La femme tchèque sort de l'ombre
Les femmes tchèques se mobilisent, serait-t-on tenté de dire en suivant quelques-unes de leurs récentes initiatives, dont les préparatifs de constitution d'un nouveau parti politique « féminin ». Alena Gebertova.
Les femmes tchèques représentent plus de la moitié de la population tchèque. Un constat qui ne surprend guère. Ce qui est en revanche source d'un certain étonnement, c'est qu'elles soient très peu représentées dans la vie politique. On a deux femmes ministres et on ne voit respectivement que 17% et 11 % des femmes dans les deux chambres du Parlement. Mme Zdenka Hajna, présidente de l'Union des femmes, estime que la femme tchèque manque d'aplomb, car sous le communisme, elle n'était pas habituée à faire valoir ses qualités. Le machisme y jouerait, aussi, un grand rôle.
« Chez nous, il y a peu de femmes dans la grande politique, car les hommes ne leur permettent pas d'y entrer. Et pourtant, on voit bien que les femmes réussissent parfaitement là où elles ont l'occasion de montrer leurs capacités à résoudre les problèmes, au niveau communal notamment... Ainsi, je soutiens le principe provisoire de parité ».
Les sondages révèlent qu'une plus large présence des femmes dans la politique plairait, aussi, à une grande partie de la société tchèque qui espère voir ainsi se cultiver la scène politique tchèque et perdre son caractère agressif et grossier. Dorénavant, les femmes ont décidé d'agir. La constitution d'un nouveau parti politique actuellement en cours et qui s'appelle « La parité des chances » en est un exemple emblématique. Plusieurs noms très connus figurent sur la liste de ses fondatrices, dont celui de la grande dame du documentaire tchèque, Olga Sommerova. La toute récente fondation de « l'Association des femmes » qui se propose de s'engager dans la sphère publique, est une autre initiative qui confirme que la léthargie n'entre plus dans le vocabulaire de la femme tchèque. Zdenka Hajna s'en félicite, car pour elle, les femmes en Tchéquie font toujours l'objet de certaines discriminations, sur le marché du travail notamment.
« Il existe certains groupes de femmes qui sont défavorisés sur ce marché. Il s'agit en tout premier lieu de femmes avec enfants. Mais ce sont aussi les femmes de plus de 45 ans que les employés prennent pour trop vieilles, les femmes handicapées, les femmes roms, ou celles peu qualifiées qui ont du mal à trouver un emploi. Il faut y ajouter, aussi, les femmes à la campagne ».
La vraie égalité des femmes s'impose, mais lentement, avoue Zdenek Skromach, à la tête du ministère du Travail et des Affaires sociales. Un ministère qui, de concert avec le Conseil gouvernemental pour les occasions égales pour hommes et femmes, a l'autorité de faire bouger les choses.