Tchèque, 26 ans, étudiant, célibataire et encore chez papa et maman

Photo: Archives de Radio Prague

Cela n’a rien de nouveau et c’est même un phénomène observé depuis quelques années déjà dans la plupart des pays développés du monde. Confrontés à la dure réalité économique, mais aussi désireux de profiter de leur liberté, les jeunes Tchèques quittent à un âge de plus en plus avancé le foyer de leurs parents. Selon une enquête menée récemment par l’Office national des statistiques (ČSÚ), l’âge moyen auquel les Tchèques prennent désormais leur indépendance s’élève à 26 ans, soit bien plus tard qu’il y a encore seulement quelques années de cela.

Photo: Archives de Radio Prague
Ce n’est pas qu’ils ne veuillent pas fonder de famille. Non. Simplement, celle-ci ne constitue pas (encore) une priorité pour eux, et ils n’en ont de toute façon pas forcément les moyens financiers. « Ils », « eux », ce sont les jeunes Tchèques, célibataires, sans enfant, et visiblement heureux de l’être, du moins si l’on en croit les statistiques. Toutefois, selon le démographe Ondřej Nývlt, l’argent ne constitue pas l’unique raison de ce choix de vie chez papa et maman :

« Les générations des années 1960 étaient très différentes de leurs parents. Elles avaient un mode de vie et des opinions assez éloignés les uns des autres. Cela n’est plus le cas aujourd’hui. Les jeunes sont beaucoup plus conservateurs que dans le passé, ils n’ont plus les mêmes problèmes que ceux des générations précédentes, plus vraiment de conflits avec leurs parents et donc rien qui les pousse à quitter le cocon familial. »

Selon l’enquête réalisée par ČSÚ entre 2009 et 2013, 50% des hommes et 31% des femmes tchèques âgés de 25 à 29 ans habitent encore et toujours chez leurs parents. Il s’agit d’une nette augmentation par rapport à 1995, la part des femmes ayant même doublé en un peu moins de vingt ans, comme le confirme l’analyste de ČSÚ, Iva Kohoutová :

« L’âge croissant des mères au moment de la naissance de leur premier enfant comme celui des mariés, hommes comme femmes, confirment cette tendance. La République tchèque fait partie des quatre pays où la part des jeunes restant vivre chez leurs parents a augmenté le plus rapidement, avec la Hongrie, la Bulgarie et la Slovaquie. »

Photo: Commission européenne
Jusqu’il y a peu encore, le phénomène en question concernait essentiellement le sud et l’est de l’Europe. Inversement, en Europe du Nord, les jeunes quittent traditionnellement plus tôt l’environnement familial pour suivre leurs études loin de chez eux. Presque logiquement, position géographique de leur pays en Europe centrale oblige, les Tchèques, eux, dont les étudiants sont aujourd’hui aussi nettement plus nombreux qu’il y a quelques années de cela, se trouvent entre ces deux extrêmes. Toutefois, après avoir profité de leur jeunesse et une fois leur diplôme en poche, la tendance inverse est constatée. Ainsi, 77% des femmes tchèques âgées de 35 à 39 ans vivent en couple, contre seulement 19,5% pour la tranche d’âge des 20-24 ans.

Autre donnée marquante : l’âge moyen des mères au moment de leur premier accouchement. Celui-ci est passé de 20 à 21 ans avant la révolution de 1989 à 27-28 ans vingt-cinq plus tard. Une donnée qui peut constituer une explication à l’évolution positive selon laquelle le nombre d’enfants élevés par un seul parent tend à diminuer depuis 2008. Comme quoi, même les chiffres ont parfois du bon…