Discours du Nouvel An : Václav Klaus est enthousiaste, Václav Havel moins…

Václav Klaus, photo: CTK

« Tout porte à croire que cette année sera plus calme et, dans une certaine mesure, plus prometteuse que les années précédentes. Il est fort probable que cela ait un effet positif sur nos vies privées. » C’est sur ce ton optimiste que le président de la République, Václav Klaus, a adressé, le 1er janvier 2011, ses vœux à ses concitoyens.

Václav Klaus,  photo: CTK
Un optimisme qui est loin d’être partagé par tous. Comme le remarque Jindřich Šídlo dans le journal économique Hospodářské noviny, en faisant allusion à la baisse de salaires dans la fonction publique : « un nombre non négligeable de personnes trouveront, sur leurs feuilles de paye, des sommes beaucoup moins importantes que l’année dernière. »

« Au début de cette nouvelle année, je voudrais exprimer mon soutien à l’actuel gouvernement, en espérant qu’il a tiré une expérience de la crise qu’il a traversée avant Noël. Nous avons besoin d’un gouvernement stable et fonctionnel dont la cohésion sera assurée par les intérêts de la République tchèque. Une cohésion qui ne sera pas menacée pas les intérêts de certains partis politiques, intérêts, certes, légitimes, mais trop étroits. »

Václav Havel
Ces propos de Václav Klaus, dont le mandat présidentiel expire dans deux ans, sont largement commentés dans la presse : « C’est une nouveauté chez Václav Klaus : à la fin de sa présidence, il trouve enfin un langage commun avec l’équipe gouvernementale », écrit Jiří Kubík dans son article pour le quotidien Mladá fronta Dnes, intitulé « Les dernières années merveilleuses avec Klaus ou vers un happy end ». Une équipe gouvernementale « instable », selon Hospodářské noviny, qui doit mettre en place les réformes « les plus importantes depuis quinze ans ».

Ces réformes sont appuyées par l’actuel chef de l’Etat, ainsi que par son prédécesseur Václav Havel, interrogé, le 2 janvier, par la Télévision tchèque :

« Durant les 13 ou 14 années de ma présidence, j’ai connu beaucoup de ministres de la Santé et du Travail et des Affaires sociales. Je les ai tous nommés. Et ils m’ont tous parlé, lors de nos premiers entretiens, des réformes planifiées, réformes de la Santé publique, réformes des retraites… Ces choses-là me viennent à l’esprit lorsque j’entends dire que le gouvernement actuel est celui qui lancera ces réformes. Je souhaite que ce soit vrai, je le souhaite à tous les citoyens. Mais mon enthousiasme est freiné par le fait que tous les gouvernements et tous les ministres en parlent depuis 21 ans. »

Václav Klaus et Václav Havel ont, tous deux, exprimé leur soutien aux nouvelles formations et nouvelles personnalités politiques. Une attitude inhabituelle chez le président Klaus qui, comme le rappelle Hospodářské noviny, avant les élections législatives de mai dernier « mettait en garde contre TOP 09 et Affaires publiques », deux nouveaux partis devenus par la suite membres de la coalition gouvernementale.

Par contre les médecins tchèques qui sont à présent près de 4 000 à vouloir démissionner pour protester contre leurs bas salaires et le système de la Santé publique en général, n’ont pas, quant à eux, échappé à la critique du chef de l’Etat :

« A une certaine époque, cela avait peut-être un sens de partir à l’étranger pour vivre mieux. Mais aujourd’hui, ce n’est absolument plus le cas. Les appels qui incitent les représentants de certaines professions à partir massivement, collectivement et d’une manière organisée à l’étranger, ces appels sont inacceptables. C’est un chantage inadmissible. »

Photo illustrative: Barbora Němcová
« S’il y a lieu de parler de chantage, c’est l’Etat tchèque qui nous exploite, nous, les médecins, par son évaluation de notre travail », a rétorqué Martin Engel, président de l’Union des médecins tchèques. Selon Zbyněk Petráček du quotidien Lidové noviny, le président a « saisi cet aspect qui trouve toujours un écho chez les Tchèques », c’est-à-dire une certaine hostilité à l’encontre des émigrés, hostilité mêlée à la jalousie et qui date de l’époque communiste.

Considéré tout de même comme le plus conciliant de tous les discours du Nouvel An de Václav Klaus, les médias tchèques ont accordé une place aussi importante aux propos de Václav Havel. Ils ont relevé en particulier deux opinions de l’ancien président : son attitude favorable à l’adhésion de la République tchèque à la zone euro, ainsi que son soutien au projet d’une élection du président tchèque au suffrage universel. La première élection pourrait avoir lieu à la fin de 2012.