Les tableaux vivants d’Andy Warhol

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Jusqu’au 5 avril, la galerie du Rudolfinum à Prague présente une exposition inédite sous le titre de : Andy Warhol, Motion Pictures.

Andy Warhol, c’est la sérigraphie, les boîtes de conserve Campbell’s, les visages de Marilyn Monroe et Liz Taylor colorés et démultipliés, mais aussi ceux de Mao Tsé-toung ou Lénine, Andy Warhol, c’est le symbole du Pop art, c’est le Velvet Underground et la Factory. Ce que l’on sait moins, peut-être, c’est que c’est dans cette même Factory que ce fils d’émigrés slovaques a tourné plusieurs films expérimentaux. Des courts ou très longs métrages parfois, sans vrai scénario, largement improvisés. Une vingtaine de ces ‘tableaux vivants’ sont exposés à la galerie du Rudolfinum, parmi eux de très courts métrages réalisés entre 1964 et 1966 et consacrés au portrait, comme l’explique Petr Nedoma, directeur de la galerie :

« Les ‘screen tests’, ce sont des films qui durent 4 minutes. Ce sont de courtes prises de vue sur des gens qui étaient célèbres, voulaient être célèbres ou sont devenus célèbres, ou alors ne le sont jamais devenus. Mais ils sont dans les films de Warhol, donc on peut dire qu’ils sont connus maintenant. Ces films sont présentés comme des tableaux accrochés au mur. Vous n’êtes pas assis au cinéma, dans le noir, coupé de la réalité. Vous êtes dans une galerie avec une lumière tamisée, les films sont dans un cadre noir, ils sont muets, et vous pouvez circuler, en regarder un ou plusieurs à la fois. »

S’y côtoient notamment le comédien Denis Hopper, l’écrivaine Susan Sonntag ou encore Lou Reed, figure du Velvet Underground dont Andy Warhol sera le producteur.

Trois ans et demi, c’est le temps qu’il a fallu pour monter cette exposition, résultat d’une collaboration avec le célèbre MOMA de New York. Petr Nedoma :

« Le musée d’art moderne de New York a en fait été à l’origine de la numérisation des films de Warhol qu’il avait légués au musée après sa mort. On savait que le film Sleep durait 8h, même si en réalité, il ne dure que 5h, tout le monde a entendu parler du film Empire où une caméra a été plantée pendant 8h sans bouger, mais personne n’avait jamais vu ces films. Grâce à la numérisation, c’est chose faite, sinon, vous ne pouvez pas faire tourner ces films en 16mm pendant toute une journée. »

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Dans ces films, Andy Warhol applique la même méthode que pour ses toiles : une même scène peut-être répétée à l’envi pendant toute la durée du film. Dans Sleep par exemple, on y voit le même homme dormir pendant une vingtaine de minutes et cette même séquence est démultipliée. A la galerie du Rudolfinum, ces 5h ont toutefois été compressées en un peu moins d’une heure. Et ses screen-tests peuvent êtres également compris comme la version animée de ses portraits sérigraphiés.

Ces films expriment la fascination d’Andy Warhol pour le temps, inextricablement liée à celle qu’il éprouvait pour la mort : il suffit de penser à ses représentations d’accidents de la route exposées à Prague en 2007 dans le cadre du Musée de Kampa.