Des touristes étrangers qui tardent à revenir en République tchèque

Pont Charles

Malgré leur retour partiel, Prague et la République tchèque restent confrontées à une réduction drastique du nombre de touristes étrangers. Pour beaucoup de professionnels de l’activité, les visiteurs tchèques et les séjours de particuliers, essentiellement européens, ne suffisent pas à compenser les pertes. Le tourisme d’affaires et les voyages de groupes ont ainsi été abandonnés, tandis que les touristes asiatiques, russes ou encore américains ont disparu du paysage.

Photo: Michal Kmínek,  CC BY-SA 3.0

Il suffit d’emprunter, même aux heures de grande fréquentation, la voie dite « royale » qui, habituellement, mène les touristes du monde entier depuis le quartier du Château ou de Malá strana jusqu’à la place de la Vieille ville et à son horloge astronomique, en passant par l’inévitable pont Charles, pour se rendre compte que le retour à la normale n’est pas encore une réalité.

Certes, les touristes étrangers sont revenus à Prague, mais il ne s’agit encore très majoritairement que de séjours de particuliers, et, loin s’en faut, il ne s’agit plus de phénomène de masse d’avant la crise du coronavirus. Et ce, pas même en ce début de mois de septembre pourtant largement ensoleillé :

« Si je dis septembre ou octobre, toutes nos salles étaient occupées à 100 %, à l’exception des week-ends », explique par exemple Vlastislav Šos, directeur général de la chaîne d’hôtels Olympik à Prague, dans une salle de congrès qui sonne désespérément creux. Comme depuis plusieurs mois déjà, les dix-neuf salles que compte l’hôtel, qui peuvent accueillir jusqu’à 700 personnes, restent désormais inoccupées l’essentiel du temps.

L’hôtel Olympik | Photo: Martin2035,  Wikimedia Commons,  CC BY 3.0

Avant l’arrivée de la première vague de l’épidémie de Covid-19 au printemps 2020, conférences, salons, réunions et formations les plus diverses s’y tenaient pourtant. Aujourd’hui, plus rien de tout cela n’est organisé à Prague, qui était pourtant une destination privilégiée, comme le constate encore Vlastislav Šos :

« A cette période de l’année, si on prend concrètement le mois de septembre, le tourisme de congrès battait son plein. C’est désormais un secteur du marché qui s’est complètement écroulé. Nous n’avons pratiquement plus aucune demande. Nous avions pourtant une importante clientèle d’Allemagne, d’Autriche, de France, de Russie ou de Corée, c’était une activité très intéressante pour nous. Le tourisme de congrès est en ruines et j’imagine qu’il faudra encore au moins un an avant d’assister à une éventuelle relance. »

Centre de congrès de Prague | Photo: Jan Polák,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0

Ces salles vides sont synonymes aussi, forcément, de chambres vides. Toujours selon Vlastislav Šos, seulement 20 % des chambres des hôtels sont occupées et la part des clients étrangers reste faible.

Les agences de voyages sont confrontées aux mêmes difficultés. Spécialisée dans l’accueil de groupes étrangers en Europe centrale, la société D.I.R. Bohemia, qui est basée à Prague, s’occupait ainsi dans un passé encore relativement récent des séjours de quelque 30 000 étudiants italiens chaque année, curieux de découvrir les monuments et de profiter des plaisirs de la capitale. Là aussi, son directeur Karel Výrut confirme qu’une croix a dû être faite sur ce type de clientèle :

Photo illustrative: VisionPic.net,  Pexels

« Le tourisme des jeunes est complètement mort, et ce, forcément, puisque les écoles étaient soit fermées, soit partiellement ouvertes et elles avaient naturellement d’autres préoccupations que d’organiser des voyages à l’étranger. Mais les Chinois aussi ont disparu, on ne voit plus de Russes non plus, et c’est le même constat pour les Coréens du Sud et les Américains. Plus généralement, c’est l’ensemble des Asiatiques qui ont cessé de voyager dans la région. »

Même les voisins allemands, qui sont traditionnellement les touristes étrangers les plus nombreux, sont moins présents malgré la proximité géographique et culturelle. Depuis le 1er septembre et l’application d’une nouvelle mesure anti-Covid, les Allemands qui ne sont pas vaccinés sont tenus de respecter un placement en isolement de cinq jours après leur arrivée sur le territoire tchèque. Conséquence de quoi, nombre de voyages ont été annulés ou, dans le meilleur des cas, remis à plus tard. Karel Výrut donne un exemple concret de l’évolution de la situation :

Musée juif à Prague | Photo: Thomas Ledl,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 4.0 DEED

« Nous devions cette semaine nous occuper d’un grand séjour de Juifs ultra-orthodoxes d’Allemagne, mais ils ont finalement préféré ne pas voyager. Je vous parle là d’un groupe de quatre-vingt-dix personnes, ce qui n’est quand même pas rien… Nous avons dû tout annuler : les repas qui avaient été réservés dans des restaurants casher, les entrées au Musée juif, au Château de Prague, les services des assistants… »

Les fréquentes modifications apportées par le gouvernement aux règles d’entrée pour les étrangers en République tchèque sont régulièrement critiquées par l’Association des agences de voyage. Et puisqu’il est parfois difficile pour eux de s’orienter dans les restrictions concrètement en vigueur, Jan Papež, qui est le vice-président de l’Association, déplore que beaucoup de touristes susceptibles de voyager en République tchèque préfèrent finalement choisir une autre destination :

Photo illustrative: Michaela Danelová,  ČRo

« La raison pour laquelle nous avons intégré l’Union européenne était que nous pouvions voyager librement en Europe, mais cette liberté ne fonctionne pas actuellement. Le travail consistant à informer le monde extérieur des conditions d’entrée et de séjour en République tchèque repose sur nos épaules. Mais cela n’empêche pas que les restrictions restent le plus gros obstacle que les touristes étrangers doivent surmonter. »