Depuis le 1er avril, le travail des médias est soumis à une nouvelle loi qui suscite des polémiques

La « loi-muselière » : c’est ainsi qu’on surnomme la nouvelle norme pénale en vigueur depuis le 1er avril qui interdit aux médias de publier l’identité des victimes d’actes criminels graves et les informations provenant d’écoutes téléphoniques policières, avant que le tribunal ne les examine. Les sanctions prévues sont dures – jusqu’à 5 millions de couronnes ou 5 ans d’emprisonnement.

L’amendement du code pénal est sous le feu de la critique du syndicat des journalistes et des représentants des médias qui dénoncent la violation du droit à la liberté de la parole garanti par la constitution. La norme controversée soumise par le député Marek Benda de l’ODS (Parti civique démocrate) a reçu l’aval des députés de ce parti aussi bien que du ČSSD (Parti social-démocrate), et a été signée par le président de la République. En informant de cet amendement, la télévision publique tchèque a cité des exemples de fonctionnement dans la pratique des nouvelles règles. Si auparavant, les médias pouvaient annoncer que l’agent de police Tomáš Čermák était soupçonné d’avoir brutalisé, le 1er mai 2006, la politicienne Kateřina Jacques, depuis le 1er avril 2009, la nouvelle version de ce même événement se contentera d’énoncer qu’une politicienne non spécifiée aurait été victime d’une agression.

Petr Pithart
Le vice-président du Sénat Petr Pithart a déjà collecté les signatures nécessaires pour soumettre l’amendement controversé à l’examen de la Cour constitutionnelle :

« Cela crée un nouveau problème, à savoir que les politiciens ont dorénavant la possibilité de rester cachés avec leurs infamies devant les yeux de l’opinion publique. »

La réaction du président du Syndicat des journalistes en République tchèque, Miroslav Jelínek a été des plus catégoriques :

« Je qualifierais cette loi – et même si ce mot peut sembler exagéré – une criminalisation de la vérité. »

L’amendement en question n’est pas la seule restriction qui complique le travail des journalistes et limite le droit du public à l’information : les caméras de télévision sont désormais interdites d’accès dans le foyer de la Chambre des députés. Ainsi, il ne sera plus possible de filmer les députés qui sortent de la salle et de leur poser des questions. Un propre système de caméras fixes est en train d’être installé dans la chambre.

Les rédacteurs en chefs des grandes chaînes de télévision parlent d’une atteinte à la liberté de la parole et d’un début de censure politique. La télévision publique tchèque a adressé une lettre de protestation au chef de la chambre des députés. Selon des experts en droit, la «loi, dite « muselière », diminue considérablement la prévisibilité juridique en République tchèque. Nouvellement, la responsabilité est renvoyée aux médias et à leurs journalistes qui seront obligés de prouver, en cas de litige, que la publication de l’information était dans l’intérêt public, sinon ils s’exposent au risque des sanctions.