Élection présidentielle : pour tout savoir sur le 2e tour
Un peu plus de huit millions d’électeurs tchèques sont appelés aux urnes, ces vendredi 27 et samedi 28 janvier, pour le second tour de l’élection présidentielle. Le général à la retraite Petr Pavel et l’homme d’affaires et ancien Premier ministre Andrej Babiš sont les deux derniers candidats en lice pour la succession au Château de Prague, siège du chef de l’État, de Miloš Zeman, dont le second quinquennat s’achèvera au début du mois de mars.
« La grande finale » pour le quotidien économique Hospodářské noviny, « Une bataille jusqu’au bout » pour Lidové noviny, « Une nouvelle chance » pour le plus indépenant Deník N ou encore « Le général vs le milliardaire : la Tchéquie attend son nouveau président » pour E15. À l’exception du quotidien Sport, qui donne la priorité à la reprise ce week-end du championnat de République tchèque de football après deux mois de trêve, et du journal à scandales Blesk, ce second tour faisait bien évidemment la une de tous les autres titres de la presse tchèque ce vendredi matin.
Au bout d’une campagne décevante...
Au terme d’une campagne qui ne restera pas dans les annales pour la qualité de ses débats, au cours de laquelle des thèmes comme la lutte contre les changements climatiques, l’Union européenne ou encore les disparités sociales et régionales ont été pratiquement absents, les Tchèques élisent donc le quatrième président de l’histoire de leur pays, depuis la partition de la Tchécoslovaquie. Andrej Babiš ou Petr Pavel succèdera à Václav Havel (1993-2013), Václav Klaus (2003-2013) et à Miloš Zeman (2013-2023), qui n’est plus rééligible, la Constitution limitant à deux le nombre de mandats présidentiels consécutifs.
Le mode de scrutin
Depuis une révision constitutionnelle en 2012, l’instauration d’un scrutin uninominal majoritaire à deux tours et d’un suffrage universel, c’est la troisième fois de l’histoire que les Tchèques élisent directement le chef de leur État. Bien que les pouvoirs de ce dernier soient relativement limités et que le président remplisse une fonction essentiellement représentative dans une démocratie parlementaire, les Tchèques, notamment pour des raisons historiques, attachent une grande importance à cette élection. La mobilisation avait ainsi été très forte au premier tour, avec un taux de participation légèrement supérieur à 68 %, et il est fort probable qu’elle sera plus importante encore pour ce second tour, tant le profil des deux candidats divise les électeurs.
Comme de tradition et comme lors de chaque élection, les Tchèques disposent de deux jours pour remplir leur devoir de citoyen
Les bureaux de vote ouvriront leurs portes à 14h00 et les refermeront à 22h00 ce vendredi, puis les rouvriront samedi de 8h00 à 14h00. Viendra alors le moment du dépouillement et le vainqueur devrait être connu en fin d’après-midi, au plus tard en début de soirée.
Avant cela, les débats se sont multipliés ces derniers jours, chaque chaîne de télévision généraliste organisant le sien. Et c’est sur les ondes de la Radio tchèque que s’est tenu le dernier, ce vendredi en début d’après-midi, juste avant donc l’ouverture des près de 15 000 bureaux de vote partout dans le pays. À noter toutefois que le vote a déjà commencé dans plusieurs pays en raison du décalage horaire, et ce, comme par exemple à l’ambassade tchèque à Oulan-Bator, en Mongolie, où malgré le froid, l’équipe du Zoo de Prague, qui travaille depuis plusieurs années à la réintroduction du cheval sauvage de Przewalski dans son milieu naturel d’origine, s’est rendue ce vendredi.
Pour rappel, l’ancien général Petr Pavel, novice en politique, a remporté le premier tour
Et ce, en reccueillant 35,40 % des suffrages, soit 23 000 voix seulement de plus qu’Andrej Babiš. Fort du soutien notamment de Danuše Nerudová et de Pavel Fischer, respectivement troisième et quatrième du premier tour, Petr Pavel fait figure de favori. L’ancien président du comité militaire de l'OTAN bénéficie du soutien des grandes villes et des catégories de la population socialement plus aisées et diplômées, tandis qu’Andrej Babiš, fort de ses succès aux législatives en 2013, 2017 et même 2021 malgré la formation d’une nouvelle coalition gouvernementale sans son mouvement ANO, peut compter sur un électorat fidèle ou même sur l’appui du président sortant Miloš Zeman.