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2) Etudier la médecine à l’étranger ? Pourquoi pas à Brno !

Fondée sous l’impulsion de l’ancien président T. G. Masaryk, dont elle porte le nom, la deuxième université tchèque siège depuis 1919 à Brno, en Moravie du Sud.

Université Masaryk à Brno | Photo: Michaela Danelová,  ČRo

L’Université Masaryk compte dix facultés. A l’exception des facultés de droit et de sport, elles proposent toutes des programmes d’études en anglais. Les étudiants étrangers sont de plus en plus nombreux dans la deuxième plus grande ville tchèque, réputée tout autant pour ses bars et cafés très nombreux que ses centres de recherche scientifique.

C’est aussi le cas de Cyril Deregnaucourt, un Lillois de 26 ans, actuellement en 5e année de médecine à l’Université Masaryk. Avec les facultés de sciences sociales et d’économie, la faculté de médecine est la plus prisée des étudiants étrangers. Cyril explique son choix :

Cyril Deregnaucourt | Photo: Magdalena Hrozínková,  Radio Prague Int.

« J’ai effectué mes deux années de PACES, mais malheureusement, cela s’est soldé par un échec. Comme je n’avais donc plus l’opportunité de faire médecine en France, je me suis tourné vers des solutions à l’international. J’ai d’abord pensé au Canada, mais c’est très cher. En termes de qualité d’études et de prix, la République tchèque m’a semblé être un bon choix. J’ai postulé à Prague et à Brno et j’ai été accepté dans les deux universités. Finalement, on m’a conseillé Brno et je ne regrette absolument pas ma décision. »

« Tous les cours sont en anglais. Au début, j’ai eu un peu d’appréhension, mais je dois dire que la transition s’est très bien passée. Les groupes sont composés d’étudiants qui viennent de tous les pays du monde. Il y a très peu d’anglophones natifs et nous nous adaptons les uns aux autres. »

Les étudiants francophones sont-ils nombreux ?

« Depuis deux ans, je suis ambassadeur de l’Université Masaryk pour les Français. Grâce à ma collègue Monika, qui s’occupe des concours d’entrée en France, de nombreux Français viennent effectivement faire leurs études supérieures à Brno. Nous sommes actuellement une quinzaine d’étudiants en médecine éparpillés dans différentes promotions. D’autres Français encore étudient à l’Université vétérinaire de Brno. »

Photo: Université Masaryk de Brno

Comment évaluez-vous la qualité des cours ?

« Honnêtement, je trouve les programmes de très bonne qualité. J’apprécie le fait que nous ayons beaucoup de pratique. Dès la 3e année, nous sommes accueillis à la clinique. Deux fois par semaine, nous passons 3 à 4 heures à l’hôpital, dans différents services. Dès la 4e année, nous commençons les blocs. Cela nous permet de découvrir tous les départements de l’hôpital. »

Pouvez-vous comparer cela avec des études de médecine en France ?

Photo illustrative: Université Masaryk de Brno

« Malheureusement non, même si j’ai des amis qui préparent leur diplôme en France. Encore une fois, je pense que nous avons peut-être plus de pratique. Certaines choses sont différentes : en République tchèque, les étudiants passent le concours d’entrée pour accéder à la faculté de médecine. Je pense que pour les étrangers, ce concours est accessible, même s’il se passe en anglais. En termes de prix également, les études en République tchèque coûtent moins cher comparé aux autres pays européens. »

Comment financez-vous vos études ? Avez-vous une bourse ?

« Pas du tout, je paye moi-même mes frais de scolarité. Les étudiants étrangers de l’Université Masaryk reçoivent, au début de leur 1ère année d’études, un prix fixe. Pendant mes six années d’études à Brno, ce prix, qui s’élève à 280 000 couronnes par an (près de 12 000 euros, ndlr), ne changera pas, alors qu’il augmente chaque année, s’adaptant au coût de la vie. Personnellement, j’ai dû faire un prêt étudiant en France. »

Photo: Université Masaryk de Brno

J’imagine que vous apprenez le tchèque, ne serait-ce que pour communiquer avec les patients…

« Oui, à l’hôpital, c’est important. Malheureusement, mon tchèque n’est pas encore excellent, mais j’arrive à me débrouiller. »

Les examens, vous les passez également en anglais ?

« Oui, tout est en anglais. La plupart des examens sont des oraux, ce qui est très différent du système français. Je pense que c’est bénéfique pour les étudiants : on apprend différemment quand on est contraint d’expliquer la matière à l’oral. »

Vous vous plaisez à Brno, ville où sont également implantés de nombreux instituts de recherche. Est-ce important pour vous ?

Photo: Université Masaryk de Brno

« Effectivement, c’est important. La plupart des hôpitaux de Brno sont à la pointe de la technologie. Cela nous permet de voir et d’expérimenter beaucoup de choses. Pour les patients, c’est ce qu’il y a de mieux. »

« Personnellement, j’adore cette ville. Cela fait cinq ans que je suis ici, j’habite dans le centre… Nous avons une bibliothèque universitaire ouverte 24 heures sur 24, 7 jour sur 7. Tout est à proximité ! La ville n’est pas très grande et c’est un avantage. Il existe quand même cinq hôpitaux dans les alentours où nous tournons, en fonction des blocs d’études. Je suis très content ici ! »

Quels sont vos coins préférés à Brno ou dans la région ?

« Je ne connais pas vraiment la région, mais à Brno, j’aime bien le château de Špilberk et le parc de Lužánky, très agréable quand l’été arrive. »

Château de Špilberk | Photo: Vít Pohanka,  ČRo

Avez-vous des activités en dehors de vos études ?

« Je fais partie de mon BDE. Je suis en charge du social pour les étudiants internationaux, donc j’organise des événements, notamment des soirées, des tournois de football et de volley. Cela me permet de faire autre chose que de la médecine, ce qui est important. »

Quels sont vos projets ? Pensez-vous rester en Tchéquie ?

« Non, je ne pense pas, malheureusement. Je me sens toujours limité par la barrière de la langue. Je pense aller me spécialiser en Suisse par la suite, de façon à pouvoir convertir mon diplôme international en un diplôme francophone.  Cela me permettrait de retourner en France, mais je ne sais pas encore. »

Existe-t-il des problèmes de reconnaissance de diplômes entre la République tchèque et la France ?

Université Masaryk à Brno | Photo: René Volfík,  iROZHLAS.cz

« Le système français veut que même avec un diplôme tchèque, nous passions un examen classé en national qui demande un an de préparation. Ce n’est qu’après avoir passé cet examen que nous pouvons choisir la région en France où nous voudrions travailler, ainsi que notre spécialité. Je veux donc me préparer en Suisse, qui est aussi qualitative que la République tchèque. »

Une recherche de pointe au centre CEITEC

Helène Robert Boisivon | Photo: Magdalena Hrozínková,  Radio Prague Int.

CEITEC, l’Institut technologique d’Europe centrale consacré aux sciences de la vie et à la recherche technique a ouvert ses portes à Brno en 2011. Installé sur le campus du quartier de Bohunice, ce centre européen de recherche de pointe est étroitement lié aux écoles supérieures de la ville, comme nous l’explique Helène Robert Boisivon. Installé depuis dix ans à Brno avec sa famille, elle se consacre au sein du CEITEC aux recherches dans le domaine du développement de la plante et plus particulièrement de la graine.

Photo: CEITEC

« Je suis Normande, je viens de Rouen où j’ai commencé mes études. Ensuite, j’ai bougé dans mon parcours étudiant et professionnel : je me suis retrouvée à faire une thèse en Hollande et ensuite, j’ai fait un stage postdoctoral de cinq ans en Belgique. Mon chef de l’époque était tchèque et il m’a recommandé de venir à Brno, car CEITEC se mettait en place et proposait plein d’opportunités. Avec mon mari, nous avons décidé d’essayer et de nous y installer. »

« CEITEC est un consortium qui regroupe six universités de Brno. Notre institut, CEITEC MU, est relié à l’Université Masaryk. Nous nous consacrons à la biologie, tandis qu’il existe une partie plus technique du consortium, reliée à la VUT, l’Ecole supérieure technique de Brno. Au sein du CEITEC MU se trouve notre département des plantes, ainsi qu’un département de la biologie structurale qui s’est notamment consacré ces derniers temps à la structure des virus. Nous avons également un département de neurosciences et un autre consacré à la médecine moléculaire, donc aux différents aspects sur la research… pardon, recherche médicale. »

Photo: CEITEC

Vous parlez beaucoup anglais dans votre travail…

« On parle tout le temps anglais ! C’est difficile de parler du travail en français. Notre groupe de recherche est composé de douze personnes de nationalités différentes, de Tchèques bien sûr, mais nous avons également parmi nous un collègue espagnol, une Iranienne, une Tunisienne et un chercheur marocain qui va rejoindre notre équipe prochainement. »

Brno a-t-elle une renommée internationale dans le domaine de la recherche ?

Photo: CEITEC

« Le développement du CEITEC justement a mis en avant la ville. Son développement en termes d’infrastructures aussi attire de plus en plus d’étrangers qui viennent ici pour étudier ou travailler. La ville est beaucoup plus internationale qu’il y a quelques années. Brno elle-même joue sur cet aspect, elle se veut être un centre de l’innovation, du développement et de la recherche. »

Selon vous, les jeunes professionnels étrangers qui ont fait leurs études à Brno, sont-il nombreux à rester ou à retourner en Tchéquie ?

Photo: CEITEC

« Dans mon groupe de recherche, nous avons des techniciens qui sont partis pour quelques années à l’étranger et qui sont revenus, mais ce sont des Tchèques. Pour les étrangers, c’est plus compliqué, cela dépend de leur vie privée, s’ils ont un partenaire tchèque ou non et de sa profession. Mes collègues étrangers sont rentrés chez eux ou sont partis pour continuer leur carrière dans un autre pays. Comme moi, je l’ai fait ! Nous avons tendance à être très mobiles, cela fait partie de notre travail. »

L’Université Masaryk (appelée l’Université Jan Evangelista Purkyně entre 1960 et 1990) est la deuxième plus grande université tchèque, après l’Université Charles. Le nombre des étudiants étrangers qui suivent ses programmes d’études a augmenté, passant de 5% en 2018 à 8,1% en 2022 (sans compter les étudiants originaires de la Slovaquie voisine). L’Université Masaryk compte dix facultés et gère, entre autres, le Musée Mendel, le cinéma universitaire Scala, ainsi qu’une station polaire en Antarctique. Comme les autres universités publiques tchèques, elle propose aux étudiants étrangers de suivre gratuitement des programmes d’études en tchèque. Pour plus de détails sur les critères d’admission : https://www.muni.cz/en/admissions/bachelors-and-masters-studies

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