« Entre Prague et Paris », les peintres tchèques de la Belle Époque à l’honneur au Palais des foires
Jusqu’au 30 juillet, la Galerie nationale au Palais des foires, dans le quartier de Holešovice à Prague, abrite une exposition consacrée aux artistes tchèques qui ont vécu à Paris durant la période de la Belle Époque. Elle complète l’exposition permanente de la galerie, consacrée à l’art contemporain.
Installée dans le Cabinet des arts graphiques du musée, l’exposition « Entre Prague et Paris : dessins d’artistes parisiens tchèques » met en lumière des dessins d’artistes tchèques qui ont fréquenté les hauts lieux du Tout-Paris à la fin du XIXe siècle : boulevards, grands cafés, Place de la Concorde ou Place de la Bourse. Un engouement pour la capitale française et une source d’inspiration qui ne se sont jamais atténués, comme l’explique Markéta Dlábková, commissaire de l’exposition :
« Partir vivre à Paris était une opportunité intéressante pour les artistes tchèques, parce que la capitale française était un berceau d’art et de culture. Le public pouvait admirer leur travail grâce à des affiches dans les rues, ainsi que dans les galeries, les salons et les théâtres ».
Une aubaine pour les peintres tchèques qui profitent de leur expérience parisienne, à une période où la Renaissance nationale tchèque émerge. À Prague, alors encore sous l’autorité des Habsbourg, le sentiment national ne cesse de croître sous l’impulsion de sociétés savantes. Mais les artistes installés à Paris décident de travailler autrement, selon Markéta Dlábková :
« Le XIXe et le début du XXe siècles marquent le réveil de l’identité tchèque. Mais ce dont les peintres tchèques installés en France désiraient surtout s’inspirer, c’était la vie parisienne. À l’époque, ils avaient davantage une approche internationale de l’art. »
Une approche internationale qui commence dès l’université pour ces artistes. Après un engouement pour Rome, berceau de la culture antique, c’est dans la capitale française que les peintres tchèques trouvent une nouvelle inspiration dès le XIXe siècle. Certains d’entre eux ont notamment travaillé comme illustrateurs et affichistes pour les journaux les plus en vue de l’époque. C’est le cas de Luděk Marold, né à Prague en 1865. Sur place, il s’entoure d’artistes compatriotes tels que František Bílek, František Kupka et Jan Dědina. Ce dernier, déserteur de l’armée autrichienne reconverti en peintre, a rencontré un franc succès lors de l’exposition de ses dessins au Salon de la Société nationale des Beaux-Arts en 1903.
Preuve de l’attractivité de Paris, l’arrivée massive de ces artistes est telle que l’on en vient à la qualifier de « colonie tchèque ». Jaroslav Čermák, Karel Purkyně, Bedřich Wachsmann viennent s’ajouter au tableau dès les années 1850 et 1860. Et bien évidemment Alfons Mucha. Celui-ci n’est toutefois pas de la partie pour cette exposition. Pourquoi ? Réponse de Markéta Dlábková :
« Je voulais me concentrer sur d’autres artistes qu’Alfons Mucha, parce qu’il est le plus célèbre et que son œuvre est la plus connue. Luděk Marold a lui aussi acquis une certaine notoriété et a collaboré avec de grands journaux comme Le Monde illustré. »
Ouverte au public jusqu’au 30 juillet au Cabinet des Arts graphiques, au Palais des foires de Prague (Veletržní palác) « Entre Prague et Paris » complète l’exposition permanente de la Galerie nationale « 1796-1918 : L’art du siècle long ». L’occasion de partir à la rencontre de ces artistes tchèques et de découvrir leurs œuvres.
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