Deux Tchèques arrêtés à Cuba doivent être jugés devant le tribunal cubain
L'arrestation, vendredi dernier, de deux ressortissants tchèques à Cuba, Ivan Pilip - député du Parlement, et Jan Bubenik, qui travaille dans une agence de recrutement américaine, a pris un tournant dramatique. Au lieu d'une expulsion à laquelle on s'attendait, mardi, ils ont été inculpés d'être agents américains, une raison de les traduire devant le tribunal cubain. Le même jour, ils ont été transférés à la prison redoutée de Villa Marista réservée aux prisonniers politiques. Jaroslava Gissubelova.
Deux fois, dans la journée de mardi, le vice-ministre tchèque des Affaires étrangères, Hynek Kmonicek, a rencontré le chargé d'affaires cubain, David Paulovich. Il lui a soumis une liste de questions auxquelles la partie tchèque attend une réponse de La Havane. Le fait que le député d'un pays étranger soit traduit devant le tribunal cubain est sans précédent. Jusqu'à maintenant, seuls les dissidents cubains ont été condamnés pour activité subversive dont les deux Tchèques sont inculpés. Les autorités cubaines n'ont fourni, jusqu'à mercredi, aucune explication officielle à la partie tchèque. Tout a été dit dans l'organe de presse du parti, Granma, disent-elles. Le journal en question qualifie le voyage privé de Ivan Pilip et Jan Bubenik d'action de la mafia américano-cubaine ayant pour but d'entrer en contact avec les éléments de la contre-révolution, de leur remettre des instructions et de l'argent. Pilip et Bubenik ont voyagé à Cuba via New York , Miami et Cancun, au Mexique. Par le même chemin arrivaient à Cuba des émissaires de l'organisation Freedom House créée par l'administration américaine en vue de financer les dissidents, lit-on dans le journal. Le ministère tchèque des Affaires étrangères rejette ces accusations comme absurdes, motivées par des raisons politiques. L'exilé cubain aux USA, Javier de Cespedes, considère cette affaire comme un geste de pression visant à empêcher que la République tchèque soumette, cette année, la résolution condamnant Cuba pour la violation des droits de l'homme. Il indique, dans le journal Mlada fronta Dnes, que le régime cubain dispose, pour des cas pareils, de la fameuse loi numéro 88. Aux termes de cette loi, les Cubains entretenant les contacts avec les étrangers peuvent être condamnés à 20 ans de prison, et les étrangers à une peine allant jusqu'à 5 ans.