essayé d’éviter cela. Nous avons voulu choisir des oeuvres qui reflètent ce que nous vivons tous les jours. Car si vous comparez les œuvres de cette exposition avec la quantité de violence et de sang que l’on voit à la télévision quotidiennement, cette exposition apparaît plutôt comme une promenade de santé ! »
Une chose est sûre, l’atmosphère du tournant du millénaire comprend de multiples points communs avec celle du tournant du XIXe-XXe siècle, notamment l’oscillation permanente entre des avancées fulgurantes et des régressions tout aussi puissantes. Une impression d’euphorie explosive qui coexiste avec un pessimisme morbide et dévorant. Comme si la société était en permanence maniaco-dépressive. C’est cette crise identitaire et sociétale que reflètent notamment nombre des œuvres exposées, Petr Nedoma :« On peut le décrire ainsi. Mais aussi on peut se souvenir de la peinture de la Décadence des Romains... Certaines phases de l’évolution de la société vont de pair avec certains phénomènes qui sont ensuite reflétés par l’art et dont on fait ensuite éventuellement des expositions. »
Pour jeter un œil nouveau sur la société actuelle et le monde qui nous entoure, éventuellement se faire peur, en tout cas à coup sûr se dire qu’il y a matière à réflexion, c’est jusqu’au 2 janvier 2011.
Plus d’infos : www.decadencenow.cz