Etudiants étrangers en Tchéquie : globalement satisfaits, ils s’intéressent à la nourriture… ou à la politique

Un sondage de la Maison de la coopération étrangère (Dům zahraniční spolupráce, DZS) mené auprès des diplômés étrangers d’universités tchèques ainsi que des participants à des séjours d’études en République tchèque met en évidence leur expérience positive de leur séjour dans le pays. Tant et si bien que la majorité d’entre eux ont décidé d’y rester une fois leurs études terminées.

Afin de savoir comment les étudiants étrangers évaluaient leurs études en République tchèque, la Maison de la coopération étrangère (DZS), qui dépend du ministère tchèque de l’Education, de la Jeunesse et des Sports,  a mené un sondage en ligne d’octobre à décembre 2021, un sondage auquel pouvaient participer tous les étudiants ayant fait l’intégralité de leurs études ou bien un séjour universitaire court dans le pays. Sur les quelque 5226 répondants, les réponses de 4534 d’entre eux ont pu être utilisées.

Jakub Tesař | Photo: LinkedIn de Jakub Tesař

Responsable de l’internationalisation des études en République tchèque à la Maison de la coopération étrangère, Jakub Tesař explique que le sondage a montré que globalement, la relation des étudiants étrangers avec la République tchèque, mais aussi leur évaluation de leurs études et de leur parcours professionnel, étaient positives :

« Il ressort du sondage que l’expérience des étudiants est véritablement positive. Le seul fait que 97 % des répondants recommanderaient à d’autres de faire des études en République tchèque parle de lui-même. D’une façon générale, on peut donc dire que c’est positif. »

Une expérience positive et recommandée

« Dans notre sondage, nous ne leur avons pas demandé dans le détail ce qui leur plaisait ici, le contenu des cours ou autre ; néanmoins, il en ressort que globalement, leur rapport avec la République tchèque est bon. Ce qui les a séduits plus que tout – et ce qui leur a permis de créer des liens avec le pays – c’est le fait d’avoir fait de nouvelles connaissances et d’avoir découvert la culture locale. Plus que les études ou les établissements universitaires en soit, c’est l’expérience humaine au quotidien qui compte. Il apparaît de ce sondage que la plupart des étudiants – à l’exception de ceux originaires de pays voisins, et notamment de Slovaquie – ne savaient pas grand-chose de la République tchèque avant d’y venir. Mais leur rapport avec le pays s’est largement amélioré après leur arrivée, car ils ont découvert que c’était un pays agréable à vivre, et où vivent des gens agréables. On peut résumer le sondage de cette façon. »

Des sondés surtout jeunes diplômés

Ouvert en théorie à tous les anciens étudiants étrangers en République tchèque, ce sondage a toutefois recueilli une large part d’opinions de jeunes diplômés : 1988 des 4534 réponses exploitées sont celles d’étudiants ayant terminés leurs études en 2019 ou après.

Photo illustrative: ČT24

Sur l’ensemble des étudiants ayant répondu au sondage, les Français constituent le troisième groupe le plus important parmi les étudiants ayant réalisé un séjour d’études court dans le pays. En revanche, ils n’apparaissent pas parmi les dix nationalités de répondants principales pour les étudiants ayant réalisé la totalité de leurs études en République tchèque.

Quelles études, et en quelle langue ?

Les trois universités à avoir accueilli le plus d’étudiants étrangers ayant répondu à ce sondage sont pragoises : il s’agit de l’Université Charles, suivie de l’Ecole supérieure d’économie (VŠE) et de l’Université tchèque des sciences de la vie.

Photo illustrative: Filip Jandourek,  ČRo

Les domaines d’étude diffèrent quelque peu selon s’il s’agit d’un cursus complet ou d’un séjour universitaire court. Ainsi, les étudiants étrangers ayant fait des études longues en République tchèque étudiaient principalement dans le domaine de la santé et des soins, mais aussi du commerce, de l’administration et du droit, ou enfin des sciences naturelles, des mathématiques ou des statistiques. Quant à ceux ayant effectué un séjour court en République tchèque, il s’agissait principalement d’étudiants en commerce, administration et droit, en sciences humaines et arts, ou encore en sciences sociales et journalisme.

Quant à la langue d’enseignement, elle diffère, très logiquement, en fonction du temps d’études en République tchèque : pour les séjours courts, 89 % des étudiants ont suivi des cours en anglais et seulement 6 % en tchèque, tandis que les proportions sont toutes autres pour ceux ayant fait toutes leurs études dans le pays : 27 % en anglais et 71 % en tchèque.

Rester ou pas ?

Le sondage visait également à connaître la part d’étudiants étrangers ayant décidé de rester vivre et travailler en République tchèque. Jakub Tesař avoue avoir été surpris du résultat :

« Nous avons constaté que plus de la moitié des étudiants ayant participé au sondage sont restés en République tchèque une fois leurs études terminées. On pouvait s’attendre à ce que cela soit le cas pour les étudiants originaires de Slovaquie, pour qui cela est finalement assez naturel ; cependant, ce qui m’a surpris, c’est que c’est également le cas pour les étudiants originaires d’autres pays. Donc oui, les étudiants souhaitent rester ici après leurs études – pendant un certain temps, tout du moins. »

« C’est un fait : les étudiants étrangers n’ont pas eu de problème à trouver un travail pendant leurs études, ni après leurs études. Il n’appartient donc qu’à eux de décider s’ils restent en République tchèque après leurs études pour y travailler, ou s’ils rentrent dans leur pays d’origine. »

Photo: Faculté de médecine de l’Université Charles de Hradec Králové

Une conclusion finalement assez prévisible puisque la République tchèque est, de longue date, un des pays enregistrant un taux de chômage parmi les plus bas de l’Union européenne. D’après les dernières statistiques Eurostat, en mars 2022, la République tchèque restait d’ailleurs le pays avec le plus bas taux de chômage des pays membres, avec 2,3 % de chômeurs contre 6,2 % pour la moyenne européenne.

Tout n’est pas rose

Mais la quasi-garantie de l’emploi ne fait pas tout, et le sondage a permis d’identifier quelques sources d’insatisfaction chez les anciens étudiants étrangers en République tchèque. Jakub Tesař :

« A propos des études, certains étudiants ont dit qu’ils auraient apprécié des études plus orientées sur la pratique. Par ailleurs, certains étudiants non slovaques, en particulier, ont déploré le peu de serviabilité des Tchèques, ceux-ci n’étant pas forcément aimables au premier abord. »

Photo illustrative: Hopgardener,  Wikimedia Commons,  CC BY-SA 3.0

Enfin, le sondage réalisé par la Maison de la coopération étrangère visait à mettre en évidence les liens continués – ou non – des anciens étudiants étrangers avec la République tchèque. Jakub Tesař :

« Notre sondage visait également à savoir si la relation des étudiants étrangers avec la République tchèque se poursuivait une fois leurs études terminées, s’ils continuaient à suivre la culture tchèque, le cinéma tchèque, par exemple. Parmi les réponses obtenues, nous avons été très surpris de constater que certains suivaient la politique tchèque ! Pour les étudiants ayant réalisé un séjour universitaire court en République tchèque, et qui avaient donc eu moins de temps pour en découvrir la culture, ce qui leur avait semblé intéressant, c’était en général la nourriture ; pour les étudiants qui y ont fait des études longues, ce sont la politique et la culture sous diverses formes qui les intéressaient. »

Les résultats du sondage sont disponibles sur https://www.dzs.cz/en/article/we-conducted-first-survey-among-foreign-graduates-czech-universities.