Déchets nucléaires : l'enfouissement suscite la défiance
Fervente partisane du développement de l’énergie nucléaire, la République tchèque doit aussi composer avec les déchets radioactifs issus de l’exploitation de ses deux centrales. Aussi, le ministère de l’Environnement vient d’autoriser une première phase de fouille géologique dans cinq localités afin de déterminer où les enfouir. Malgré la promesse de compensations financières, ces municipalités sont plus que réticentes à accueillir sous leur sol des déchets dont la radioactivité aura atteint un niveau inoffensif après seulement plusieurs milliers d’années, parfois après beaucoup plus longtemps.
Seulement, la terre d’élection pour l’enfouissement de ces déchets n’est pas facile à trouver. Et sur sept terrains potentiels initialement, le ministère de l’Environnement a annoncé lundi que cinq étaient retenus pour qu’y soient menées des fouilles géologiques afin de calculer la sûreté du stockage selon différents critères, la nature des roches, l’activité sismique, les arrivées d’eau… Le tout le plus souvent au mépris de la volonté des populations qui habitent les villages environnants, ce dont se plaint le maire de la commune d’Horažďovic en Bohême de l’Ouest, le social-démocrate Karel Zrůbek :
« Je constate seulement que l’Etat ne communique pas de façon sincère avec les communes. Ensuite, les représentants de l’Etat ne doivent pas s’étonner du fait que la défiance soit aussi forte. »
Car pour ordonner des fouilles géologiques, l’Etat tchèque peut très bien se passer de l’aval des municipalités concernées, à la différence de certains pays comme les pays scandinaves. Quelques-unes de ces communes ont consulté leurs habitants par l’intermédiaire de référendums locaux ; la réponse a consacré leur opposition à l’idée même de prospections géologiques. Malgré tout, Jiří Slovak, de l'Administration d'enfouissement des déchets radioactifs (SÚRAO), assure que ces voix dissidentes sont entendues :« Les communes sont associées au processus décisionnel. Elles ont eu et elles ont toujours la possibilité de s’exprimer. Les débats vont continuer durant les fouilles géologiques. C’est une procédure standard dans le cadre de la législation actuellement en vigueur comme avec d’autres ressources naturelles épuisables. »
Et pour amadouer les mairies récalcitrantes, l’Etat leur promet des compensations financières, dans le cas du stockage, mais déjà également pour les forages prospectifs. Une carotte qui ne convainc pas Zdeněk Černý, le maire du bourg de Nadějkov en Bohême du Sud :
« Ces compensations financières nous apparaissent funèbres ou s’apparentent à des pots-de-vin car en échange nos villages devraient être menacés par l’enfouissement de déchets de l’industrie nucléaire. »D’autres parlent même d’insulte. Un village a toutefois accepté la tenue de ces fouilles géologiques avec la volonté de « savoir ce que recèle son sol » Il s’agit de Pluhov Žďáru, dont le maire Radim Beneš explique :
« Pour que nous puissions prendre une décision, nous devons recueillir le maximum d’informations. Les compensations financières peuvent être un facteur positif mais au moment des négociations, cela n’a pas été le principal. »
Au plus tôt, le processus de sélection de la localité « adéquate » sera achevé en 2015. La construction de l’espace de stockage est prévue quant à elle pour 2050 avec une mise en service quinze ans plus tard. Pour l’heure les déchets issus des quatre réacteurs de Dukovany et des deux de la centrale de Temelín sont stockés dans des containers fonctionnels cinquante ans durant.