Des pertes record en 2013 pour le groupe de médias du ministre des Finances

Photo: Archives de Radio Prague

Le groupe de médias Mafra, qui édite plusieurs quotidiens parmi les plus lus du pays, les journaux d’orientation libérale Mladá fronta Dnes et Lidové noviny, dont les rédactions partagent le même bâtiment à Prague, ou encore le gratuit Metro, et qui détient également le site Internet iDnes.cz, a enregistré selon le magazine Forbes des pertes record en 2013. Elles se sont élevées entre 700 et 750 millions de couronnes (soit entre 25 et 27 millions d’euros environ). Le site Mediář.cz, qui s’intéresse aux médias, cite lui le chiffre de 100 à 150 millions de couronnes de pertes (de 3,7 à 5,5 millions d’euros) issu de l’indicateur EBITDA, qui correspond à l’excédent brut d’exploitation (c’est-à-dire au résultat d’exploitation avant amortissement) et qui refléterait mieux la situation de l’entreprise.

Photo: Archives de Radio Prague
Mafra a ainsi vécu une année 2013 particulièrement agitée puisqu’il a été en juin racheté par Andrej Babiš, le propriétaire milliardaire du groupe agroalimentaire Agrofert. A la tête d’un mouvement politique récemment créé, l’Action des citoyens mécontents (ANO), l’homme d’affaires d’origine slovaque a réalisé un résultat spectaculaire aux élections législatives en octobre, après avoir investi près de quatre millions de couronnes (150 000 euros) en publicité dans les médias qui lui appartiennent. Le parti a pris part à la composition d’une coalition gouvernementale aux côtés des sociaux-démocrates et des chrétiens-démocrates et Andrej Babiš est devenu le vice-premier ministre de ce cabinet en même temps que le ministre des Finances.

Ces offensives dans les mondes des médias et de la politique ne devaient selon ses mots pas entraîner de bouleversements dans les rédactions dont il est désormais le propriétaire. Pourtant à l’automne, les rédacteurs en chef des quotidiens Mladá fronta Dnes et Lidové noviny ont tous les deux mis les voiles. L’un d’entre eux, Robert Čásenský, a justifié explicitement son choix par l’identité du nouveau propriétaire du journal, et les conflits d’intérêts évidents qui naîtront inévitablement de cette situation d’imbrication des champs politique, économique et médiatique. Considéré par le magazine Forbes comme l’homme disposant du plus grand pouvoir d’influence en République tchèque en 2014, Andrej Babiš envisageait à l’époque même de ces départs l’entrée en bourse du groupe Mafra et investissait dans le monde radiophonique en achetant la radio privée la plus écoutée du pays, Radio Impuls.

Bénéficiaire à hauteur de 88,6 millions de couronnes (3,24 millions d’euros selon le cours actuel de la couronne) en 2011, Mafra a vu ses comptes entrer dans le rouge l’année suivante avec 168 millions de couronnes de pertes (6,15 millions d’euros).