Décès de Karel Bartosek, historien et écrivain tchèque
« Historien, écrivain, dissident et, avant tout, ami de tous ceux qui ont été persécutés par l'ancien régime et auxquels il a consacré des centaines de pages de ses livres ».
Ces mots de la plume de Pavel Rychetsky, président de la Cour constitutionnelle, sont dédiés à Karel Bartosek, qui est décédé vendredi dernier à Paris, quelques jours après son 74e anniversaire. « Un homme doté d'une immense énergie qu'il a mise au profit du dévoilement de la vérité sur le régime communiste, à l'édification duquel il avait participé, dans sa jeunesse, et dont il a cherché, plus tard, à démasquer la monstruosité », écrit-il également, dans les pages du journal Pravo. Dans les années soixantes-dix, Karel Bartosek a été l'une des figures des milieux dissidents tchécoslovaques qui ont été durement persécutées par le régime communiste, voire mises en prison. Depuis le début des années quatre-vingt-dix, Bartosek était installé avec sa famille à Paris. Dès la chute du régime communiste, en 1989, il a partagé sa vie entre Prague et Paris. Le Livre noir du communisme, paru dans une trentaine du pays et dont Karel Bartosek est l'un des co-auteurs, est non seulement l'un des nombreux ouvrages qu'on lui doit, mais aussi le livre qui a eu le plus grand retentissement auprès de la critique et de l'opinion. Ecoutons un témoignage sur Karel Bartosek que Jiri Slavicek nous a fait partager depuis Paris.
« Il y a des vides au coeur difficiles à remplacer. Parler de Karel Bartosek, un esprit jeune de 74 ans, au passé, me semble impossible. Et pourtant, il faut s'y résigner. Les amis tchèques et français lui diront leurs adieux ce jeudi, au Père Lachaise... Je les vois encore : les visages émerveillés des étudiants français, en histoire ou en sociologie, venus le consulter non seulement de Paris, mais aussi de Toulouse et d'ailleurs... L'historien Karel Bartosek, dont la bonne humeur semblait inaltérable en toute circonstance, a eu beaucoup d'attrait pour tous ceux qui s'intéressaient à l'histoire de l'Europe centrale et aux années noires du régime communiste à Prague qui a montré sa vraie nature après la publication de la Charte 77 en Occident, dont Karel Bartosek fut l'un des signataires. Aujourd'hui, cela peut paraître lointain... Ne pas avoir peur de la vérité, disait et écrivait l'historien qui a pu finalement s'établir en France. L'histoire lui a donné raison... Ses écrits restent. Mais sa disparition est vraiment cruelle. Après Pavel Tigrid, le professeur Peska, avec Karel Bartosek, c'est une grande partie de la mémoire vivante de l'histoire commune franco-tchèque qui disparaît ».