Dix ans depuis la disparition de Filip Topol, grande figure de l’underground
Le 19 juin dernier dix ans se sont écoulés depuis la disparition du poète et musicien Filip Topol, leader du groupe Psí Vojáci et grande figure de l’underground tchécoslovaque avant la révolution de Velours.
« J’ai parfois l'impression de dompter le piano comme un cheval sauvage, » disait Filip Topol de son jeu pour lequel le qualificatif « expressif » s’avère presque insuffisant. Parfois, il frappait si fort son piano qu’il lui arrivait de se briser les articulations et de laisser le clavier en sang.
Né le 12 juin 1965, Filip Topol a grandi dans une famille littéraire : son père est le dramaturge Josef Topol, il est également le petit-fils de l’écrivain Karel Schulz, et son frère aîné Jáchym Topol qui a écrit de nombreux textes pour les Psí Vojáci, est aujourd’hui un écrivain reconnu et traduit dans de nombreuses langues.
C’est à l’âge de treize ans seulement qu’il se produit pour la première fois devant un public : nous sommes en 1978, et c’est dans la maison de campagne du dissident et dramaturge Václav Havel que se déroule un concert historique d’un groupe de légende de l’underground, les Plastic People of the Universe. Ce sont les poursuites à leur encontre qui ont été à l’origine un an auparavant de la naissance de la Charte 77, document fondamental de l’opposition démocratique tchécoslovaque.
Fréquenter les milieux dissidents conduit Filip Topol à être lui aussi surveillé de près par la police politique et longtemps lui et son groupe ne pourront se produire que dans le cadre de manifestations privées.
Survient la révolution de Velours, et du jour au lendemain, les personnalités du monde culturel, traitées comme des parias par le régime communiste, se retrouvent littéralement sur le devant de la scène. C'est aussi le cas de Filip Topol et de ses « chiens soldats », dont le nom est inspiré d’un groupe de guerriers dans la tribu des Cheyennes.
La résistance au régime communiste jusqu'en 1989 se mue en résistance au temps et aux tubes commerciaux, et les Psí Vojáci continuent d’être des figures de proue de la musique alternative en République tchèque après la révolution de Velours.
Personnalité complexe, Filip Topol s’est longtemps battu avec des problèmes de santé dus à une consommation abusive d’alcool. Il est mort le 19 juin 2013 à l’âge de 48 ans, des suites d’une longue maladie.