En Tchéquie aussi, Omicron pourrait rebattre les cartes

Invité surprise et indésirable des fêtes de fin d’années, le variant Omicron aura-t-il raison de la stratégie annoncée par le nouveau gouvernement tchèque : cohabiter avec le virus ? L’équipe de la grande coalition de Petr Fiala (ODS) a choisi pour l’heure de temporiser, mais le tout dernier variant en date du coronavirus pourrait très vite changer la donne.

La situation sanitaire actuelle en Tchéquie a tout de la dissonance cognitive : au premier abord, la baisse continue des cas de contamination depuis trois semaines, effective malgré des chiffres encore assez hauts, semblerait indiquer une sortie de crise progressive dans un pays qui, une fois de plus, s’est retrouvé aux pires échelons mondiaux en termes de cas et de décès.

D’un autre côté, l’irruption du variant Omicron s’apparente à un volcan qui couve et ne demande qu’à se réveiller : si les laboratoires en dépistent de plus en plus, mais pas – encore ? – dans l’ampleur observée au Royaume-Uni, la plupart des scientifiques tchèques ont déjà prévenu : Omicron se diffuse déjà de manière communautaire, en grande partie sous les radars, et c’est à la mi-janvier qu’il faut s’attendre à ce que la présence de cette nouvelle souche se répercute sur la situation sanitaire réelle.

Vlastimil Válek | Photo: Ondřej Deml,  ČTK

Dans ce contexte paradoxal, la stratégie anti-Covid du nouveau gouvernement Fiala a jusqu’à présent laissé de nombreux observateurs perplexes : avec en tête l’idée de cohabiter avec le virus, le nouveau cabinet a choisi de ne pas demander la reconduction de l’état d’urgence, de renforcer les capacités de tests, en mettant l’accent sur la responsabilité individuelle plutôt que sur la mise en place de mesures restrictives. Sans pour autant lancer de campagne de vaccination vraiment pro-active. De nombreux scientifiques tchèques ont récemment appelé la nouvelle équipe au pouvoir à revoir cette stratégie.

Pour l’heure le Premier ministre Petr Fiala (ODS) et le ministre de la Santé Vlastimil Válek (TOP 09) l’ont dit : les données de l’évolution sanitaire en Grande-Bretagne, sous le coup d’Omicron, seront déterminantes pour la mise en place ou non de nouvelles mesures en Tchéquie à partir de janvier.

Ces données, la Tchéquie devrait se pencher dessus après les fêtes de Noël, à l’occasion d’un conseil des ministres le 29 décembre. Un groupe d’experts a toutefois mis en garde sur le fait de trop jouer les prolongations : selon ces scientifiques réunis au sein de la Société savante tchèque, si le gouvernement attend que les données britanniques soient évaluées avant d’intervenir, il « exposera la société à des risques inutiles ».

Jan Kulveit, expert en modélisation mathématique des pandémies du Groupe interdisciplinaire pour les situations épidémiques (MeSES), estime que les autorités tchèques semblent ne pas percevoir le danger de la situation actuelle, alors qu’en plus de l’arrivée d’Omicron sur le devant de la scène, de nouvelles données scientifiques montrent que le nombre de réinfections est en hausse constante, 42 % de celles-ci concernant le seul mois de novembre :

Jan Kulveit | Photo: Future of Humanity Institute

« Franchement, on n’a pas l’impression qu’ils se rendent compte de la situation. Il semble que certaines personnes pensent qu'il s'agit d'une sorte de problème qui pourra se régler en janvier. Mais c'est trop tard. De plus, si la réponse à donner est déterminée uniquement par le nombre de personnes hospitalisées, il est vraiment, vraiment tard. Je ne suis donc pas très confiant, mais peut-être que je me trompe et que, en coulisses, les préparatifs se poursuivent. »

S'exprimant mardi soir à la Télévision tchèque, le ministre de la Santé est resté allusif, déclarant qu'il allait présenter au gouvernement cinq versions de mesures à suivre pour la période allant jusqu'à la fin de l'année et deux à trois variantes de mesures pour la période à partir du 1er janvier. Il souhaite proposer, entre autres, qu'au cours des deux premières semaines de janvier, les écoles soient soumises à un test de dépistage du coronavirus les lundis et jeudis. Vlastimil Válek veut également débloquer 100 millions de couronnes (près de 4 millions d’euros) pour acheter de nouvelles machines à tests PCR afin de renforcer la capacité générale de tests.

Pour suivre l’évolution de la situation sanitaire et les éventuels changements à venir en termes de mesures restrictives à l’approche des fêtes de Noël, rendez-vous dans notre fil info ou sur Twitter @RadioPragueFr