Être journaliste en Tchéquie
Samedi dernier, Tomas Nemecek, rédacteur en chef de l'hebdomadaire Respekt, périodique d'un haut niveau professionnel et intellectuel, a été brutalement attaqué et blessé par deux inconnus. Alena Gebertova résume quelques interrogations soulevées par cette agression, qui n'est pas d'ailleurs la seule perpetrée contre un journaliste, ces derniers temps, en Tchéquie.
Faire du journalisme d'investigation et couvrir des thèmes d'actualité épineux qui sont souvent absents dans d'autres médias semblent être le premier impératif de l'hebdomadaire Respekt qui s'est imposé sur la scène tchèque, voilà treize ans. Le racisme, le néonazisme, les affaires de corruption ou de privatisation entre autres sont les thèmes sur lequels aiment se pencher les membres de la rédaction du journal. Récemment, ce dernier a enquêté sur un groupe de racketteurs qui terrorisent les entrepreneurs dans la ville de Most, en Bohême du nord, et qui, selon les témoins, seraient prêts à tout. L'attaque contre Tomas Nemecek, qui a eu lieu samedi matin, devant sa maison, aurait-elle donc un rapport avec cette affaire ou bien une autre récente affaire? S'agit-il d'avertissement ou d'un acte de vengeance ? Les commentaires dans la presse de ce lundi optent largement pour cette alternative, d'autant que la victime, blessée à la tête, aux côtes et à la rate, et qui a du être hospitalisée, ne s'est pas faite voler. Dans son édition de ce lundi, l'hebdomadaire Respekt, lui-même, soutient cette éventualité tout en admettant, vaguement, la possibilité d'une agression fortuite. En ce qui concerne la police, elle a ouvert une enquête pour coups et blessures. La jeune démocratie tchèque voit ses journalistes exposés, assez souvent, à des pressions, des menaces ou des intimidations. Plus encore : Karel Srba, haut fonctionnaire d'Etat, a été récemment condamné pour tentative d'assassinat de la jeune journaliste Sabina Slonkova du quotidien MfD. Pour beaucoup, la récente agression contre Tomas Nemecek s'inscrit dans cette même ligne de crimes, dont le but serait d'intimider les journalistes « imprudents et incommodes ». « C'est une chose grave et la police doit tout faire pour que l'affaire soit élucidée », conclut l'hebdomadaire Respekt.