Drogues en Tchéquie : après les Roms, les usagers de l'ex-URSS sont en situation précaire

Récemment, nous avons dressé sur Radio Prague un bref bilan de la consommation de drogues dans la capitale tchèque. Retour aujourd'hui sur ce thème avec la coordinatrice du plan d'action anti-drogue de la ville de Prague, Nina Janyskova, qui évoquera deux groupes d'usagers à hauts risques, à savoir les Roms et les immigrés.

D'après les dernières estimations, quelque 32 000 Tchèques, dont 5 000 habitants de la capitale, seraient toxicomanes. Nina Janyskova est devenue coordinatrice de la lutte anti-drogue à Prague en 1995, au moment où la Tchéquie, classée jusque-là comme un simple pays de transit des drogues, devenait un marché de plus en plus important aux yeux des dealers. Le pouvoir d'achat croissant des Tchèques allait de pair avec l'augmentation de leur appétit pour le cannabis, la cocaïne, l'ecstasy, l'héroïne ou la pervitine. Aujourd'hui, les experts constatent une stabilisation du marché de la drogue en Tchéquie, tant au niveau des prix des stupéfiants qu'au niveau de la demande de la part des clients. Pourtant, certains changements sont perceptibles au sein de la société, comme l'explique Nina Janyskova :

« A une certaine époque, j'ai assisté à la naissance d'un nouveau phénomène : la toxicomanie chez les Roms. Parce qu'ils ont leurs particularités, en ce qui concerne leur mode de vie, leur perception des médicaments - c'est une question génétique - ils sont aussi plus sensibles aux drogues que le reste de la population. En plus, leur manière d'utiliser les drogues est des plus dangereuses : ils ne passent pas par un stade 'intermédiaire', comme le font les représentants de la société majoritaire, c'est-à-dire qu'ils ne 'sniffent' pas la drogue, mais l'injectent immédiatement. Souvent, ils commencent tout de suite par l'héroïne. »

Depuis quelques années, les spécialistes tchèques mettent alors en place des programmes de prévention et des services d'aide spécialement adaptés à cette minorité. A présent, leur attention se tourne vers un autre groupe spécifique de toxicomanes, vers les immigrés. Nina Janyskova :

« Parmi tous les étrangers qui vivent chez nous, ce sont les ressortissants des pays de l'ex-URSS qui sont les plus menacés. Là aussi, leur manière d'utiliser les drogues est très dangereuse. Ils ne connaissent pas les systèmes de réduction de méfaits des drogues, ils partagent le matériel d'injection, l'utilisent à plusieurs reprises, ne veulent pas entrer en contact avec les médecins et travailleurs sociaux... Ils ne savent même pas comment et où trouver les dispositifs d'aide. »

C'est sur ces toxicomanes étrangers, parfois atteints de tuberculose, du VIH et du virus de l'hépatite C, qu'est ciblée une nouvelle campagne de prévention : des brochures disponibles en russe et en tchèque devraient leur être distribuées par des travailleurs de terrain.