En Tchéquie, un manque de structures d’accueil pour les SDF positifs au Covid-19

Photo illustrative: Russ Allison Loar, Flickr, CC BY-NC-ND 2.0

Comment isoler les sans-abris touchés par le Covid-19 ? Alors que la situation épidémiologique ne cesse de se détériorer dans le pays, le gouvernement, les autorités régionales et municipales et les fournisseurs de soins sociaux ne sont toujours pas parvenus à trouver une solution, s’inquiète la branche tchèque de l’Armée du salut.

Présente dans une quinzaine de villes tchèques, l’Armée du salut vient en aide chaque jour à entre 3 000 et 5 000 sans-abris. Dans la région de Moravie-Silésie, où l’organisation est particulièrement active, le nombre de ses clients a doublé depuis le début de la pandémie de coronavirus au printemps dernier.

Jan František Krupa | Photo: Kristýna Maková,  Radio Prague Int.

Selon un recensement effectué l’année dernière par le ministère du Travail et des Affaires sociales, ils étaient environ 24 000 sans-domicile dans les rues des villes tchèques, dont 2 600 enfants. La plupart d’entre eux vivent à Prague et en Moravie-Silésie. Mais d’après le directeur de l’Armée du salut en République tchèque, František Krupa, le nombre de SDF serait en réalité beaucoup plus élevé et risque d’augmenter encore en raison de la crise sanitaire :

« Nous estimons que le nombre de SDF varie entre 30 000 et 70 000 en République tchèque. Ce nombre dépend du classement ou non dans cette catégorie uniquement des gens qui vivent dans la rue, ou si nous y incluons aussi tous ceux qui vivent dans des centres d’accueil ou qui habitent chez des amis. Pour l’Armée du salut, tous ces gens-là sont des SDF, parce qu’ils n’ont pas leur ‘chez-soi’. »

Photo llustrative: Michal Záboj,  ČRo

Une population fragile et très exposée au risque de contamination au Covid-19, comme l’explique František Krupa :

Photo: Kristýna Maková

« Ce risque est lié au fait que les gens dans la rue sont moins suivis par les médecins que le reste de la population. Par conséquent, le virus pourrait se propager parmi eux de manière incontrôlable. Ces personnes sont aussi très méfiantes à l’égard des institutions, y compris des institutions sanitaires, et il est souvent difficile de les contacter et de les convaincre de se faire prendre en charge. A mon avis, il n’y a pas d’autre moyen d’y parvenir que par l’intermédiaire des travailleurs sociaux qui sont sur le terrain et auxquels les sans-abris font confiance. »

«  Il est tout aussi indispensable de créer des structures adéquates pour les personnes sans-abri testées positives au coronavirus. Elles n’ont pas d’endroit où s’isoler et se remettre de la maladie. Si elles vont dans des centres d’accueil, elles risquent de contaminer d’autres personnes. »

Le camping situé sur l’île de Císařská louka,  photo: L’ONG Naděje

Un problème jusqu’alors irrésolu par les municipalités. Si Prague, Brno et d’autres villes encore ont ouvert, au printemps dernier, des campings réservés aux sans-abris, cette solution s’avère, selon le directeur de l’Armée du salut, inefficace à l’approche de l’hiver et surtout dans le contexte de la deuxième vague de l’épidémie qui frappe la Tchéquie de plein fouet :

« Ce moyen de loger les sans-abris dans des campings a été très populaire pendant le confinement du printemps dernier. Les municipalités ont prétendu que c’était même mieux pour les SDF de les loger ainsi que dans des bâtiments, parce que, finalement, ils étaient habitués à dormir sous la tente. Cet argument m’a déplu dès le début. Je ne vois pas comment on pourrait installer dans des tentes les personnes malades. Il est impensable de traiter les gens de la sorte au XXIe siècle en Europe centrale. »

Le bateau Hermés pour les SDF à Prague,  photo: Filip Jandourek,  ČRo

La ville de Prague a également hébergé, cette année, quelque 300 SDF dans des hôtels. En août dernier, le conseil municipal de la capitale a décidé de lancer un appel d’offres pour la construction de plusieurs centres d’hébergement pour les sans-abris.