Le chef de la diplomatie tchèque contre la suspension du dialogue politique entre l’UE et Israël
Le ministre tchèque des Affaires étrangères, Jan Lipavský, a exprimé son scepticisme quant à l’efficacité de la suspension du dialogue politique entre l’Union européenne (UE) et Israël, proposée par le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.
Josep Borrell a avancé cette proposition en réponse à des rapports de diverses organisations internationales indépendantes accusant Israël de violations des droits de l’homme et du droit humanitaire international. La question a été débattue ce lundi lors d’une réunion des ministres des Affaires étrangères de l’UE à Bruxelles.
En amont de cette réunion, Jan Lipavský a critiqué l’approche de Josep Borrell :
« Pendant la présidence tchèque de l’UE nous avons œuvré pour la mise en place d’un conseil d’association avec Israël et il me semble que Josep Borrell a bloqué cette initiative. Puis, il a passé des mois à essayer de la relancer. Et maintenant, après avoir proposé des sanctions, il propose d’interrompre le dialogue politique. Cela commence à ne plus avoir de sens et ce n’est pas une politique très consistante. »
Il a ajouté :
« Nous pouvons discuter de cette proposition au conseil, mais je ne pense pas que suspendre le dialogue politique nous mènera à quoi que ce soit. Il y a des propositions de mesures symboliques mais il nous manque dans le débat un effort pour trouver une démarche commune. »
Le dialogue politique entre l’UE et Israël est encadré par l’accord d’association signé en 2000, qui vise à renforcer les relations bilatérales et le partenariat. Cet accord repose sur le respect des droits de l’homme et des principes démocratiques.
Pour être adoptée, la proposition du Haut représentant de l'Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité devait obtenir l’unanimité des 27 États membres, difficilement atteignable avec des pays comme la Tchéquie et la Hongrie qui soutiennent fermement Israël.
Toutefois, certains responsables européens estimaient que la simple discussion autour de cette proposition pourrait déjà envoyer un signal politique clair.
L’agence de presse allemande DPA note que cette initiative pourrait être la dernière de Josep Borrell avant la fin de son mandat entamé en 2019. Sa successeuse désignée, l’ancienne Première ministre estonienne Kaja Kallas, attend encore l’approbation du Parlement européen pour prendre ses fonctions dans le cadre de la nouvelle Commission européenne.
Interrogé sur la direction que pourrait prendre Kaja Kallas sur ce dossier, Jan Lipavský est resté prudent :
« Laissons-lui le temps de présenter son approche. Ce n’est pas une question simple. C’est l’un des sujets les plus clivants actuellement au sein de l’UE. »
Cette déclaration illustre les profondes divergences entre les États membres sur la question israélo-palestinienne, un enjeu qui, comme l’Ukraine, continue de tester l’unité et la cohérence de la politique étrangère de l’Union européenne.
Au cours du week-end, Jan Lipavský a dû sortir prématurément d’une conférence organisée dans la capitale britannique au University College London et interrompue par des manifestants pro-palestiniens criant notamment des slogans contre ce soutien de Prague à Israël en plus de « From the river to the see, Palestine will be free ».