Drogues : à l’ONU, la Tchéquie a mis en avant sa politique de prévention et de traitement
La République tchèque pourrait servir de bon exemple de pays menant une politique équilibrée et fructueuse en matière de lutte contre la drogue. C’est du moins ce qu’affirme le ministre de la Santé, Svatopluk Němeček. Une semaine après la session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations Unies, qui a acté le fait que la guerre contre la drogue était un échec général, la République tchèque, qui compte un des plus faibles taux de mortalité par overdose au monde, se félicite aujourd’hui d’avoir choisi un juste milieu entre prohibition totale et criminalisation des consommateurs d’un côté et légalisation de l'autre.
« D’un point de vue législatif, nous n’avons jamais ‘surchargé’ notre système judiciaire et nos prisons en y mettant les consommateurs ou les détenteurs de ce qui est considéré comme une 'petite quantité' de drogues. Et il s’avère que cela fonctionne. Bien sûr, cela ne signifie pas que nous n’avons pas nos propres problèmes, mais ceux-ci sont liés entre autres au fait que notre politique de lutte contre la drogue est restée longtemps sous-financée. »
Les autorités tchèques considèrent la dépendance à la drogue comme une maladie. C’est pourquoi elles proposent une assistance sanitaire aux consommateurs et mettent des moyens en œuvre en faveur de la prévention. A titre d’exemple, les centres d’aide aux toxicomanes permettent à ces derniers d’échanger les seringues usagées. « En étant capables de proposer une aide aux personnes dépendantes et de les soigner, nous protégeons également la majorité de la population », estime ainsi Svatopluk Němeček.Selon le ministre, qui s’est exprimé sur le sujet jeudi, les pays d’Amérique du Sud notamment reconnaissent que la dite guerre contre la drogue lancée dans les années 1970 n’a pas abouti aux résultats escomptés, à savoir ralentir la production, le trafic et la consommation. Si les violences liées au trafic ont fait plus de 100 000 morts rien qu’au Mexique ces dix dernières années, les Etats-Unis, eux, présentent vingt-huit fois plus de morts par overdose pour 100 000 habitants que la République tchèque. S’il connaît bien entendu ces chiffres, Jakub Frydrych, directeur de la Centrale nationale de lutte contre la drogue, tempère néanmoins quelque peu l’enthousiasme de ses collègues. Selon lui, rien ne sert de comparer l’incomparable :
« Ces statistiques font souvent l’objet de diverses interprétations et on a tendance à voir les choses en noir et blanc. Or, ce n’est pas si simple. Personnellement, je pense que la politique menée par la République tchèque est effectivement équilibrée et bien adaptée à sa situation. Mais il est impossible de faire un parallèle avec la réalité à laquelle sont confrontés d’autres pays dans le monde. Il faut se méfier. Je pense qu’il est préférable de ne pas porter de jugements globaux sur l’échec d’autres conceptions dans le contexte international, plus particulièrement dans un domaie aussi sensible que la lutte contre la drogue. Je pense qu'une simple lecture des chiffres peut induire en erreur. »Pour autant, la République tchèque se dit convaincue qu’un système non répressif reste préférable et que la criminalisation de la possession de drogues par une personne pour sa propre consommation a des effets plutôt négatifs.