En Tchéquie, le coronavirus contribue au développement d’une pratique massive du vélo

Photo illustrative: pasja1000/Pixabay, CC0

La période de confinement actuelle ne présente pas que des inconvénients. Au contraire, elle est aussi parfois la source de tendances positives. C’est le cas par exemple de la pratique du vélo. Beau temps aidant, et puisque les virées dans la nature ne sont pas interdites, nombreux sont les Tchèques ces dernières semaines à rouler dans les rues et sur les chemins de tout le pays.

Photo: Vít Pohanka
Dans certains endroits, on s’en plaindrait presque. Par « on », comprenez les piétons, souvent contraints de se ranger sur le côté pour laisser passer les files de cyclistes. Même s’ils restent encore relativement peu nombreux dans les rues du centre de Prague, les vélos ont plus généralement envahi l’espace public en République tchèque ces deux derniers mois, depuis l’apparition du coronavirus dans le pays. Leur présence massive est même parfois devenue gênante notamment sur certains chemins de forêt, comme le confirme par exemple Miroslav Matoušek, membre du conseil d’administration de la société Kinský Žďár qui exploite plusieurs milliers d’hectares de forêts dans la belle région de Vysočina, dans le centre du pays, où collines et plateaux constituent un terrain idéal pour la pratique du cyclisme :

« Cela ne concerne bien sûr pas tout le monde. Il y a des gens qui sont responsables, mais il y en a aussi beaucoup dont le comportement est incompréhensible. En forêt, les petites routes servent d’abord au transport du bois. Elles sont conçues pour le passage d’un véhicule qui est censé avoir la priorité. Or, non seulement les cyclistes occupent parfois toute la largeur de la route, ne nous laissent pas passer et nous empêchent ainsi de travailler, mais ils ont aussi un comportement irresponsable et dangereux parfois même avec leurs enfants. Il n’est pas exagéré de parler d’incivisme. »

Photo: Vít Pohanka
Tout le monde ne se plaint cependant pas. Adjoint au maire de la petite ville de Žďár nad Sázavou (20 000 habitants), Josef Klement se félicite, lui, de la hausse de fréquentation de la voie n° 5061 qui longe la rivière Sázava, après un été 2019 déjà très positif :

« Lorsque nous avons procédé à des mesures, nous sommes parvenus au chiffre de 90 000 passages pour la période juillet-septembre. C’est une fréquentation que l’on pout comparer à celles des routes du vin en Moravie du Sud, qui sont un parcours traditionnellement très apprécié des cyclistes amateurs. Nous sommes donc heureux de constater que cette voie est devenue si importante dans notre région. »

Partout en République tchèque, depuis quelques années, les régions et les communes entreprennent d’importants investissements dans l’aménagement de la voirie, alors que la pratique du vélo est toujours plus populaire et constitue un bon moyen de passer leur temps libre pour de plus en plus de Tchèques.

Toutefois, comme par exemple à Prague sur la voie A2 qui longe la Vltava et traverse les quartiers de Podolí et de Bráník et mène jusqu’à Zbraslav, cette pratique en vogue est parfois victime de son succès.

Photo illustrative: pasja1000/Pixabay,  CC0
« Le nombre de cyclistes est en effet en hausse constante. Selon l'une de nos études, il augmente légèrement mais régulièrement depuis maintenant 2012 », confirme ainsi Stanislav Kozubek, lui-même ancien coureur de haut niveau et responsable à la mairie de Prague de la commission en charge de la question du développement du vélo. Même s’il s’en félicite, la capitale tchèque est encore loin, selon lui, de ressembler à certaines villes en Belgique, aux Pays-Bas ou encore au Danemark :

« Ce serait bien d’être confronté à un tel problème. Certes, certaines voies cyclables sont encombrées, mais, en général, il y a encore dans cette ville beaucoup de place pour la circulation des cyclistes. Le nombre de gens qui se déplacent quotidiennement à vélo reste relativement faible. On estime à 300 000 les Pragois qui montent sur leur vélo au moins cinq fois dans l’année. »

Des comptes que Stanislav Kozubek espère être contraint revoir après la crise du coronavirus et le retour à une vie plus normale dont il reste à savoir s’il se fera avec ou sans vélo.