Deux duels tchéco-français « au sommet » à Prague avant l’Euro de basket féminin

Photo: CTK

En pleine préparation en vue du championnat d’Europe, les équipes féminines de République tchèque et de France se sont affrontées deux fois à Prague la semaine dernière. Même s’il manquait forcément le parfum de la compétition, ces deux oppositions n’en étaient pas moins intéressantes entre deux des meilleures nations de basket féminin en Europe et dans le monde.

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Deux matchs entre une équipe vice-championne du monde en titre, la République tchèque, et une autre championne d’Europe en titre, la France : c’est le programme de gala qui était proposé aux amateurs de basket féminin jeudi et vendredi derniers à Prague. Ces deux matchs s’inscrivaient dans le cadre de la préparation au Championnat d’Europe féminin qui se tiendra en Pologne du 18 juin au 3 juillet prochains. Comme souvent ces dernières années, la République tchèque et la France feront partie des favorites de cet EuroBasket qui, au-delà de la compétition pour l’obtention du titre continental, aura la particularité de qualifier les cinq premières équipes du tournoi pour les Jeux olympiques de Londres en 2012.

Ces deux matchs se sont soldés par deux victoires de la France. Face à une équipe tchèque privée de sa meneuse de jeu Hana Horáková-Machová, élue meilleure joueuse européenne en 2010, et dont l’entraîneur avait décidé de procéder à une large revue d’effectif, les Bleues se sont d’abord imposées de 14 points jeudi (74-60) puis de 11 points vendredi (63-52). Deux victoires dont a toutefois relativisé la valeur l’entraîneur français, Pierre Vincent, comme il l’a confié au micro de Radio Prague à l’issue du second match :

« Ce n’était pas l’équipe qui a été sacrée vice-championne du monde. C’est l’équipe tchèque de l’année dernière qui l’a été. Au-delà de cet aspect, ce qui nous intéressait d’abord aujourd’hui, c’était la façon de développer notre jeu défensif, car nous avons fait beaucoup d’erreurs sur le pick and roll et le jeu posté lors du premier match jeudi. Ce que j’ai apprécié aujourd’hui, c’est que nous n’avons pas commis d’erreurs. Nous avons été malmenés parce que nous avons raté des choses faciles en première mi-temps. Les Tchèques sont passées en zone en première mi-temps, et nous avons eu du mal à le digérer, mais en deuxième mi-temps nous nous y sommes bien adaptés. Ce sont des signes encourageants, car on peut être en difficulté et ne pas mettre de tirs comme ce soir, mais il faut quand même savoir gagner. Il faut trouver des ressources mentales et tactiques pour gagner, et ça, c’est le gros point positif de ces deux matchs. »

Qu’est-ce que ces deux matchs vous ont appris sur les points qui restent à travailler avec le début de l’Euro ?

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« Nous ne pouvons pas être trop ambitieux, car nous n’avons pas beaucoup de temps avant le championnat d’Europe. Nous allons donc essayer de régénérer, de tirer beaucoup, nous n’allons pas changer grand-chose sur la qualité du jeu que nous avons produit. Ce qu’il faut peut-être, c’est l’esprit sur jeu, c’est-à-dire que sur fille à fille nous avons tendance à jouer les formes courtes, à chercher les transitions un peu vite, nous ne sommes pas assez patients quand nous ne scorons pas. Il faut donc être vigilant sur ce point. Et puis sur zone, quand nous ne scorons pas, nous manquons d’agressivité. Ce sont donc les grandes lignes sur lesquelles il va falloir que nous progressions. »

Un mot sur l’équipe tchèque…

« C’est une grande équipe. Evidemment, le fait que Horáková-Machová ne soit pas là change un peu leur effectif. Et puis Jana Veselá et Ilona Burgrová n’ont pas non plus joué ce deuxième match. Mais, à la limite, leurs petites nous ont posé plus de problèmes que leurs grandes… Elles ont un réservoir assez important, il faut que les jeunes joueuses prennent leur place, c’est tout. Nous sommes donc contents d’avoir gagné, mais l’équipe vice-championne du monde, c’était celle de l’année dernière. »

L’équipe de France se rend-elle au championnat d’Europe pour défendre son titre, ou la priorité sera-t-elle la qualification pour les Jeux olympiques ?

« Nous ne défendons rien. Nous y allons plutôt pour conquérir une place pour les JO. Finir dans les cinq premiers est donc l’objectif plancher, et puis nous irons le plus haut possible si nous en avons l’énergie, la chance et le courage. »

Lubor Blažek,  photo: CTK
Pour le deuxième match, vendredi, l’entraîneur tchèque, Lubor Blažek, avait donc choisi de se priver de certaines de ses joueuses cadres comme l’ailière Jana Veselá ou la pivote Ilona Burgrová (qui portait le maillot de Bourges dans le championnat de France ces deux dernières saisons), et ce afin de donner leur chance aux plus jeunes du groupe. A la sortie du parquet, Lubor Blažek a fait un gros effort pour analyser en français le contenu de cette double confrontation tchcéo-française et les perspectives et les objectifs de son équipe avant le début du championnat d’Europe. On écoute l’entraîneur tchèque Lubor Blažek :

« Nous avons perdu deux fois parce que les Françaises ont bien joué en défense et en attaque. Vos pivotes sont excellentes, tandis que c’est un problème pour nous. Je pense que la France sera de nouveau championne d’Europe. »

Vous avez perdu ces deux matchs en vous faisant décrocher au score à chaque fois en deuxième mi-temps. Comment l’expliquez-vous et est-ce un point sur lequel il vous faut encore travailler avant l’Euro ?

« Nous avons changé cinq joueuses et c’est beaucoup non seulement pour nous, mais aussi pour toutes les équipes, y compris pour la France ou la Russie. Avant la France, nous avions gagné certes contre la Russie, et c’était un bon résultat. Mais il y a encore devant nous beaucoup de travail en attaque, la très bonne et très dure défense française nous en a donné la confirmation. »

Ce sont des matchs de préparation, on sait bien que le résultat n’est pas le plus important. Malgré tout, le fait de perdre deux fois de suite contre la France, une équipe comme la vôtre candidate au podium, ne vous inquiète-t-il pas ? Ce n’est jamais très bon pour le moral. Même si ce ne sont que des matchs de préparation, on n’aime pas perdre…

« C’est vrai. Mais demain (samedi dernier), je dois choisir les 12 joueuses qui participeront au championnat d’Europe. C’est la raison pour laquelle j’ai procédé à tous ces changements. Par conséquent, le résultat était secondaire. Nous avons perdu de 11 points ce deuxième match, mais je pense que ça reste quand même un bon résultat pour nous, parce que nous avons fait tourner les 12 joueuses inscrites sur la feuille de match et avons fait joué les jeunes aussi. Normalement, il n’est pas possible de joueur contre une équipe comme la France avec 12 joueuses. Si nous voulons avoir nos chances, nous ne pouvons joueur qu’avec 7 ou 8 joueuses. »

Hana Horáková-Machová ne participera pas à l’Euro. Comment comptez-vous compenser son absence ? Votre équipe va-t-elle jouer différemment ?

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« Oui, c’est un problème. Horáková est une super meneuse de jeu. Sans elle, nous n’avons pas une bonne cohésion en attaque. Elle était aussi très bonne pour motiver l’équipe… Mais elle n’est pas là et il faut faire avec. Nous avons une nouvelle équipe et il faut travailler avec cette équipe. »

Et quels seront les objectifs de cette nouvelle équipe à l’Euro ?

« Ce que je vois, ce sont les Jeux olympiques. Tout classement entre la première et la cinquième place sera donc très bien. »

Pas de médaille ?

« Je serai aussi très content avec une 4e ou une 5e place, car ce ne sera pas facile. Il suffit de voir toutes les équipes qui ont le même but : la Biélorussie, la Pologne, la France, la Russie, la Grèce… Je compte sur huit équipes qui lutteront pour ces cinq premières places qualificatives. »

En cas de qualification, les Tchèques participeraient à Londres à leurs deuxièmes Jeux olympiques consécutifs après Pékin en 2008, où elles s’étaient classées 7es. Quant au championnat d’Europe, si les Françaises sont donc les tenantes du titre, les Tchèques, elles, attendent une médaille depuis 2005, année historique marquée par la conquête de leur seule et unique médaille d’or jusqu’à présent.