Ecole d’été d’études slaves : « la langue tchèque, c’est un peu ma madeleine de Proust ! »

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Chaque année, l’Université Charles accueille en son sein des dizaines de francophones venus étudier pour un mois le tchèque. C'est l'école d’été d’études slaves, et ce sont chaque jour des cours intensifs de la langue et de la culture tchèque, pour débutants, intermédiaires ou avancés. Tous viennent pour différentes raisons. Et cette semaine, tous les jours, nous écouterons leurs témoignages. Leur parcours, leur histoire et leurs ambitions. Avec pour commencer aujourd’hui un entretien avec Marie-France Louis. Elle est retraitée et vit à Nancy. Sa motivation est sans faille, pour des raisons très personnelles.

« Bonjour, je viens de Nancy, j’ai toujours rêvé d’apprendre la langue tchèque, parce que ma mère était tchèque. J’ai eu l’opportunité d’étudier le tchèque à l’université de Nancy, je l’apprends depuis 5 ans, depuis 2004, et c’est une grande aventure pour moi. »

Votre mère était tchèque, mais parlait-elle tchèque à la maison ?

« Non, ma mère ne parlait pas le tchèque à la maison, elle ne nous a pas appris cette langue car c’était probablement trop compliqué pour elle de le faire. Par contre, ma grand-mère, tchèque, qui ne parlait pas un mot de français, est venue en France pendant 3 ans, et nous avons entendu maman parler tchèque avec elle, et petit à petit nous avons réussi à retenir quelques mots, des mots d’enfants. C’est de là qu’est partie l’envie de savoir vraiment le tchèque. »

Est-ce une langue difficile pour vous ?

« Oui, c’est une langue difficile. Sincèrement, la grammaire est difficile, il est dur de se souvenir des déclinaisons, des verbes perfectifs ou imperfectifs, et encore plein de choses. Mais c’est aussi une langue qui me ravit, d’une beauté magnifique. Pour moi c’est un petit peu ma « Madeleine de Proust ». A travers certains mots, je revis des moments de mon enfance, j’entends des mots de ma grand-mère que je croyais avoir oubliés. Et en même temps, c’est extraordinaire, petit à petit, années après années, on arrive à s’exprimer en tchèque, à comprendre ce qu’on nous dit. »

Photo: Štěpánka Budková
Aujourd’hui vous êtes à Prague pour apprendre le tchèque pendant un mois. Comment vous sentez-vous avec le tchèque ? Etes-vous capable de vous en sortir dans la rue ?

« Moi avec le tchèque, je sais que je fais plein de fautes, mais je parle avec les gens, dans le tramway, dans le métro, c’est formidable ! Les gens sympathisent, me disent parfois que je parle bien, car ils savent que le tchèque n’est pas facile. »

Dans l’avenir, envisagez-vous de venir plus souvent, voire même de vous installer ici en République tchèque ?

« C’est sûr que j’y pense. Venir plus souvent c’est certain, m’installer je ne sais pas encore. Parfois on est tenté mais c’est peut-être loin de la réalité. Car s’exiler c'est difficile, même si je ne suis pas totalement exilée car ma mère était tchèque… Je ne sais pas, mais je reviendrai ça c’est sûr. »