En Tchéquie aussi, les consommateurs se détournent des œufs de poules élevées en cages
Les Tchèques consomment davantage d’œufs issus de systèmes d’élevage de poules alternatifs et les distributeurs doivent suivre le pas. Alors que ces derniers se sont engagés à ne plus vendre des œufs de poules en batterie d’ici à 2025, les députés tchèques, eux, devraient bientôt discuter de l’interdiction totale de l’élevage de poules en cages, proposée par les défenseurs des animaux.
Tout comme dans d’autres pays européens, les grandes chaînes commerciales en République tchèque se sont engagées à ne plus vendre d’œufs de poules élevées en batteries, comme on appelle les dispositions linéaires de cages métalliques, sur un, voire deux ou trois étages. Près de 85% des œufs vendus dans les magasins tchèques proviennent de ces élevages, dénoncés non seulement par les activistes, mais également par les consommateurs. Ceux-ci sont de plus en plus nombreux à se renseigner sur la provenance des œufs, suivant le code marqué sur chaque œuf… et par conséquent à éviter le chiffre 3 qui désigne l’élevage en cage, comme le confirme la porte-parole de la chaîne de discount Lidl :
« Les consommateurs s’intéressent de plus en plus à la provenance des œufs. Par conséquent, nous nous efforçons d’élargir l’offre. »Ce sont donc les œufs avec les codes 2, 1 et 0 qui sont les plus prisés. Ils désignent respectivement l’élevage au sol, celui en plein air et enfin, l’élevage bio. Plus flexibles que les grandes chaînes commerciales, les cybermarchés Kosik.cz et Rohlik.cz ont supprimé la vente des œufs issus de poules pondeuses en batterie à la fin du mois de mai.
Une nouvelle situation à laquelle doivent notamment s’adapter les éleveurs de poules pondeuses. Ils sont nombreux à remplacer les cages par des volières plus spacieuses. La société Proagro de Nymburk, une ville de Bohême centrale, a mis en place ce système alternatif. Pour cela, il a fallu construire un nouveau bâtiment pour une somme d’environ 1,7 millions d’euros. Des investissements supplémentaires qui se reflèteront sur le prix des œufs, de même que des frais plus élevés liés au nouveau mode d’élevage, comme l’explique Zdeněk Mlazovský de la société Proagro :
« Nous avons installé des volières avec des poules à plusieurs niveaux. Les poules peuvent aussi sortir des volières et se promener un peu partout dans le hall. Lorsque je calcule tous les frais, un œuf issu de ce nouvel élevage coûtera environ 40 centimes de couronne de plus comparé à celui provenant d’un élevage en batterie. Je pense que cela pourrait être acceptable pour les distributeurs. »Plusieurs initiatives visant à protéger les poules pondeuses ont trouvé un écho auprès des Tchèques. L’une des plus connues s’appelle « La poule en détresse ». Son organisateur Petr Dobrý achète des poules qui, après avoir été élevées pendant environ un an en cages, ne sont plus capables de pondre un œuf par jour et sont alors abattues. Ces poules passent ensuite leur retraite à la campagne, chez leurs « familles d'accueil ». Dans une République tchèque où il est encore très courant d’élever des poules en plein air pour pouvoir ramasser leurs œufs, le projet a permis à ce jour de sauver plusieurs milliers de poules pondeuses.