Eliška Junková

Eliška Junková avec son épouse Čeněk en 1928

Coureur automobile dans les années vingt du siècle passé, Eliška Junková a gagné à vingt-six ans, la course internationale Zbraslav-Jíloviště dans une Bugatti.

Eliška Junková,  photo: public domain
L'année suivante, elle a gagné la première place au Grand Prix d'Allemagne, ainsi qu'à la course Coupé des Dames et au Grand Prix des dames Montlhéry. Un an plus tard elle obtient la cinquième place au Targa- Florio, en Sicile, course d'automobiles particulièrement difficile. En quatre ans de carrière professionnelle elle a réussit à s'inscrire sur la liste des grands coureurs automobiles. Eliška Junková est le seul membre de sexe féminin admis au Club des anciens coureurs automobiles du Grand Prix.

Née en 1900 à Olomouc, en Moravie, dans la famille d'un ferronnier, elle est vraiment très différente des jeunes filles de son époque. Tout ce qui est mécanique et technique l'attire. Mais la passion des voitures viendra un peu plus tard. Eliška est une élève attentive et sérieuse. A seize ans, la jeune fille décroche un emploi dans la filiale de la Banque de crédit de Prague, à Olomouc. Elle tombe amoureuse de son supérieur Čeněk Junek, âgé de vingt deux ans.

Lorsque l'homme de sa vie est muté dans la filiale de Brno, Eliška le suit. Les jeunes gens s'aiment, mais ne sont pas pressés de se marier. Ils ont la vie devant eux. La Grande guerre est terminée, tout le monde reprend le goût de vivre. Enthousiaste, la jeune fille parcourt l'Europe pour se perfectionner en langues étrangères. Elle travaille chez un horticulteur en France, puis visite, l'Allemagne et la Suisse. En 1921, elle est l'une des premières femmes qui obtient un permis de conduire. La même année, juste avant Noël, le couple se rend à Paris pour visiter l'Exposition de l'industrie automobile.

Čeněk Junek,  photo: public domain
Ils rencontrent le célèbre Ettore Bugatti et admirent sa création. Un vrai coup de foudre pour la Bugatti! Six mois plus tard, Čeněk Junek épouse Eliška. Les jeunes mariés ignorent que leur vie commune ne durera que quelques années. Ettore Bugatti leur fait livrer une des premières voitures de course sortie de ses ateliers, la fameuse Bugatti - cigare. La forme du bolide fait effectivement penser à un cigare. Eliška s'entraîne sous le contrôle professionnel de son mari. A vingt trois ans, Eliška Junková est la copilote de son mari. Un an plus tard, elle se lance dans la course toute seule. Au volant de sa Bugatti, elle remporte un circuit à Pilsen. La vitesse est de 140km à l'heure, énorme à l'époque. Trois ans plus tard, Eliška décroche, au volant de la Bugatti Blue Ray, le premier prix de la course internationale Zbraslav-Jíloviště. Elle est la première femme à avoir remporté une telle victoire. Son mari n'aura droit qu'à la seconde place.

Bugatti T43 | Photo: Jan Polák,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0
On entend déjà beaucoup parler d'Eliška Junková. Il n'est donc guère étonnant que les représentants du Club automobile suisse l'invite à participer à la course du Klausenpass. Le but est situé sur un col à 2000 mètres d'altitude. Eliška ne trouve pas ses lunettes de course. Elle les cherche en vain. Il est clair qu'elle les a oubliés. Tant pis, elle démarre sans! Elle fait du 130 à l'heure. Il souffle un vent très fort, une pluie glacée fouette son visage et sa Bugatti jaune n'est pas équipée d'un pare-brise. Malgré tous les inconvénients elle arrive à gagner la deuxième place.

Eliška Junková,  cinquème de la Targa Florio 1928

Eliška Junková avant du start de la course internationale Zbraslav-Jíloviště en 1930,  photo: public domain
Un an plus tard, ce sera le premier prix au Coupé des Dames, à Paris. Elle dépasse 200km à l'heure. Suit la victoire au Grand Prix d'Allemagne, sur le parcours Nürnburgring et en mai 1928, la course Targa-Florio, redoutée pour la difficulté du trajet. Eliška sait bien que ses concurrents sont les meilleurs coureurs automobiles. Mais, elle n'a pas froid aux yeux! Au premier tour elle est en quatrième position, au second elle tient la file. Malheureusement, elle a quelques pépins en route. La jeune femme doit d'abord réparer la pompe à eau. Puis, elle percute par l'arrière de son bolide de grosses pierres sur la route. Le vainqueur sera le célèbre Alberto Divo. Mais, avec toutes ces entraves, Eliška Junková gagne une très belle cinquième place. Elle est évaluée la meilleure dans la catégorie femme.

Le mari d'Eliška, Čeněk Junek, devient victime de sa passion. Il se tue au Grand Prix d'Allemagne, sur le parcours Nürnburgring, en juillet 1928. Eliška est anéantie par la douleur. Il lui faudra beaucoup de temps pour se remettre de la mort de son mari. Veuve et sans enfants, elle élèvera le fils de son frère.

Après l'accident tragique elle met un terme à sa carrière de coureur automobile. Mais, sa passion pour les voitures lui tiendra à coeur jusqu'à la fin de sa longue vie. Eliška Junková travaillera chez Bugattti, Bata - production des pièces de rechanges et est nommée présidente du Club automobile des Femmes. Elle a rédigé ses mémoires dans le livre La Bugatti, mon souvenir (Ma vzpominka je Bugatti). La célèbre pilote automobile est décédée en janvier 1994.

Eliška Junková en 1927