Enlèvement et libération de trois journalistes tchèques en Irak
Une semaine de suspense s'est terminée par un heureux dénouement. Les trois journalistes tchèques détenus en Irak ont recouvré la liberté et regagné Prague.
Qui étaient les ravisseurs? On n'arrive toujours pas à les identifier et on se contente de dire assez vaguement qu'il s'agissait de membres d'un groupe faisant partie du mouvement contre l'occupation de l'Irak. Les trois journalistes ont été détenus pendants six jours dans des endroits isolés et ont été exposés à une forte pression psychique. On les a obligé, par exemple, de déclarer, devant une caméra, qu'ils condamnaient les atrocités commises par l'occupant américain en Irak.
"Le plus mauvais souvenir que j'ai de cet enlèvement est celui du moment où on nous a bandé les yeux et mis dans une voiture," a déclaré Petr Klima." On nous a promené dans la voiture pour nous désorienter. Il devait y avoir une pompe à essence. Lorsque j'ai senti une très forte odeur d'essence, j'ai cru un moment qu'ils voulaient mettre le feu à la voiture. C'était le pire moment, et à partir de là les choses sont allées en s'améliorant."
Entre-temps, on travaillait pour sauver les otages. L'ambassadeur tchèque à Bagdad, Martin Klepetko, a rencontré des représentants du clergé sunnite et a sollicité leur soutien ; des musulmans tchèques ont adressé une lettre aux ravisseurs les appelant à libérer les détenus. Le ministre de la Culture du gouvernement provisoire irakien, Mufid Jazairi, a réussi, grâce à des médiateurs dont l'identité n'a pas été révélée, à entrer en contact avec les ravisseurs. Ces derniers ont finalement ramené les otages à Bagdad et les ont laissé en pleine rue, d'où ils ont pu regagner l'ambassade de République tchèque. Un avion spécial a été mis à leur disposition et, dans la matinée de dimanche, les trois hommes ont pu finalement embrasser leurs proches à l'aéroport de Prague-Ruzyne.
L'affaire démontre que le travail journalistique dans les régions de crise est de plus en plus dangereux. Faut-il encore courir ce risque? Malgré la dure épreuve qu'il vient de subir, Michal Kubal est convaincu que c'est un risque nécessaire: "Je ne pense pas qu'on puisse trouver une issue à cette situation en décidant de ne pas informer les gens sur des événements qui sont essentiels. Le risque fait partie de ce travail et c'est un travail extrêmement utile. Si ce n'est pas à nous, c'est à d'autres de le faire. Je suis convaincu que le travail de reporter dans les régions de crise est une des parties fondamentales du journalisme."