En Chine, Zeman rencontre les grands de ce monde, Poutine et Xi Jinping

Miloš Zeman et Xi Jinping, photo: ČTK

C’est finalement dans une relative indifférence que le président tchèque Miloš Zeman a participé en Chine aux cérémonies commémorant le 70e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Un voyage, le second en moins d’un an, qui s’achève ce samedi et qui a lui a notamment permis de rencontrer des grands de ce monde, Vladimir Poutine et Xi Jinping. Miloš Zeman a invité son homologue chinois à une visite en République tchèque qui pourrait avoir lieu l’an prochain.

Photo: ČTK
Plus de 12 000 soldats, des centaines de véhicules et d’avions, pour commémorer la résistance chinoise à l’invasion japonaise, le président chinois s’est offert jeudi un défilé démesuré. En tribune sur la place Tian'anmen, pour assister à cette démonstration de force, figuraient en bonne place Vladimir Poutine et les dirigeants d’une trentaine d’Etats, plus ou moins autoritaires, plus ou moins mineurs sur la scène internationale selon les mots du journal Le Monde, et parmi eux un seul président d’un Etat de l’Union européenne, Miloš Zeman. En d’autres circonstances, celui-là même aurait parlé « d’idiots utiles » estime le quotidien Mladá fronta Dnes. Un schéma un peu similaire au défilé militaire organisé à Moscou en mai dernier, auquel il n’avait pas assisté. Miloš Zeman a bien été obligé de se fendre d’une justification :

« A Moscou, il existait des arguments très rationnels sur le fait que des troupes ayant occupé la Crimée participaient au défilé de mai dernier. Cet argument ne tient pas pour le défilé en Chine. Je n’ai pas remarqué que la Chine avait occupé la Crimée ou tout autre territoire. »

Miloš Zeman et Xi Jinping,  photo: ČTK
De la question des droits de l’homme ou de la politique agressive de la Chine, deuxième budget militaire du monde, vis-à-vis de ses voisins orientaux et méridionaux, il n’a donc pas été question lors de l’entrevue entre Miloš Zeman et Xi Jinping. Le président tchèque était surtout fier d’annoncer avoir invité son homologue à une visite en République tchèque, invitation qui aurait été acceptée. L’an prochain, un président chinois en exercice pourrait donc pour la première fois avoir l’honneur de fouler le sol tchèque. Pour Miloš Zeman, l’essentiel de la discussion a par ailleurs consisté en un bilan des réalisations en matière économique depuis sa précédente visite en octobre 2014, avec notamment l’implantation en Tchéquie de grandes banques chinoises, Bank of China et China Construction Bank, le lancement d’une ligne aérienne directe entre Pékin et Prague le 23 septembre prochain, ou encore l’ouverture d’un nouveau consulat tchèque à Chengdu, une mégalopole du centre de la Chine. Le président, qui est accompagné comme il se doit d’une délégation de chefs d’entreprises, devrait faire de nouvelles annonces sur l’éventuelle signature de contrats depuis Shanghai, d’où il repart vers Prague ce samedi.

Miloš Zeman et  Vladimir Poutine,  photo: ČTK
Avec Vladimir Poutine, que Miloš Zeman a rencontré jeudi avant le défilé, les sujets économiques, en particulier les sanctions européennes à l’égard de Moscou, ont également constitué le cœur de la discussion. Pour le chef du Kremlin, ces sanctions expliquent la mauvaise passe que connaissent les échanges tchéco-russes, un « état passager » selon lui. S’exprimant en russe, le président tchèque n’a pas manqué de se livrer à une leçon de géopolitique, invitant Moscou à se joindre à une coalition internationale contre l’Etat islamique, thème que les deux hommes souhaitent aborder lors du débat de la prochaine session de l’Assemblée générale des Nations unies fin septembre.

Autant de rencontres et de déclarations qui ont été diversement appréciées sur la scène politique tchèque. Président du parti conservateur TOP 09 et ancien rival de Zeman lors de la dernière présidentielle, Karel Schwarzenberg a sans doute été le plus lapidaire :

Karel Schwarzenberg,  photo: Filip Jandourek,  ČRo
« Il parle de choses sur lesquelles il n’a pas la moindre influence. Il ne peut même pas annuler les sanctions et il a ensuite évoqué le fait que les Russes devraient s’engager au Moyen-Orient. C’est de la vanité de parler avec les grands de ce monde comme si la République tchèque comptait. »

Dans son domaine de compétence, Pavel Nedvěd, l’ancienne star de la Juventus de Turin, Ballon d’or 2013, a peut-être plus d’influence. Il était de la partie lors de l’entrevue avec le président chinois et a pu avancer ses pions dans l’optique de la fondation d’une école de football en Chine. Tout le monde devrait donc repartir satisfait de ce voyage, symbole de la qualité nouvelle des relations sino-tchèques.