Revue de presse : la double scolarité des enfants ukrainiens en Tchéquie
La scolarité des enfants ukrainiens en Tchéquie est le premier sujet auquel cette nouvelle revue de presse s’intéresse. Au programme également : en Tchéquie, les retraités sont-ils favorisés au détriment des jeunes ? La prévention contre les fausses informations, la rencontre d’Andrej Babiš avec des ultra-conservateurs à Budapest, la crise des bars et restaurants dans les villages tchèques ou encore le rating favorable pour la Tchéquie.
Beaucoup des enfants ukrainiens qui ont trouvé refuge en Tchéquie suivent une double scolarité. Lejournal en ligne HlídacíPes.org explique pourquoi :
« L’obligation pour les enfants ukrainiens d’être scolarisé, qui a été décidée par les autorités tchèques, est une démarche logique qui vise à favoriser leur intégration dans la société tchèque. Mais en plus de fréquenter les écoles tchèques, ces élèves suivent également les cours en ligne données par leurs instituteurs dans leur pays d’origine. Cette situation soulève une question évidente : les enfants ukrainiens doivent-ils s’intégrer dans la société tchèque ou vaut-il mieux qu’ils restent attachés au milieu dont ils sont issus ? »
Selon un sondage de l’agence PAQ Research, environ un tiers des quelque 300 000 réfugiés ukrainiens qui séjournent toujours en Tchéquie entend y rester. Leur avenir apparaît pourtant incertain dans la mesure où la majorité d’entre eux ne bénéficie que d’un visa de protection temporaire, et donc à durée limitée. « Il existe donc un grand écart entre la volonté déclarée du gouvernement tchèque de mettre les moyens nécessaires en œuvre pour favoriser l’intégration des réfugiés ukrainiens et les paramètres de sa politique migratoire », souligne ainsi encore HlidaciPes.
Une politique fiscale qui profite aux retraités au détriment des jeunes ?
« Pourvu que les plus jeunes puissent, eux aussi, influencer la vie future en Tchéquie » est le titre percutant d’un article publié dans le quotidien Deník N. Celui-ci constate que ce sont habituellement les personnes âgées qui décident de l’avenir du pays :
« Une nouvelle fois, et en dépit de l’évolution désastreuse du budget de l’État, le débat dans l’espace public tourne principalement autour des retraites. Les récentes difficultés relatives à la revalorisation des retraites en disent long. Comme les retraités sont la seule catégorie de la population à laquelle une valorisation est garantie par la loi, la question suivante se pose : pourquoi l’État lui fait-elle tellement d’avances ? La réponse est évidente : les retraités, dont le nombre s’élève à 2,4 millions, représentent une importante force électorale. »
Mais en Tchéquie vivent aussi près de deux millions de jeunes âgés de moins de 18 ans, dont la voix n’est pas entendue ou écoutée dans le débat public. Cette voix, comme le souligne le journal, est ignorée aussi lors des élections. Ce sont pourtant ces deux millions de futurs électeurs qui auront à supporter, ne serait-ce que pendant un certain temps, les conséquences des décisions prises par une catégorie de la population avec laquelle ils ne sont pas sur la même longueur d’ondes.
La prévention et la pensée critique face aux fausses informations
Coorganisateur des manifestations contre le gouvernement, Ladislav Vrábel a été récemment condamné à quatre mois de prison avec sursis pour avoir diffusé de fausses informations. Il prétendait que le gouvernement voulait utiliser des armes nucléaires contre la Russie et que la Tchéquie serait la cible d’une riposte. L’éditorialiste de l’hebdomadaire Respekt observe à ce propos :
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« Aussi vaste soit-elle, permettant même de propager des nons-sens, la liberté d’expression a néanmoins ses limites. La justice a donc réagi comme il le fallait, et ce bien que l’accusé prétendait être la victime d’un procès politique. Comme l’a expliqué le juge, certaines désinformations peuvent en effet faire paniquer le public. »
Cela dit, ce n’est pas à la justice de lutter contre la désinformation. La prévention et le développement de la pensée critique sont plus importants, toujours selon Respekt. « Une mission qui met en relief le rôle des sciences humaines qui, en tchéquie, sont sous-estimées et sous-financées », ajoute-t-il.
Andrej Babiš en compagnie d’ultra-conservateurs à Budapest
« Les populistes dans l’opposition se radicalisent », constate le journal en ligne Deník Referendum, comme le confirmerait la participation de l’ancien Premier ministre Andrej Babiš, chef du mouvement ANO, et de Janez Janša, ex-chef du gouvernement slovène, à la Conservative Political Action Conference organisée cette semaine à Budapest par Viktor Orban :
« Janša s’était jusqu’ici présenté comme un fort défenseur du président ukrainien Volodymyr Zelensky, ce qui ne correspond pas au regard porté sur l’agression russe par Viktor Orban, tandis que le mouvement ANO de Babiš est membre du groupe européen libéral Renew Europe. Or, même si, de prime abord, leur participation peut sembler étonnante, tout indique qu’il s’agit d’une démarche stratégique réfléchie de leur part. L’année prochaine, en effet, la Tchéquie et la Hongrie auront les élections au Parlement européen, lors desquelles les deux hommes espèrent s’imposer avec un programme eurosceptique. Ils cherchent donc à devenir les leaders de ce spectre politique dans leurs pays. »
Comme l’affirme encore Deník Referendum, l’évolution politique de Babiš et de Janša montre clairement jusqu’où les politiciens populistes sont prêts à aller dès qu’ils perdent les élections. Bien que déclarant verbalement leur soutien à l’Ukraine, ils n’hésitent néanmoins pas à se ranger aux côtés de ceux dont les positions sont à cet égard discutables.
La crise des bars et restaurants dans les villages tchèques
« Catastrophe. Tel est le mot qui décrit le mieux la situation des ‘hospody’ (brasseries-restaurants) dans les villages tchèques », avertit le site Novinky.cz, qui précise à ce propos :
« Ces quatre dernières années, plus de 1 300 brasseries-restaurants, soit environ 15 % de leur nombre initial, ont fermé leurs portes. Ces données reccueilles par la brasserie Prazdroj de Plzeň se rapportent aux communes de moins de 5 000 habitants. Dans toute la Tchéquie, la baisse du nombre de brasseries-restaurants, les autres lieux de restauration commes les bistros et les cafés mis à part, s’élève à environ 3 000. »
L’inflation et le coût de lavie sont les deux principaux facteurs de cette disparition des brasseries-restaurants dans les villages tchèques. Comme on peut encore le lire, les gens qui vivent à la campagne ou dans les petites villes commencent à changer leurs habitudes et préfèrent consommer la bière chez eux, par exemple dans dans le jardin avec leurs amis. « Seuls les restaurants et les brasseries de Prague voient encore leurs recettes augmenter », constate en conclusion Novinky.cz.
Le rating de la Tchéquie s’améliore
La Tchéquie possède désormais le même rating que la France. C’est ce que remarque le site Echo24.cz :
« Pour la première fois dans l’histoire, la Tchéquie a ‘rattrapé’ la France. Comme le rating de cette dernière se détériore régulièrement ces vingt dernières années, il est possible que la Tchéquie devance même la France dans un proche avenir. Selon l’agence Fitch, il n’y a aujourd’hui plus que cinq pays de la zone euro, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, le Luxembourg et la Finlande, qui possèdent un meilleur rating. C’est là une situation inédite. »
Ce constat soulève aussi la question de l’intérêt pour la Tchéquie d’intégrer la zone euro. « On ne peut plus parler de celle-ci comme d’un club d’élite », estime encore Echo24.cz.