Tourisme : « La reprise de l’activité dans certains segments va prendre encore beaucoup de temps »
A Prague comme ailleurs dans le monde, le secteur touristique panse ses plaies après cette période extraordinaire pendant laquelle la pandémie a figé la planète. Avec l’ouverture des frontières, les liaisons internationales, par route, sur rails et dans les airs reprennent petit à petit. Quelles sont les perspectives pour la fin de l’année et les mois suivants ? Roman Ray Straub travaille pour AIM Group, dont il dirige à Prague le bureau régional :
« Cela fait trente ans que je travaille dans l’hôtellerie, j’ai aussi récemment dirigé le Centre des congrès de Prague et depuis octobre je gère pour le AIM Group les bureaux de Vienne, Prague et Budapest. On organise des excursions, des congrès, des événements (DMC, PCO, MICE)… »
Comment se sont passés les derniers mois pour vous ?
« J’étais à Vienne le 12 mars et l’ambassade d’Allemagne, dont je suis citoyen, m’a indiqué qu’il me fallait retourner sur mon lieu de résidence, donc ici à Prague. J’ai pris le train et j’ai pu continuer à aller au bureau tous les jours, tandis que les collègues étaient en contact grâce au télétravail. Maintenant on se retrouve au bureau, dans la limite imposée par les règles encore en vigueur. »
Vos affaires ont-elles été stoppées du jour au lendemain ?
« Oui, il faut les penser d’une autre façon. Je viens d’ailleurs de sortir de la réunion annuelle du Prague Convention Bureau, dont nous sommes membres. Il y aurait dû y avoir un congrès en mars à Prague au Centre des congrès – il a d’abord été repoussé de quelques semaines avant d’être à nouveau planifié dans deux ans. Dans toutes les annulations, la plus dure a été un congrès prévu en mai à Paris avec 7000 personnes et en fin de compte il a été organisé de manière virtuelle. »
L’activité reprend-elle petit à petit en cette fin du mois de juin ?
« Je suis un optimiste de nature, j’ai déjà vécu dans onze pays, j’étais à NYC le 11 septembre, j’ai vécu des cyclones sur Saint-Martin, mais le COVID-19 c’est une très grande affaire, qui va tous nous affecter dans beaucoup de secteurs… »
« Pour le moment, il faut différencier les segments. Pour ce qui concerne les congrès, les groupes et tout ça, pour cette année c’est très difficile. On a très peu de visibilité sur le futur. Certains hôtels à Prague s’en sortent pas mal. Il y a aussi des aides des différents Etats. Mais les activités liées à la gastronomie, au congrès et tout ça, malheureusement ça va prendre beaucoup de temps pour reprendre. »
Avez-vous déjà bénéficié de ces aides publiques ?
« Oui, nous avons déjà reçu de l’argent de l’Etat tchèque. En Autriche aussi. Et puis on a eu recours au chômage partiel, le ‘kurzarbeit’. Les programmes sont différents selon les pays. »
Certains avancent déjà que l’été 2021 ressemblera beaucoup en matière de tourisme aux étés précédant la pandémie. Qu’en pensez-vous ?
« C’est très simple selon moi : tout va dépendre d’une potentielle deuxième vague et également surtout du trafic aérien. A Vienne, l’aéroport est à 15% du trafic avant le coronavirus. Le 1er juillet, bon nombre de vols devraient reprendre. Mais je pense que pour certains grands marchés importants pour l’hôtellerie européenne, comme le marché américain, cela va encore prendre du temps pour que les gens se décident à venir en Europe. »
Qu’avez-vous pensé des mesures prises en Tchéquie pour lutter contre l’épidémie ?
« J’ai trouvé très bien que des mesures aient été prises rapidement d’une manière uniformisée, pas comme dans certains pays fédéraux voisins, où les décisions étaient prises Land par Land… »