Le projet d’enfouissement des déchets nucléaires ne convainc pas
Voilà un concours où les candidats ne se bousculent pas au portillon. Neuf municipalités sont pour l’heure présélectionnées pour devenir celle qui accueillera sur son territoire un site d’enfouissement des déchets nucléaires issus de l’activité des deux centrales tchèques, Temelín et Dukovany. Le choix final devrait être connu en 2025, mais d’ici à la fin de l’année, l’Etat, malgré les protestations des habitants concernés, entend déjà réduire cette liste à quatre communes.
« Le sens de notre rencontre n’était pas de parvenir à une avancée radicale du dossier, mais de montrer clairement que le gouvernement en démission garde un grand intérêt pour des projets à très long terme. Parce que, si tout se passe bien, le site d’enfouissement devrait être utilisé à partir de 2065. Dans la pratique, nous avons donc du temps mais les faits montrent une autre réalité. Il n’est donc pas possible d’interrompre la communication avec les représentants des habitants des communes concernées. »
Et ce d’autant plus que la fronde a eu le temps de s’organiser, notamment au sein de la Plate-forme contre l’enfouissement en couche profonde, qui regroupe 24 municipalités et 12 associations et organise régulièrement des marches, des projections, des débats. Les opposants ont le sentiment depuis de nombreuses années de manquer d’information et d’être mis devant le fait accompli sans que leur voix ne soit entendue. Une lassitude qu’a exprimée par exemple au micro de la Télévision tchèque Petr Klásek, le maire de la municipalité de Chanovice :
« C’est déjà le douzième ministre de l’Industrie et du Commerce qui nous informe d’une nouvelle étape liée au site d’enfouissement. Pour notre part, depuis le début, nous militons pour un changement législatif pour clarifier la liste des droits des municipalités et leurs possibilités de se tourner vers la justice. Cela n’a pour l’heure pas eu lieu. »Les détracteurs du projet n’ont pas attendu cette loi. Sept municipalités, situées dans la moitié sud-ouest de la Tchéquie, ont déjà fait des recours contre les prospections géologiques visant à étudier le sol des sites envisagés. Quatre ont obtenu satisfaction, l’une a été déboutée et les deux dernières attendent encore la décision des juges.
L’Etat a pourtant mis les moyens pour convaincre les administrés récalcitrants. Les autorités promettent des créations d’emplois, une dotation de 50 millions de couronnes (2 millions d’euros) ainsi qu’une subvention annuelle de 2 millions de couronnes (80 000 euros). Des arguments pécuniaires qui ne convainquent donc pas des habitants peu enthousiastes à l’idée d’accueillir dans leur sous-sol, à un demi-kilomètre sous terre, des milliers de tonnes de combustible nucléaire usé. L’affaire est mal engagée et le ministre Tomáš Hüner, pour qui il ne serait pas possible de faire l’impasse sur l’énergie nucléaire, ne peut que le concéder :
« Le problème, c’est que nous ne sommes pas capables d’expliquer réellement aux citoyens les critères de qualité de cette construction et ses impacts sur l’environnement. Les représentants des communes que j’ai rencontrés sont dans l’incertitude pour savoir ce que l’Etat va faire voire même n’ont aucune confiance dans l’Etat. En tant que représentant de l’Etat, c’est quelque chose qui me fait presque honte. »Un Etat qui en prendra sans doute à nouveau pour son grade le 21 avril prochain, à l’occasion de la quatrième édition de la Journée contre l’enfouissement des déchets.