Entretien avec Roman Sebrle, champion olympique de décathlon et Athlète tchèque de l'année 2004
« La médaille d'or olympique est sans discussion possible le plus grand succès de ma carrière ». Roman Sebrle, sacré champion olympique de décathlon aux Jeux d'Athènes en août dernier, a été élu, samedi, à Prague, Athlète tchèque de l'année pour la troisième fois consécutive. Le seul décathlonien de l'histoire à avoir dépassé la barre mythique des 9000 points s'est confié, peu après la cérémonie, au micro de Radio Prague.
« (rires) D'avoir gagné, bien entendu ! Je me suis préparé pendant quatre ans pour l'échéance d'Athènes et je craignais vraiment qu'il puisse se reproduire un malheur comme lors des Championnats du monde l'année dernière. Je suis persuadé que j'avais les moyens de gagner, mais j'avais alors été malade juste avant la compétition. Pour un sportif qui consacre autant de temps et fait autant de sacrifices avec un seul objectif en point de mire, c'est terrible. Mais malgré la déception engendrée par les Championnats du monde, je m'étais dit que ce n'était pas grave, que mon objectif principal restait de toute façon les Jeux olympiques l'année suivante. C'est pourquoi je suis si heureux d'avoir gagné. Même si je n'avais remporté aucune médaille avant les Jeux, je serais heureux d'avoir justement cet or olympique. »
Unique champion olympique tchèque à Athènes, Roman Sebrle s'est donc montré à la hauteur de tous les espoirs placés en lui au pays avant l'ouverture des Jeux. Mais en sport, ce statut de grand favori n'est jamais facile à assumer, surtout lorsqu'il prèse sur les épaules pendant deux jours de compétition comme c'est le cas en décathlon. L'Hercule tchèque raconte :« Le concours en lui-même, c'est vraiment ce qu'il y a de plus difficile. Pendant deux jours, vous devez rester concentrés et vous luttez sans cesse contre la nervosité, car vous savez que vous n'avez pas le droit à l'erreur. C'est pourquoi le côté psychique est le plus important pendant le concours. Je n'ai rien de spécial, aucune méthode particulière pour m'aider à faire disparaître cette nervosité. A Athènes, j'ai vraiment été très nerveux pendant les deux jours du concours. Pourtant, ça ne m'était jamais arrivé avant. Parfois, je suis nerveux à cause d'une discipline, mais ensuite je réussis une bonne performance, par exemple au saut en longueur ou à un lancer, et ça va mieux pour un petit moment. Mais là, aux Jeux, cet état de stress a été permanent pendant toute la durée des épreuves. En fait, il n'y a qu'après mon essai réussi à cinq mètres au saut à la perche que je me suis un peu relâché, libéré. Mais ce n'est qu'une fois la victoire acquise que je me suis vraiment senti bien. »
Au-delà de sa médaille d'or, Roman Sebrle, qui jouit d'une image de sportif exemplaire, a également accepté d'aborder d'autres sujets plus sensibles. Le fléau du dopage, dont l'ombre a plané, une fois de plus, au-dessus des Jeux, est l'un de ceux-là :
« (rires) Pour ce qui est du décathlon, je ne sais pas si l'usage du dopage peut permettre d'obtenir de meilleurs résultats. Je n'ai jamais essayé aucun produit et je ne sais pas quels peuvent en être les effets, ni même comment cela fonctionne. Cela dit, je pense que le décathlon est un sport spécifique et je fais confiance à mes adversaires. Je crois qu'ils ne prennent rien tout simplement parce que les disciplines du décathlon sont très différentes les unes des autres. Si quelqu'un se dope pour courir plus vite, cela l'handicape ensuite par exemple dans les épreuves techniques. Pareillement, si un concurrent a beaucoup de force pour lancer loin, sa corpulence peut l'empêcher de bien figurer au à la longueur ou en hauteur. Cet équilibre est très important. Si vous regardez bien, il n'y a d'ailleurs pas vraiment de supers performances dans aucune discipline, c'est pourquoi je pense que le dopage n'est pas nécessaire. »L'organisation des Jeux olympiques à Praque en 2016 ou 2020 est un autre dossier brûlant actuellement à l'étude qui ne fait pas, loin s'en faut, l'unanimité, aussi bien dans les sphères sportive que politique et économique locales. Roman Sebrle est, pour sa part, favorable à un projet qui donnerait une dimension nouvelle à la capitale tchèque :
« Je pense que l'idée de Jeux olympiques à Prague est tout à fait réaliste. Si les Grecs ont su les organiser, il n'y pas de raison que nous n'y parvenions pas pas nous aussi. Ca aiderait au développement de la ville de Prague et du pays tout entier. Je suis convaincu que les Tchèques s'acquiterraient de l'organisation comme il convient et avec les honneurs, et que ce seraient de formidables Jeux olympiques. »