Décès de Tomáš Baťa junior, symbole de réussite du business tchèque

Tomáš Baťa junior, photo: CTK

C’est à Toronto, au Canada où il a installé, après la guerre, l’empire de la chausse familiale fondé en 1894 par son père à Zlín, que le parcours exceptionnel de l’entrepreneur tchéco-canadien Tomáš Baťa junior s’est achevé, le 2 septembre, à l’âge de 93 ans.

Tomáš Baťa junior,  photo: CTK
Bien que ce soit Toronto, d’où Tomáš Baťa junior dirigeait son empire géant qui s’étend aujourd’hui à plus de 50 pays, emploie 40 000 personnes, et chausse plus d’un million de clients par jour, c’est la ville de Zlín qui reste synonyme de fierté nationale d’une marque qui a conquis le monde entier par ses chaussures Baťa, baptisés Baťovky. C’est à Zlín que la tradition a été fondée, où le père de Tomáš Baťa junior avait édifié les usines inspirées du modèle des entreprises automobiles Henry Ford et où il a édifié pour les ouvriers une nouvelle cité d’habitation, y compris les infrastructures. Tomáš Baťa junior souhaitait que sa vie dure jusqu’à 99 ans – le fameux chiffre par lequel se terminait les petits prix des chausses Bata. Son décès, lundi, était inattendu, dit Pavel Velev, président de la Fondation Tomáš Baťa :

« C’est arrivé subitement, pratiquement au milieu de ses plans, de ses visions, en pleine activité… »

Tomáš Baťa junior est décédé 76 ans après son père qui a trouvé la mort dans un accident d’avion, en 1932. Le boom économique de l’empire Baťa s’arrête en 1939: les usines sont réquisitionnées par les nazis, puis, après la guerre nationalisés par le régime communiste : le nom de Baťa est banni, la ville de Zlín rebaptisée Gottwaldov et la marque Baťa devient dorénavant Svit. Résolu à perpétuer l’oeuvre familiale, Tomáš Baťa junior fonde en 1946 au Canada une nouvelle compagnie: Bata Shoe Organisation. Après 50 ans d’exil, il retourne à Zlín. En 1991, il se voit décerner l’ordre Tomáš Garrigue Masaryk et l’Etat tchèque le récompense d’un prix pour la propagation du bon renom de la Tchécoslovaquie dans le monde. Tomáš Baťa a alors déclaré:

« Ce dont je suis le plus fier c’est que nous avons réussi à perpétuer l’idée fondamentale née en Tchécoslovaquie d’avant-guerre, lorsque tout le monde savait que Baťa était une usine tchécoslovaque. »

Pour le bon renom de sa famille, Tomáš Baťa junior a dû se battre: ce n’est qu’en 2007 qu’il a obtenu l’annulation de l’accusation de collaboration avec les nazis prononcée par les communistes par contumace contre son oncle Jan Baťa qui dirigeait l’entreprise après la mort de son père.

Le président de la République, Václav Klaus, en compagnie duquel Tomáš Baťa junior a fêté, il y a trois ans, au château de Prague, ses 90 ans, a exprimé ses profonds regrets après le décès d’un homme qu’il admirait « pour sa vitalité, ses activités, son rapport avec notre pays, qui en dépit de la défaveur du sort a su s’imposer dans le monde et qui est devenu le symbole de réussite et d’éthique de l’entreprise ».

En plus de la continuation de la marque familiale, Tomáš Baťa a aussi perpétué les visions de son père en matière de l’enseignement des jeunes : il est le fondateur de l’Université de Zlín qui porte son nom et de l’organisation Junior Achievement. Dans ses fonctions de président du comité industriel et commercial de l’OCDE pour la transformation des pays d’Europe centrale, il s’est également beaucoup engagé en faveur de l’adhésion de la RT à cette organisation.