Election présidentielle : scrutin secret ou public
La Constitution tchèque ne définit pas d’une manière précise le mode de scrutin de l’élection présidentielle. Il y est seulement inscrit que le chef de l’Etat doit être élu par les membres des deux chambres du Parlement, donc au suffrage indirect. Pourtant, il vient de s’avérer que ces deux chambres ne sont pas forcément d’accord sur le mode de scrutin.
L’élection présidentielle peut donner lieu à un scrutin public ou à un scrutin secret. Dans le premier cas, les électeurs votent soit par acclamation donc en se levant ou en levant la main tous en même temps, ou un par un en se levant et exprimant leur vote à voix haute. Dans le second cas, les électeurs votent à l’aide d’un bulletin. Dans un isoloire, il marque d’une manière précise le nom du candidat choisi et place ensuite ce bulletin dans une urne. Jusqu’à mercredi, tout semblait clair pour l’élection du président de la République tchèque, ce vendredi 8 février : le scrutin serait secret, avec même des mesures très strictes pour en assurer le secret. Coup de théâtre ce mercredi, avec la déclaration d’une des formations de la coalition gouvernementale, le Parti des Verts, qui décidait d’opter pour le scrutin public, comme le demandaient déjà les sociaux-démocrates et les chrétiens-démocrates. Pourquoi un tel changement d’opinion ? D’après le président des Verts, Martin Bursík, parce que c’est le seul moyen d’empêcher des « magouilles » lors du vote. Une réaction au fait qu’un membre de la social-démocratie influent ait plusieurs fois rencontré le chancelier du président de la République. Il aurait pu être question de convaincre certains députés ou sénateurs sociaux-démocrates de voter pour l’actuel président, Václav Klaus, alors que la social-démocratie soutient son adversaire Jan Švejnar. Cependant, d’après le politologue Petr Just, il y a aussi une autre raison :
« L’élection du président est l’événement-clé depuis 2006, lors duquel se manifeste le plus l’adversité entre la coalition gouvernementale et l’opposition. En plus de cela, la coalition n’est pas très soudée actuellement, ce que l’opposition compte exploiter au maximum et c’est la raison pour laquelle elle s’efforce de dramatiser cette élection. »Les arguments de la coalition gouvernementale en faveur du scrutin secret sont clairs, à la différence de ceux présentés par la Chambre des députés. C’est du moins ce qu’affirme le président du Sénat, Přemysl Sobotka, sénateur du Parti civique démocrate :
« En ce qui concerne le scrutin public, il existe beaucoup d’inconnues et d’imprécisions dans le règlement de la Chambre des députés. Celui-ci permet, certes, le scrutin public mais n’en fait pas une règle. L’opinion des spécialistes en droit est donc nécessaire. »D’après le président des Verts, Martin Bursík, mais aussi le président de la Chambre des députés, Miloslav Vlček, la différence d’opinions entre les deux chambres n’est pas un problème. Le mode de scrutin, secret ou public, doit être défini en fonction de trois tours de vote des députés et des sénateurs (deux fois indépendemment et une fois en commun).Ce litige sur le mode de scrutin n’est pas de la moindre importance, car il met en danger l’élection présidentielle en tant que telle.