Exploration spatiale : la Tchéquie rejoint le programme américain Artemis

Jan Lipavský et Bill Nelson

A l’occasion  de son voyage officiel de trois jours aux Etats-Unis, le ministre des Affaires étrangères Jan Lipavský a signé au nom de la Tchéquie les accords Artemis, du nom de ce programme spatial de la NASA visant à ramener des astronautes sur la lune au plus tôt en 2025. La Tchéquie devient ainsi le 24e pays à s’associer officiellement à ce projet.

C’est symboliquement en remettant au directeur de la NASA Bill Nelson, un dessin de Petr Ginz, ce jeune garçon assassiné à Auschwitz qui rêvait de voyages dans l’espace, que le chef de la diplomatie tchèque a acté sa signature des accords Artemis, mercredi.

Initié par l’ancien président américain Donald Trump en 2017 et doté d’une enveloppe de 92 milliards de dollars, ce programme spatial associe désormais 24 pays, mais aussi, grande nouveauté, des entités privées, avec la participation de Space X, fondée par Elon Musk.

A l’occasion de la signature de ces accords, Bill Nelson a rappelé que le dernier homme à avoir foulé le sol lunaire, en 1972, était Eugene Cernan, le petit-fils d’émigrants tchèques et slovaques. Egalement d’origine tchèque par sa mère, James Lovell qui a découvert, avec ses collègues astronautes, la face cachée de la lune en 1968 et qui fut le commandant de la mission avortée Apollo 13 en 1970.

Mission Artemis | Photo: Joel Kowsky,  NASA/Wikimedia Commons,  public domain

A Washington, Jan Lipavský a tenu à souligner le rôle et l’implication de la Tchéquie dans le domaine spatial :

« La République tchèque est un acteur majeur de la recherche spatiale. Nous avons un certain nombre d’entreprises qui fabriquent diveres composantes pour les fusées. Nous faisons désormais partie du programme spatial Artemis, une initiative menée par les États-Unis et la NASA. Cela nous ouvre des portes vers une participation ultérieure. »

La Tchéquie est certes un petit pays, mais il faut toutefois rappeler que sa capitale, Prague, accueille le siège de l’Agence du programme spatial de l’Union européenne (EUSPA), qui gère notamment le système de navigation par satellite Galileo et Copernicus.

Le vaisseau spatial chinois Shenzhou 14 | Photo: China News Service/Wikimedia Commons,  CC BY 3.0

Cette course à la reconquête de la lune est menée aujourd’hui en concurrence avec la Chine, à la différence de ce qui caractérisa la rivalité américano-soviétique pendant la Guerre froide. Récemment un article du Washington Post dévoilait l’inquiétude du gouvernement américain face au programme spatial de Pékin et la possibilité que la Chine puisse l’utiliser pour attaquer Taïwan. Une différence notable avec les principes du programme Artemis, selon Jan Lipavský dont le gouvernement soutient par ailleurs activement l’île revendiquée par Pékin :

Mission Artemis | Source: NASA/Wikimedia Commons,  public domain

« Artemis cherche à se rendre dans l’espace mais de manière pacifique et transparente. L’essentiel est que nous ne nous reposions pas sur nos lauriers dans le domaine des technologies modernes et de leur développement. On voit bien que la Chine est active dans toute une série de nouvelles technologies, que l’on parle d’intelligence artificielle, d’électromobilité, de cybernétique ou de recherche spatiale. Et il est bien que les Etats-Unis veulent mener ces recherches avec leurs alliés et que la Tchéquie en soit partie prenante. »

La première phase du programme, Artemis I, s’est déroulée en novembre dernier, la seconde phase étant prévue pour 2024 avec un vol habité sans alunissage, avant la phase effective d’une nouvelle présence humaine sur notre satellite à l’horizon 2025. Malgré le caractère fascinant de ces explorations spatiales, celles-ci ne font pas l’économie de critiques quant à leur empreinte écologique et leur nécessité réelle à l’heure de la lutte contre le réchauffement climatique.

« Je pense que cela montre que nous devons faire les deux. L’exploration spatiale est un moteur important pour le développement des connaissances et des capacités humaines, un stimulant majeur pour nos économies et pour le domaine des sciences. Cela peut être riche d’enseignements afin que nous soyons plus en mesure de protéger notre planète. »