Des petits cigogneaux et leur père veuf suscitent un élan de solidarité dans un village tchèque
Une affaire de nid de cigogne très suivie : non, il ne s’agit pas, pour une fois, des procédures judiciaires du Premier ministre tchèque, mais d’un vrai nid de cigogne, perché au-dessus de la commune de Mladé Buky, que les internautes peuvent observer 24h/24 grâce à une caméra. On peut y suivre trois cigogneaux nourris par leur père veuf et par des habitants du village qui leur viennent en aide.
Il y avait en moyenne 2000 personnes qui regardaient ce mercredi matin les trois cigogneaux dans leur nid pendant que leur père était parti chercher à manger. Baptisé Bukáček, en référence au nom de la localité, ce papa cigogne a suscité l’intérêt et un élan de solidarité bien au-delà de Mladé Buky (dans la région des Monts des Géants) après la mort de sa partenaire, électrocutée il y a une dizaine de jours par une ligne à haute tension.
Jiří Zeman est ingénieur et a installé la caméra qui diffuse en direct sur YouTube :
« On avait déjà installé une caméra l’année dernière, la femelle était également morte accidentellement et hélas aucun des cigogneaux n’avait survécu. Cette année, sans notre aide, ils ne pourraient pas survivre non plus car les parents doivent en général se relayer pour couver et chercher de la nourriture. »
Avec son ami paysagiste Šándor Havrán, Jiří Zeman se relaie donc pour monter sur une échelle à plusieurs mètres de hauteur et apporter de la nourriture en tout genre aux cigogneaux.
Jiří Zeman : « Nous devons monter plusieurs fois par jour et nous leur apportons des petits poissons pour les petits, des plus gros poissons pour le père. Avant, on lui apportait aussi des souris mais il a trop pris goût au poisson et il n’en veut plus... On ne peut pas les nourrir quand il pleut parce qu’il s’enfuit quand nous montons et les petits doivent rester au sec cachés sous leur père pour ne pas être mouillés. »
Les cigogneaux étaient encore au nombre de quatre jeudi soir, mais Bukáček a sacrifié le plus faible de ses petits vendredi - une pratique relativement courante chez ces échassiers. Les trois survivants ont déjà bien grandi en quelques jours et n’ont plus besoin cette semaine que de deux repas complémentaires par jour de la part des humains.
Une collecte a été organisée pour les nourrir.
Jiří Zeman : « On a créé un compte transparent et on ne s’attendait pas du tout à ce que les gens donnent autant. La semaine dernière, on avait déjà reçu plus de 300 000 CZK et en fait l’argent va aller en très grande partie aux ornithologues du refuge pour animaux de la ville voisine de Jaroměř. Ce sont eux qui nous ont le plus aidés et donnés des conseils sur comment nous occuper du nid et des cigogneaux. »
Le sort de ces petits oiseaux et de leur géniteur passionne au-delà des frontières tchèques, particulièrement chez les voisins polonais mais aussi ailleurs dans le monde, à en croire les commentaires laissés dans plusieurs langues sous la vidéo.
Pour la petite histoire, dans un pays où de nombreuses personnes portent des noms d’oiseau, les patronymes des sauveteurs de ces volatiles, MM. Havrán et Zeman, signifient en français corbeau et hobereau.
