Des centres de loisirs mis en place par les streetworkers : une alternative aux jeunes des cités HLM

Nous en avons déjà parlé dans nos émissions - jeudi, l'Association tchèque streetworker a décerné ses prix aux meilleurs travailleurs sociaux et équipes de streetworkers en République tchèque. Ils viennent en aide, d'une manière directe, dans la rue, aux toxicomanes et aux jeunes en difficulté notamment. L'une des deux récompenses a été attribuée au thérapeute Petr Klima, qui est à l'origine de la création, après la Révolution de velours, du réseau des services streetwork axé sur les jeunes des cités.

Depuis, une quinzaine de centres de loisirs pour la jeunesse urbaine, ont été fondés à Prague, dans des cités HLM, centres qui sont, pour certains adolescents, le seul véritable repère dans la vie. Petr Klima se souvient de la mise en route du projet streetwork :

« Les débuts ont été palpitants, parce que nous ne savions pas grand-chose sur cette problématique. Heureusement, nous étions conseillés par nos collègues allemands et hollandais. Ils nous ont montré que ce travail pouvait, en effet, marcher. Au début, nous avons eu quelques doutes, car nous étions habitués à ce que nos 'clients' viennent nous voir, eux-mêmes, et non pas à ce que l'initiative vienne de notre côté. Et puis, nous avons beaucoup expérimenté, l'époque était propice aux expériences enthousiastes... Nous nous rencontrions dans des bistrots et cherchions comment, en fait, entamer la conversation, comment établir le premier contact avec des jeunes qui restent assis sur un banc, fument du cannabis et nuisent à la société, entre guillemets. Alors vous venez et qu'est-ce que vous dites ? Aujourd'hui, ils savent déjà qu'il existe des travailleurs sociaux sur le terrain... Mais à l'époque, c'était une nouveauté. Ils étaient surpris qu'un inconnu se mette à leur parler sans les insulter. »

« Première règle : ne jamais cacher son identité, dire tout de suite : je suis travailleur social de rue. Vous aimez la musique ? Eh bien, organisons ensemble un concert », explique Jindrich Racek, streetworker pendant cinq ans, aujourd'hui directeur de l'Association tchèque streetwork.

J. R. : « Les jeunes qui flânent en ville et s'ennuient, vous les voyez partout. C'est dangereux, ils peuvent du jour au lendemain tomber dans les drogues ou rencontrer d'autres problèmes graves. Nous leur proposons une alternative : des centres où ils peuvent faire de la musique, du sport, ou tout simplement parler avec nous de leurs soucis, sans qu'on les condamne comme leurs parents ou leurs professeurs. »

Depuis le début des années 90, le travail social de rue a évolué. Aujourd'hui, les streetworkers ciblent des groupes de jeunes bien spécifiques, les skateurs par exemple ou ceux qui appartiennent à des sous-cultures telles que le punk, ou la techno. Trouver une seule cause à leurs problèmes ? Selon Petr Klima, c'est impossible. Il en voit plusieurs : le climat familial, bien sûr, mais aussi la faculté de la famille à survivre dans la société actuelle, la manière dont elle répond ou non aux exigences du monde d'aujourd'hui.

Et inversement, qu'est-ce qu'il est de plus difficile dans le métier de streetworker ? La réponse de Petr Klima :

« A part un certain inconfort physique, lié à cette profession... personnellement, ce que j'ai trouvé le plus dur, c'était que j'ai toujours eu du mal à voir le moindre succès dans ce que je faisais. Il faut apprendre à se réjouir des mini-succès, à se contenter de peu. Parce que, quand même, tout le monde a besoin d'avoir un écho dans son travail. Si vous êtes streetworker, il est très difficile de vous faire accepter et respecter par les jeunes, d'autant plus que vous êtes sur leur territoire et ce sont eux les plus puissants. Voilà ce qui est de plus dur et, comme je le remarque souvent, presque douloureux pour un streetworker. »

Auteur: Magdalena Segertová
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