Égalité entre les sexes : l’écart salarial et l’absence des femmes en politique restent des défis tchèques
Ce mercredi, le Forum économique mondial (WEF) a publié son classement relatif à l’état de l’égalité entre les sexes dans 142 pays. Depuis 2006, date de la rédaction du premier rapport sur les disparités entre les hommes et les femmes, la position la République tchèque baisse régulièrement dans le classement. Dans la neuvième édition, le pays se trouve à la 96e position. Pour mettre en perspective cette tendance, Radio Prague a interrogé Jana Smiggels Kavková, directrice de l’association Forum 50% laquelle lutte pour une représentation égale des deux sexes en politique.
« L’évolution est lente, mais il est possible d’affirmer que globalement la place des femmes s’améliore. La participation des femmes en politique s’accroît ainsi que leur insertion dans le marché du travail. Enfin, ce qui me paraît l’essentiel, c’est l’accès égal à l’éducation qui en République tchèque est acquis mais n’est pas du tout évident dans de nombreux pays. Il y a même des endroits où les parents décident ne pas donner naissance à un enfant s’ils apprennent que c’est une fille. Même si la République tchèque détient une position assez basse dans le classement, ces droits fondamentaux sont assurés et respectés chez nous. »
Pourquoi alors cette 96e place ? Jana Smiggels Kavková explique :« En ce qui concerne la parité hommes-femmes en politique, la situation s’est empirée après les dernières élections législatives en République tchèque quand le nombre de femmes députés a baissé. Ainsi, la descente dans le classement s’explique à la fois par l’amélioration des indices dans d’autres pays et par la dégradation réelle d’un des volets chez nous. »
Selon le rapport du Forum économique mondial (WEF), les plus grands défis auxquels la République tchèque fait face en matière d’égalité sont l’absence des femmes en politique ainsi que les écarts salariaux persistants. Au sujet de cette dernière problématique, la commissaire européenne à l’égalité entre les sexes, la Tchèque Věra Jourová aura également son mot à dire. Pour Jana Smiggels Kavková, il y a clairement du potentiel pour une action commune au niveau de toute l’UE :
« Il y a certainement des sujets communs qui intéressent des Etats membres de l’UE. La participation des femmes sur le marché du travail en fait partie avec toutes ses composantes, comme la représentation des femmes dans les directions des grandes entreprises ou les écarts salariaux. Une autre thématique clé est la violence faite aux femmes. L’Union européenne pourrait adhérer en tant qu’ensemble à la Convention d’Istanbul sur la prévention et la lutte contre la violence à l’égard des femmes et la violence domestique. Dans ce sens, l’UE a un plus grand rôle à jouer. »Le classement WEF est un classement parmi d’autres pour ce qui est de l’égalité entre les femmes et les hommes. Jana Smiggels Kavková estime que les résultats correspondent à la méthodologie adoptée. C’est la raison pour laquelle, dans ce cas précis, la République tchèque est devancée par la Russie, la Chine ou l’Ouganda :
« Malheureusement, la méthodologie est telle quelle car le classement est réalisé par le Forum économique qui met en avant les domaines économiques. Ainsi, ils omettent la question des droits fondamentaux et leur garantie notamment par les lois. Si cette problématique en faisait partie, le classement de la République tchèque aurait pu être différent. »Les paroles de Klaus Schwab, fondateur et directeur du Forum économique mondial, révèlent la prépondérance de cette logique orientée sur le profit économique : « Il faut arriver à l’égalité entre les sexes car c’est une nécessité économique. Seules les économies qui se servent de tous les talents peuvent être compétitives et prospérer », fait-il remarquer.