Elections européennes : analyses et commentaires

Photo: ČTK/AP/Olivier Matthys

Pendant toute la semaine, les médias locaux ont analysé et commenté les différents aspects des résultats des élections européennes. Cette nouvelle revue de presse en propose quelques extraits. La cohabitation des Roms avec la société majoritaire tchèque est un autre sujet traité. Un regard, aussi, sur le dernier championnat du monde de hockey sur glace à la lumière d’une nouvelle absence de la sélection tchèque sur le podium. Et quelques mots, enfin, au sujet du réseau unique de sentiers touristiques balisés en Tchéquie.

Photo: ČTK/AP/Olivier Matthys
Pour le commentateur du quotidien Lidové noviny, les résultats des élections européennes sont « magnifiques », en raison de l’échec de l’extrême droite dans une Tchéquie prétendumment xénophobe et surfant sur la vague anti-immigration. Tomio Okamura, leader populiste du Parti pour la démocratie directe, et proche de Marine le Pen, n’a effectivement obtenu que 9 % des suffrages... Le journal s’est aussi penché, dans son édition de mercredi, sur le fossé qui existe entre Prague et le reste du pays que ces élections ont une nouvelle fois confirmé. C’est effectivement la coalition des Alliés pour l’Europe suivis du Parti pirate qui a gagné à Prague, le mouvement ANO, vainqueur du scrutin national, n’y ayant obtenu qu’un score très faible :

« A chaque élection, on constate que les choix des habitants de Prague et de ceux des autres régions du pays sont un peu différents. Mais le clivage entre la capitale tchèque et ‘la campagne’ a été cette fois-ci tel qu’il a choqué jusqu’aux experts. Prague devient au fur et à mesure une sorte de ghetto électoral ou d’enclave politique, son opinion publique différant profondément des intentions de vote recensées à l’échelle nationale. »

Le commentateur du quotidien économique Hospodářské noviny s’est intéressé aux préoccupations des citoyens qui diffèrent, du moins d’après ce que ce scrutin a révélé, dans les différentes régions de l’Union européenne :

« Tandis que dans les pays occidentaux, ce sont les partis écologistes orientés sur la protection de l’environnement et l’avenir qui se sont imposés, en Europe centrale, c’est la lutte contre la corruption qui a particulièrement préoccupé les électeurs. La prédominance de ces deux sujets et le renforcement des forces libérales proeuropéennes a déjoué les prévisions des analystes qui appréhendaient la montée en puissance des populistes et des nationalistes. »

Ce dernier aspect des résultats des élections au Parlement européen est aussi salué par l’auteur d’une note mise en ligne sur le site aktualne.cz. Pour lui, c’est donc également le manifeste Il y a le feu à la Maison Europe de Bernard-Henri Lévy qui se présente comme l’un des vainqueurs. Il écrit :

« Pas d’illusion que la ‘liste pastorale’ de quelques intellectuels puisse mobiliser les masses d’électeurs. Il est pourtant vrai qu’elle a bien décrit la situation de l’Europe, confrontée au danger du populisme et des régimes autoritaires. Evidemment, on ne saurait dire que ce danger est désormais éliminé mais, à la lumière des résultats des élections européennes, il s’annonce moins dramatique que le texte de BHL ne l’a présenté. Le renforcement des partis ‘verts’ en Europe occidentale à mettre notamment sur le compte des jeunes signifie tout sauf l’ascension de leaders autoritaires, durs et intransigeants. »

Une débâcle... Tel est le mot le plus souvent utilisé en rapport avec l’échec du Parti social-démocrate (ČSSD), un des deux partis de la coalition gouvernementale avec le mouvement ANO, qui n’a remporté que 3,9% des suffrages et qui, de ce fait, n’aura pas de fauteuil au Parlement européen. L’hebdomadaire Respekt a donné la parole au politologue Lukáš Jelínek :

« Ce problème touche l’ensemble des électeurs de gauche dans les pays de l’Europe postcommuniste pour lesquels l’Union européenne constitue une institution éloignée et étrangère, et avec laquelle ils ont du mal à s’identifier. Voilà pourquoi ils se comportent autrement que, par exemple, les électeurs de la gauche en Europe occidentale. Les politiciens sont désormais appelés à expliquer aux gens l’importance des questions européennes. Une chose qu’ils occultent, probablement par paresse. »

Le magazine remarque en outre qu’il n’y a en Tchéquie aucun parti d’opposition à avoir obtenu 20% des suffrages ou, du moins, à s’en approcher.

« Les résultats des élections au Parlement européen illustrent assez fidèlement le paradoxe de la politique tchèque d’aujourd’hui », estime le commentateur du site info.cz qui explique :

« Comme prévu, le mouvement ANO d’Andrej Babiš qui est la force dominante de l’équichier politique local, les a remporté. En même temps, il a confirmé que son orientation à gauche liquide son allié gouvernemental, le Parti social-démocrate (ČSSD). Ce dernier est donc le principal perdant de ces élections, car c’est pour la première fois dans l’histoire des élections européennes qu’il n’a pas franchi la barre des 5% permettant d’entrer au Parlement européen. »

La cohabitation des Roms avec la société majoritaire tchèque : une légère tendance à l’amélioration

Photo illustrative: Dušan Vágai
Le meilleur résultat atteint au cours des vingts dernières années. C’est en ces termes que le site novinky.cz commente ce qui ressort d’un récent sondage effectué par l’agence CVVM et concernant la cohabitation de la minorité rom avec la société majoritaire tchèque. Toutefois, tout en étant évalué comme satisfaisante par un nombre de personnes plus élevé que jamais, soit près de 20%, cette cohabitation est vue par la majeure partie de la population d’un œil négatif, car les stéréotypes et les préjugés ancrés dans la société demeurent toujours bien vivants. Le texte rapporte :

« Les résultats du sondage reflètent le climat qui règne à l’heure actuelle au sein de la société tchèque sur lequel agissent plusieurs facteurs. D’abord, il y a lieu de mentionner les médias qui ne réservent que peu de place à la vie et aux problèmes des Roms. Ce sont aussi les politiciens qui sont responsables du regard négatif porté par une grande partie de la population sur les Roms, car les déclarations publiques à leur égard sont souvent péjoratives. Une position que la population adopte de bon gré. »

Le sondage a également montré que le public était mal informé sur les possibilités dont les Roms disposent dans la société tchèque. Concernant leur discrimination sur le marché du logement, par exemple, qui est dans la ligne de mire de la Commission européenne, seul un quart des personnes interrogées se disaient prêtes à tenir compte de ce phénomène.

Après le Mondial, l’heure pour la sélection tchèque est à l’optimisme

Photo: ČTK / Vít Šimánek
Les fans tchèques de hockey sur glace ont été une nouvelle fois déçus. Au Championnat du monde de hockey sur glace qui s’est achevé dimanche dernier à Bratislava, la sélection tchèque a terminé, tout comme lors des sept précédentes éditions du Mondial, sans médaille, en se classant à la quatrième position. Les bilans de la participation de la Reprezentace tchèque dressés dans les pages sportives ne sont pas pour autant négatifs. Le commentateur du site aktualne.cz, par exemple, a écrit à ce sujet :

« Comparé aux grands tournois de ces dernières années, les hockeyeurs tchèques ont avancé. Dans la capitale slovaque, où ils pouvaient se sentir presque comme chez eux, ils avaient une bonne occasion de mettre fin aux attentes d’une médaille qui durent depuis sept ans. Il n’en n’a rien été mais on aperçoit toutefois une petite lumière au bout du tunnel. Compte tenu de leur discipline, de leur façon de jouer et de leur envergure, il y a lieu de croire que cette situation ne se prolonge pas éternellement. Malgré le malheureux résultat final et la quatrième place, force est de constater que le jeu de la sélection tchèque avait de quoi divertir les spectateurs. Et regarder ses exploits était vraiment plaisant. La volonté de l’ensemble des joueurs tchèques présents à Bratislava de participer au prochain championnat qui aura lieu en Suisse est un autre signe prometteur. »

Pour le commentateur, le bilan final s’annonce pour la sélection tchèque positif, car elle fait partie des sept équipes dont chacune peut se disputer le titre de champion du monde.

Le réseau de sentiers touristiques balisés : une belle tradition tchèque

Photo: Dominika Bernáthová
L’hebdomadaire Respekt a rappelé qu’à la mi-mai, 130 ans se sont écoulés depuis le jour où le premier sentier touristique a été balisé en pays tchèques. Depuis, il en existe en Tchéquie près de 40 000 km qui sont marqués selon leur caractère en rouge, bleu, vert ou jaune. L’occasion aussi de citer les confessions de plusieurs randonneurs dont en voici une :

« Le réseau tchèque de sentiers touristiques balisés est fascinant. Les étrangers peinent à croire qu’en Tchéquie, on puisse marcher à pied à partir de n’importe quel endroit vers n’importe quelle destination en suivant tout simplement ces chemins balisés. Je pense que le réseau parfait de marques touristiques constitue une spécificité tchèque que l’on devrait promouvoir beaucoup plus qu’on ne le fait ».