Des autocollants testeurs de drogues dans une école

Des autocollants posés sur les bancs, sur les poignées des portes des toilettes ou même sur les tables des enseignants pour tester la présence de drogues dans les écoles. Tel est le principe d'une initiative pour le moins originale baptisée « Une école sans drogues ».

Des caméras installées dans les salles de classe, aux livrets scolaires électroniques sur Internet, l'éventail des moyens mis en oeuvre par les établissements scolaires tchèques afin de mieux surveiller et contrôler le comportement de leurs élèves ne cesse de s'élargir. Mais le projet lancé récemment par la région de Bohême du Sud, en collaboration avec des spécialistes de l'hôpital de Ceske Budejovice et la police, est sans précédent en République tchèque. Arrivée en provenance des Etats-Unis, où chaque entreprise qui traite de l'argent public est tenue de présenter un certificat assurant qu'aucune drogue ne figure sur les lieux de travail, l'idée est de placer des autocollants de la taille d'un timbre postal à la surface de différents objets et corps solides que touchent les élèves afin de tester l'éventuelle présence de drogues à l'intérieur de l'école. Les empreintes digitales laissées sur les autocollants sont ensuite analysées à l'aide d'une bombe aérosol détectrice. Si la couleur de l'autocollant change, c'est que le test est positif. Reste que si les drogues peuvent être détectées, l'identité de leurs consommateurs n'est, elle, pas recherchée. Car l'objectif, essentiellement préventif, est d'établir la présence ou non de drogues dans l'école et non pas de faire de la répression.

Jusqu'à présent, seul un établissement d'enseignement secondaire et supérieur réputé de Ceské Budejovice, où étudient environ 350 élèves âgés de 15 à 24 ans, a été associé à ce projet pilote. Neuf tests, tous négatifs, ont déjà été effectués au printemps et d'autres devraient l'être après la rentrée en septembre. Bien que les élèves n'en aient pas été informés, le directeur de l'école, Karel Strnad, explique que l'initiative est cependant tout ce qu'il y a de plus légal :

« Elle l'est car c'est la direction de l'école qui décide et donne son accord. En outre, le test ne concerne pas directement et personnellement les étudiants puisqu'il est anonyme. Lorsque les autocollants sont posés, la salle de classe est vide et personne ne sait où sont assis les élèves. Si la présence de drogues est constatée, cela concerne donc l'école qui voit sa réputation endommagée, mais l'identité des élèves n'est pas relevée. Tout cela est donc tout à fait transparent sur le plan juridique, personne, que ce soit parmi les élèves ou les parents, n'a d'ailleurs protesté ou ne nous a demandé d'abandonner. »

Si la présence de drogues était établie, il en reviendrait donc à l'école de décider quelles mesures adopter pour résoudre le problème. Les tests étant anonymes, Karel Strnad avoue que même s'il leur fait confiance, il lui faudrait alors sans doute en toucher deux mots et faire la morale à ses étudiants pour leur tirer les vers voire la poudre du nez.