La Tchéquie durement touchée par la grippe aviaire

La République tchèque est frappée par une épidémie de grippe aviaire : avec des centaines de milliers de poules abattues, le pays s’attend à une hausse importante du prix des œufs alors que l’inflation bat déjà des records depuis plusieurs mois.

Photo: Miroslav Chaloupka,  ČTK

Il est certes beaucoup question d’oiseaux depuis quelques temps dans l’actualité tchèque, avec  lundi, la clôture du procès de l’affaire dite du Nid de cigogne, dans laquelle l’ancien Premier ministre Andrej Babiš a été acquitté, mais c’est d’un autre genre de volatiles que l’on parle aujourd’hui : lundi, un nouveau foyer de grippe aviaire a été détecté dans une petite exploitation de la région de Mladá Boleslav, le sixième déjà, depuis le début de l’année 2023, alors que rien que pour le mois de décembre, dix foyers avaient été signalés.

Brod nad Tichou | Photo: Miroslav Chaloupka,  ČTK

Mercredi dernier, un gros élevage situé à Brod nad Tichou a annoncé qu’il allait devoir faire abattre 750 000 poules. A ce jour, plus de 500 tonnes de volailles ont été évacuées par les pompiers et les employés de l’élevage qui fait partie de plus d’une douzaine de fermes touchées par la maladie ces dernières semaines. Selon l’Union tchéco-morave des éleveurs de volailles, avec une production de 600 000 œufs par jour, soit 18,5 millions d’œufs mis sur le marché tous les mois, l’élevage représente 15 % de la totalité des poules élevées en Tchéquie. Devenir le plus gros foyer de grippe aviaire dans le pays est donc un coup dur pour l’entreprise.

Quelque 2 500 foyers de grippe aviaire ont été enregistrés dans des élevages de 37 pays européens d’octobre 2021 à septembre 2022. Depuis l’automne dernier, la recrudescence des cas en Tchéquie est prise très au sérieux par les autorités vétérinaires tchèques qui ont décidé à la mi-décembre, d’interdire l’élevage de volailles en plein air est interdit sur l’ensemble du territoire. Cette mesure décidée par l’Administration vétérinaire d’Etat avait été motivée par le nombre croissant de foyers de grippe aviaire hautement pathogène. Les vétérinaires ont ordonné aux éleveurs de volailles, à l’exception des oiseaux coureurs et des pigeons, de confiner leurs oiseaux à l’intérieur et, lorsque cela n’est pas possible, de limiter autant que possible les contacts entre les volailles d’élevage et les oiseaux sauvages. Une mesure identique avait déjà été adoptée l’année dernière.

Photo: Kateřina Šulová,  ČTK

L’épizootie de grippe aviaire est la « plus dévastatrice » qu’ait connue l’Europe de toute son histoire selon les autorités sanitaires européennes, et e virus hautement pathogène de sous-type H5N1 se propage à la vitesse grand V en Tchéquie. Plusieurs raisons peuvent expliquer cette saison meurtrière pour les volailles, selon Helena Chaloupková, de l’Université d’agriculture :

Helena Chaloupková | Photo: Université d’agriculture

« C’est une question compliquée car la situation est un peu exceptionnelle. Je ne suis pas experte en épidémiologie, mais en tout cas, les conditions de cet hiver peuvent être propices au fait qu’un tel virus se propage bien. Le deuxième problème, c’est la concentration d’animaux. Parce que si une maladie arrive dans une ferme où il y a une énorme population d’animaux, il est bien sûr très probable qu’elle se mette à se propager. La question est alors de savoir comment, quelles options la ferme a pour se défendre contre ça. Ces deux dernières années, nous avons quand même eu un bon aperçu de ce que les virus peuvent faire. A certains égards, même si nous nous sommes protégés de différentes manières, c’est un défi. Les virus sont et seront toujours là, et plus les populations d’animaux d’une même espèce sont importantes dans une région, plus il y a de chances que cela se reproduise si les conditions sont favorables au virus. »

Photo illustrative: Štěpánka Budková,  Radio Prague Int.

Conséquence de la grippe aviaire et de l’abattage de centaines de milliers de poules en Tchéquie, le prix des œufs risque d’augmenter selon la présidente du syndicat des éleveurs de volailles, Gabriela Dlouhá, même si elle dit ne pas s’attendre pour autant à des prix astronomiques. En tout état de cause, importer des œufs peut s’avérer une option dans les temps à venir :

Gabriela Dlouhá | Photo: YouTube

« En général, la plupart des œufs sont importés en République tchèque depuis la Pologne et les Pays-Bas. Mais avec les épidémies dans ces pays et la guerre en cours en Ukraine, les pays se concentrent également sur les exportations vers l’Ukraine. Cela dépendra des prix proposés par les négociants et, bien sûr, c’est le pays qui offre le plus qui aura les œufs. Je ne m’inquiéterais pas d’une éventuelle pénurie d’œufs. Si 15 % de la production diminue, les œufs devront être importés de l’étranger, mais à un prix plus élevé par contre. »

Actuellement, aucun vaccin efficace et autorisé n’existe dans l’Union européenne, susceptible d’endiguer cette épizootie. Cinq pays européens sont dans la course pour tenter d’en fabriquer un, dont la France et la Hongrie.