Emergence du « Mouvement Clé » sur la scène politique tchèque
Quinze jours à peine après la tenue des élections législatives dans le pays, trois personnalités féminines tchèques ont annoncé leur intention de créer une nouvelle formation politique, « Klicove hnuti » (Mouvement Clé). C'est Tana Fischerova, ancienne députée indépendante affiliée à l'Union de la liberté centriste, qui serait placée à sa tête. Elle envisage même de se porter candidate aux élections sénatoriales de l'automne prochain. Zoom sur le projet et mini-portraits de ces trois femmes assez exceptionnelles qui sont à son origine.
A ses côtés, Rut Kolinska, mère de cinq enfants, fondatrice d'un réseau de centres de loisir pour mères de famille, désignée « Femme d'Europe 2003 » à Copenhague. Cette même Rut Kolinska que Vaclav Havel avait citée, un jour, comme excellente candidate à la présidence du pays. C'est Yvona Kreuzmannova, danseuse polyglotte et fondatrice, quant à elle, du plus important festival de danse contemporaine en Tchéquie, qui vient compléter ce trio de femmes engagées aux parcours professionnels réussis. Mais quelles sont les ambitions de leur Mouvement Clé ? Comment veut-il se profiler ? Yvona Kreuzmannova :
« Tana Fischerova et Rut Kolinska se sont adressées à moi, en tant que personnalité culturelle qui est en contact permanent avec les ONG régionales, qui sont très dynamiques et flexibles dans le domaine culturel. C'est à ce titre-là que j'ai rejoint leur initiative. Nous avons décidé de créer ce mouvement, parce que nous ne pouvons pas accepter la culture politique en République tchèque. Nous voudrions inciter les gens à penser autrement. A se questionner, pendant les quatre prochaines années, sur leur futur, la qualité de leur vie, à se positionner aussi par rapport à la commercialisation de notre société, à la télévision... Tout cela nous touche personnellement, alors nous essayons de trouver une autre dimension de la vie, une dimension plus sociale, plus 'culturelle' qui nous rapprochera encore plus de l'Europe. »
Avez-vous une idée du nombre de vos sympathisants ?
« Non, pas du tout. A vrai dire, on s'en fout un peu ! Nous ne sommes pas comme les autres partis politiques, les scores, les pourcentages... cela ne nous intéresse pas. Nous voulons juste créer un mouvement qui incitera les gens à penser autrement. »
« Idéaliste, pas vrai ? », ajoute Yvonna Kreuzmannova avec un petit sourire. Idéaliste, peut-être, utile surtout. Rien que par le fait que ce mouvement, ouvert également aux hommes, renforcera, espérons-le, la très faible participation des femmes tchèques à la politique. Et si jamais, un jour, les Tchèques désiraient voir au Château de Prague une Ségolène Royale, on ne devra pas chercher loin pour trouver les candidates...