Disparition de Jarmila Bělíková, ancienne dissidente et fondatrice du VONS

Les obsèquesde Jarmila Bělíková, photo: CTK

De nombreuses personnalités des milieux de l’ancienne dissidence tchèque, parmi lesquelles l’évêque Václav Malý, ont assisté ce vendredi, au cimetière de Prague-Strašnice, aux obsèques de Jarmila Bělíková, signataire de la Charte 77, fondatrice du VONS – le Comité de défense des personnes injustement poursuivies, femme persécutée et emprisonnée sous le régime communiste. Jarmila Bělíková est décédée jeudi dernier à l’âge de 62 ans.

Les obsèquesde Jarmila Bělíková,  photo: CTK
Diplômée de médecine, Jarmila Bělíková travaillait dans les années 1970 comme psychiatre dans un établissement de traitement anti-alcoolique pour femmes, puis comme travailleuse sociale spécialisée dans la problématique rom. Après avoir signé la Charte 77, elle a été licenciée par la mairie et employée comme femme de service. En avril 1978, elle a fondé avec seize autres personnes le VONS. L’ancien dissident Jan Ruml rappelle quelle était sa place au sein de ce comité :

Jarmila Bělíková,  photo: www.vons.cz
« Outre les activités d’édition consistant à documenter les différents cas de personnes poursuivies ou emprisonnées pour leurs convictions ou victimes de l’arbitraire policier et judiciaire, la tâche des membres du VONS était de se rendre dans les salles d’audience en tant que témoin des procès pour en publier ensuite des comptes-rendus. Jarmila était très active, elle voyageait à travers le pays pour pouvoir être présente aux procès. Souvent, elle s’est vue refusée l’entrée et devait passer de longues heures devant le bâtiment du tribunal. Elle rédigeait et envoyait à l’étranger des comptes-rendus sur le déroulement des procès. L’inoubliable Ivan Medek, de la radio La voix de l’Amérique, les lisait ensuite dans les émissions nocturnes. »

En mai 1979, Jarmila Bělíková a été arrêtée par la police, avec onze autres membres du VONS, dont Václav Havel, Petr Uhl ou Jiří Dienstbier. Sans jugement, elle a été envoyée pour sept mois en prison. En 1989, elle est retournée à son travail de psychologue. Pour Jan Ruml, qui l’aidait dans sa lutte contre le cancer, Jarmila Bělíková restera une femme courageuse et optimiste en toutes circonstances :

En 2001,  le président Václav Havel avait décoré Jarmila Bělíková de la médaille du mérite pour la République tchèque,  photo: CTK
« Je me souviendrais d’elle comme d’une brave femme qui avait aussi un grand sens de l’humour. Dans les années 1980 elle a fondé, avec Olga Havlová, une association, Hrobka – Crypte, qui publiait des livres underground. En ces temps mornes, c’était une tentative visant à montrer au régime qu’il n’avait pas le monopole et qu’il ne dominait pas les âmes et les esprits de ses opposants. »

En 2001, le président Václav Havel avait décoré Jarmila Bělíková de la médaille du mérite pour la République tchèque.