Présidentielle : des méthodes « indignes d’une démocratie »
Atmosphère tendue ces derniers jours sur la scène politique tchèque avec cette élection présidentielle. Le tabloïd Blesk a même comparé Prague à un « Palerme tchèque » en raison des diverses informations sur les pressions et menaces exercées sur des membres du Parlement, qui rappelaient selon ce quotidien les méthodes de la mafia sicilienne.
« Je pense qu’il faut séparer deux choses. Il y a la question purement politique, qui est celle d’une situation de blocage, qui n’est pas inédite. La France de la IVe République savait très bien qu’élire un président au parlement n’est pas une chose facile et qu’un premier tour d’élection n’est pas forcément le dernier. De ce point de vue-là, il n’y a vraiment rien d’anormal. Ce n’est pas lié à la jeunesse de la démocratie tchèque je pense, c’est lié au système politique, au système de vote et c’est lié à une certaine stratégie des partis, notamment du Parti communiste qui aurait pu probablement par une attitude claire et nette faire pencher la balance en faveur de Jan Švejnar dès la première élection. Ils n’ont pas souhaité le faire, donc ils ont choisi un blocage en vue d’autres négociations. Le problème est qu’il n’y a pas forcément d’autres variantes, donc les négociations peuvent difficilement donner des résultats... Donc c’est une situation de blocage assez classique, lié aux rapports de force au sein du Parlement aujourd’hui.
Deuxième niveau, qui est effectivement plus problématique et là on peut davantage s’interroger sur la qualité de la démocratie tchèque, ce sont tous les phénomènes de pression, de corruption – phénomènes plus ou moins prétendus ou avérés parce qu’il y a aussi beaucoup de désinformation – bref toute cette ambiance qui régnait au Château pendant ces élections, là je pense qu’il y a des choses qui se sont passées qui ne sont absolument pas dignes d’une démocratie qu’est la République tchèque. Quand des députés reçoivent des menaces, quand des lobbyistes apparemment proposent des sommes d’argent etc., c’est absolument indigne d’une démocratie. J’espère qu’en partie ce spectacle contribuera peut-être à une sorte de renouveau et que, par exemple, on passera un jour à l’élection directe du président, ce qui nous épargnerait peut-être ce genre de scènes. »