Des milliers de jeunes réfugiés ukrainiens ne fréquentent pas les écoles tchèques
Environ 20 000 jeunes Ukrainiens entre 14 et 18 ans vivant en République tchèque ne fréquentent pas les écoles secondaires. La majorité de ces jeunes réfugiés préfèrent suivre l’enseignement à distance depuis l’Ukraine.
« Depuis le début de la guerre en Ukraine, la République tchèque a accueilli près de 26 000 Ukrainiens en âge d’aller à l’école secondaire. On suppose que certains d’entre eux sont retournés en Ukraine. Mais il reste quand même un très grand nombre de jeunes réfugiés qui séjournent en Tchéquie sans être scolarisés », explique Jan Zeman, analyste de l’organisation EDUin.
Le nombre exact de jeunes Ukrainiens de tout âge, scolarisés en Tchéquie depuis la rentrée 2022, sera connu à la fin du mois de novembre. Selon les estimations du ministère de l’Education, seulement un réfugié sur sept fréquente une école secondaire tchèque. A Prague, le nombre d’élèves inscrits s’élèverait à 800 sur près de 6 000 jeunes Ukrainiens âgés de 15 à 17 ans recensés par le ministère de l’Intérieur.
Une enquête réalisée pour le ministère de l’Education a montré que les jeunes réfugiés ne disposaient pas d’informations suffisantes sur leurs possibilités d’études. De faibles connaissances du tchèque sont une autre des raisons pour lesquelles de nombreux étudiants continuent de suivre les cours à distance dans leurs établissements d’origine en Ukraine, malgré les contraintes imposées par la guerre. Tel est aussi le cas de Mikyta, 16 ans. Originaire de Poltava, il vit à Prague depuis juillet :
« Je voulais terminer mon lycée avec mes camarades de classe et mes professeurs ukrainiens. Voilà pourquoi je ne me suis pas inscrit à l’école ici. Il ne me reste plus qu’une année d’études secondaires. Mais ces dernières semaines, les cours en ligne sont annulés ou interrompus presque tous les jours, à cause des coupures d’électricité ou l’alerte aérienne. Malgré tout, je me suis fait des amis à Prague. Mais je ne progresse pas vite en tchèque que je mélange avec l’anglais. »
Mariana, quant à elle, a réussi le concours d’entrée dans un lycée pragois. « Je m’étais bien préparée, j’ai réussi l’épreuve de mathématiques et puis, et l’entretien que j’ai eu avec les professeurs s’est aussi bien passé », explique cette jeune fille originaire d’Ivano-Frankivsk qui parle déjà couramment le tchèque.
Pour faciliter l’intégration des jeunes réfugiés ukrainiens, le gouvernement tchèque a débloqué 200 millions de couronnes (8,25 millions d’euros) destinés aux groupes d’adaptation. Mais ceux-ci ne suscitent que peu d’intérêt, comme le raconte Pavla Nedomová, directrice du lycée professionnel SOŠ Drtinova, dans un reportage de la Télévision tchèque :
« Nous avons prévu un cours d’adaptation d’un mois qui devait être lancé en novembre. Nous avons reçu une subvention de la part du ministère, mais pour au moins huit élèves, alors que seulement trois personnes se sont inscrites. Alors nous avons été obligés de rendre l’argent et de renoncer à ce projet. »
Dans ce même quartier pragois de Smíchov, les directeurs de deux autres établissements d’enseignement secondaire ont adopté une autre stratégie qui, elle, semble marcher. Cinq élèves ukrainiens fréquentent depuis septembre un lycée du quartier spécialisé dans l’informatique.
« Quand ils ont passé le concours d’entrée, je leur ai posé quelques questions en tchèque et en anglais. Nous nous sommes compris ce qui est essentiel. Mais surtout, les cinq candidats avaient de très bons résultats en mathématiques. C’est le plus important pour nous et je suis heureux de pouvoir les accueillir dans notre école », a dit le proviseur Radko Sáblík au serveur Aktuálně.cz.
Tandis que Jitka Kmentová a lancé dans son lycée Na Zatlance un programme spécial (« nultý ročník ») censé préparer les élèves au concours d’entrée du printemps 2023. Trente heures de cours par semaine, dont douze heures de tchèque – tel est l’emploi du temps de cette classe ukrainienne fréquentée actuellement par 16 élèves.
Par ailleurs, les ministres de l’Education tchèque et ukrainien ont signé, la semaine dernière, un accord de coopération. Il permettra aux deux pays de reconnaître mutuellement leurs programmes d'études et leurs contenus pédagogiques à tous les niveaux.